Frères d’âme, de David Diop

Doux rêveur
2 min readOct 11, 2018

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Mainstream que je suis, j’adore les Goncourts. Et j’adore jouer à déceler les futurs lauréats dans les présélections du jury. Je me trompe presque toujours ou n’ai jamais l’opportunité de lire l’ensemble des présélections, mais parfois je tombe sur l’un de ces ouvrages dont les pages, souvent des premières, parfois des suivantes, crient : je suis un Goncourt.

Voilà ce que je me suis presque dit en lisant les premières pages de Frères d’âme, de David Diop.

Easy bet me direz-vous car il est de toutes les présélections, mais rien n’est jamais gagné. Ce n’est d’ailleurs qu’ensuite, vers la fin, que j’ai ressenti la chance que j’avais eue de lire ce livre.

Warning: mineurs spoils nécessaires pour échanger sur l’ouvrage

Une incantation! Mais oui c’est une incantation!

Cela m’apparaît maintenant, le livre commence sur une incantation. Ou du moins sur une répétition enivrante qui vous emmène.

Certains livres vous font ressentir par la suggestion, par leur forme et non pas en vous décrivant des états d’âmes. Certains livres vous plongent dans les personnages on ne sait trop comment par un jeu d’ombres et de lumières. Ce livre est de ceux-là.

Dans ces monceaux de chair pulvérisée sur les campagnes françaises pendant la première guerre, on trouve le corps d’un tirailleur sénégalais, frère d’âme du héros. Combattant que le capitaine Armand aime à donner à la guerre qu’il aime tant.

Voyage jusqu’au Sénégal et sa campagne, une campagne d’or que l’on sent bienheureuse et où l’amour peut régner. Mais où surtout les hommes peuvent être libres, libres de toute dépendance car autosubsistants. Respectueux d’une nature déifiée, ils vivent en paix. On sent alors le frisson dévastateur de ce monstre colonisateur venir au loin.

Ce monstre dont les tranchées apparaissent comme des artères abreuvées de sang par une France en perte d’humanité.

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