Jusqu’ici, tout va bien.

Arnaud Dupuis
6 min readSep 17, 2015

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Cela fait maintenant 3 semaines que les plus médisants se demandent si ce premier billet serait ou non le dernier. Brisons donc le doute à travers ces premières lignes et concentrons nous sur les événements marquants ayant eu lieu dans la province de Guangdong depuis la dernière pleine lune.

Peking University

L’Université de Peking est considérée comme la meilleure université de Chine, au coude à coude avec Tsinghua University pour certaines matières (Beno, ce passage est pour toi).
Les étudiants d’échanges ont été conviés à une cérémonie d’ouverture afin de célébrer avec leurs pairs chinois, la grandeur de leur Université d’accueil. Le message de bienvenu tenu par le “Dean” et les différents intervenants ne laisse pas de place au doute: “Certains étudiants ne trouvent même plus le temps de se doucher”, “la charge de travail est unique en Asie”, “3 personnes sur 10 000 postulants (chiffre véridique) sont admis dans cette université”.
Nous (les étudiants internationaux) nous lançons des regards fébriles les uns aux autres, encore dubitatifs de la véracité de ce qui nous est annoncé. Les cris retentissants des élèves locaux, clamant des slogans relatifs à leurs études, tous vêtus de leur uniforme militaire, témoignent d’une discipline de fer que nous avons du mal à égaler, tentant vainement de recracher en coeur les quelques mots qu’on nous a fait apprendre pour l’occasion: “J’aime Peking University, longue vie Peking University”.

Guest Star: Xavier, notre pote québecois (bien stric’ sur la gauche)

Par miracle, notre cri fait bonne impression et un tonnerre d’applaudissements surgit des rangs des élèves chinois. Calmement, nous assistons aux divers “témoignages” (ô combien honnêtes) des orateurs et à une vidéo promotionnelle de notre merveilleux campus réalisée par les élèves. On y voit des étudiants internationaux, des activités physiques en tous genres et des visites de laboratoires scientifiques. Le refrain de la chanson qui rythme ce grand moment de cinéma déconseille aux élèves de tricher même s’ils sont très fatigués et de bien payer leurs frais scolaires sinon ils auront des ennuis. Ne vous fiez pas à la traduction médiocre qui vous est proposée ici, en chinois c’est plutôt chantant comme passage.

Guangzhou

Malgré le rythme effréné qui nous est imposé par l’université, j’ai eu l’occasion de partir un long week-end à la découverte de Guangzhou, ou Canton comme l’appelle Lee, votre restaurateur asiatique préféré.

Guangzhou vue des montagnes

Guangzhou est une ville fascinante par son histoire et le rôle qu’elle a joué dans le développement de la Chine mais surtout par son immensité. Métropole de 20 millions d’habitants, Guangzhou est une ville où se mêlent gratte-ciels ultramodernes et temples bouddhistes traditionnels.

Petite page d’histoire donc: Il y a 70 ans, l’armée chinoise triomphait des armées impériales japonaises mettant fin au conflit le plus meurtrier du 20ème siècle. Certains médisants diront que c’est Hiroshima qui a sonné la fin de la seconde guerre mondiale mais de ce côté ci de la mer de Chine on est catégorique: c’est avant tout grâce aux chinois. En l’honneur des valeureux tombés au combat, Pékin organisait ce 4 septembre un imposant défilé, étalant les arguments de négociations les plus sophistiqués de la République Populaire à l’échelle internationale: Missiles DF-21D, bombardiers et autre officiers en uniformes ont coloré les rues et le ciel de Pékin pour le plus grand plaisir des foules. Afin de ne pas rater une miette de cette exposition de ce que notre monde moderne produit de plus exécrable , tous les cours étaient suspendus nous permettant de profiter, le temps d’un long week-end, de la richesse de Guangzhou.

Origine inconnue, ingrédients inconnus.

Beaucoup d’étudiants partirent donc à la découverte de la capitale de l’état mais peu d’entre eux eurent la chance de la visiter en compagnie d’un guide natif de cette ville fascinante.
Sam, notre guide Canadien-chinois, nous promena pendant 3 jours complets de temples en restaurants typiques, des ruelles désertées aux centres financiers parmi les plus importants de Chine.
Difficile de décrire cependant la visite d’une ville dont la population équivaut à deux fois celle de la Belgique: la foule est partout et tout le temps, tout s’achète et se vend à toute heure du jour ou de la nuit et le métro de 250km semble ne plus en finir lorsqu’il s’agit de traverser cette immense cité. Vue des montagnes, Guangzhou s’étend à perte de vue, et il n’y a pas une parcelle à l’horizon qui ne soit pas habitée/utilisée pour une quelconque exploitation industrielle. Les quartiers se distinguent par les nuages de pollution les surplombant, le niveau d’aisance des populations peut se voir du ciel tellement l’air est saturé d’impuretés par endroits.
Anecdote amusante de ce périple culturel d’un touriste moderne (et de surcroit, un peu con): Le meilleur point de vue qu’on puisse avoir des gratte-ciels illuminés de la ville se trouve sur le lit du fleuve qui traverse la ville.

D’imposants navires permettent aux visiteurs de découvrir ce panorama au cours d’une croisière d’une quarantaine de minute offrant “an amazing view of this stunning city”. Nous embarquons dans un des derniers esquifs prévus à l’horaire du jour, aux alentours de 22h20, appareils photos à la main prêts à immortaliser les jeux de lumière qu’on nous a tant vanté depuis notre départ de Shenzhen. De leur côté, fatigués par cette pollution lumineuse, les habitants du centre de Guangzhou ont réussi à instaurer un “couvre feu” à ces envahissants buildings et à 22h30 la ville s’éteint. Nous voilà embarqués pour une croisière de 45 minutes dans le noir total. Sur le moment, la déception se transforme rapidement en colère, pour enfin faire place à l’amusement. 70 yuans de perdus mais 10 années de blanc comblés lors d’ennuyeux soupers entre collègues, cette croisière valait définitivement la peine.
Trêve de bavardage, voici quelques clichés de ce belle bourgade:

Un des nombreux temples de Guangzhou
Première académie militaire chinoise, les patrons
Tourisme 2.0
Les contrastes de Guangzhou

Et l’école dans tout ça?

Nombreux sont ceux qui ont tendance à l’oublier, un Erasmus est avant tout une expérience académique destinée à faire vivre un style d’enseignement différent à des élèves appliqués, désireux d’apprendre et prêts à mordre à pleine dents ce que leur université d’accueil a à leur offrir.
Ne répondant pas du tout aux caractéristiques énoncées ci-dessus, j’ai eu un peu de mal à me faire au style d’enseignement prodigué à Peking University Business School. Habitué aux 12 semaines de congés précédant le blocus, quel ne fût pas mon étonnement lorsqu’on m’a demandé de me préparer pour venir à un cours et ce, plusieurs fois par semaine. Travaux de groupes et présentations rythment ce module académique plutôt intensif, à croire que le Dean n’avait pas menti. Revers sympathique de la médaille, les cours sont intéressants et offrent de réelles perspectives d’applications professionnelles et les lectures ont le don d’ouvrir les yeux sur un monde qui bouge et qui ne nous attendra apparemment pas. Peking University diffère en bien des points de l’UCL mais n’a certainement pas volé son titre de meilleure université de Chine, on y travaille mais on y apprend.

Restons en là pour ce billet, la suite arrive, normalement très bientôt mais là, je dois vous laisser, Hong Kong m’attend. En guise d’au revoir je vous laisse sur ce fameux proverbe chinois:

A bientôt!

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Arnaud Dupuis

Commercial Excellence Project Leader at Solvay, expat in Princeton NJ, travel addict, music lover, photography enthusiast!