Parallèle 5
10 min readMar 12, 2019

La collectivité territoriale de Guyane présente: PARALLELE 5, Rencontre culturelle internationale, Amazonie, Caraïbes Amériques.

Du 21 au 23 mars 2019 la Collectivité Territoriale de Guyane réunit des responsables du monde politique, universitaire et culturel, de l’Hexagone, des trois DFA (Guyane, Martinique, Guadeloupe), des pays du plateau des Guyanes (Surinam, Brésil, Guyana), et des îles de la grande Caraïbes (Saint-Domingue, Haïti, Cuba, Trinidad, Bahamas) pour réfléchir ensemble à un nouveau type d’échange culturel et de coopération.

Une délégation du Sénat sera présente, elle est conduite par Catherine Morin Desailly, présidente de la commission culture, éducation et communication et composée du vice-président le Sénateur Antoine Karam et de deux rapporteurs.

Egalement présent Jean-Bernard Nilam, Ambassadeur pour la coopération dans les Outre-mer.

Cette rencontre culturelle internationale, Amazonie, Caraïbes Amériques intitulée Parallèle 5 vise en rapprochant les cultures, les traditions, les spécialités, à valoriser les différences qui font la richesse de nos territoires et de leur environnement. Elle doit également permettre la mise en réseau de tous les acteurs de la culture de cette grande région.

La première journée de ce colloque sera consacrée aux droits culturels qui font partie intégrante des droits de l’homme et englobent la langue, le contenu culturel et artistique, le patrimoine culturel, les droits de propriété intellectuelle, les droits d’auteur, les droits des minorités ainsi que les droits et la participation culturels des Autochtones.

Au nombre des communications : Les droits culturels en question ; La reconnaissance des droits culturels, la loi au service de l’accessibilité universelle et de la diversité culturelle, les Droits Culturels Humains, un changement de paradigme pour les pratiques de l’art et de la culture, le droit de la préservation du patrimoine spirituel en Amérique du Sud à l’épreuve de la modernité, Les droits culturels, les attendre ou se les donner.

Ensuite « Coopérer et faire culture ensemble » constitue la thématique de la deuxième journée. A quels enjeux et défis est confrontée la coopération culturelle dans notre bassin Amazone-Caraïbe ? Arts de la scène d’Amazonie et de la Caraïbe : comment peut-on être de son temps ? Littératures pour un autre monde, Arts visuels, Imaginaires entre dérives et résistances, art, architecture, patrimoine et bien commun.

En matière de coopération culturelle, des prémices ont vu le jour avec le projet de « Musée d’Amazonie en réseau » (2010) et le festival Inter-Guyanes (2011/2013). Ces initiatives restent à consolider et la mise en réseau constitue un maillon essentiel de la réussite de cette entreprise.

Enfin en favorisant l’approche et la connaissance des uns et des autres, ces deux journées de réflexion de Parallèle 5 devraient définir les contours d’une nouvelle ère de la coopération et donner un nouveau souffle à nos relations avec les pays de la zone Amazone-Caraïbe.

Pour participer: https://goo.gl/forms/1yutg1lN3aH9JyUQ2

JOURNÉE 1 — Jeudi 21 mars / LES DROITS CULTURELS

“ Les droits culturels sont partie intégrante des droits de l’homme, qui sont universels, indissociables et interdépendants.”

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8h30–9h00 — cérémonie d’ouverture institutionnelle

9h00–10h30

  • Mme Catherine Morin Desailly (sénatrice) présidente de la commission de la culture de l’éducation et de la communication du Sénat: La reconnaissance des droits culturels : la loi au service de l’accessibilité universelle et de la diversité culturelle.

À l’initiative du Sénat, la notion de droits culturels a été inscrite dans la loi à deux reprises au cours des cinq dernières années : une première fois dans la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, qui a maintenu le principe de la compétence partagée en matière de culture entre les différents échelons de collectivités territoriales ; une seconde fois dans la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, qui a consacré la liberté de création et mis en place des mécanismes pour la garantir et la protéger. La reconnaissance législative des droits culturels ouvre une nouvelle ère dans les modalités de conception et d’élaboration des politiques culturelles. Il est fondamental que l’ensemble des acteurs publics s’empare du principe, à l’image du travail amorcé par la région Normandie, pour, d’une part, permettre à chacun d’exercer son droit à la culture comme à l’éducation et, d’autre part, garantir le droit des cultures.

Jean-Pierre Chrétien-Gonie , Maître de Conférences en anthropologie de l’art et de la culture : les Droits Culturels: un changement de paradigme pour les pratiques de l’art et de la culture.

Ces droits déploient de nouveaux horizons qui nous obligent à reconsidérer la et les culture(s) dans la vie de la cité. Le terme de paradigme indique qu’il s’agit, par la prise en compte des Droits Culturels, de déplacer l’ensemble de nos façons d’appréhender notre rapport « aux humanités » pour reprendre l’expression d’Edouard Glissant, de revisiter notre concept de « diversité » dans les espaces sociaux et de repositionner le rôle des artistes et des acteurs de la culture dans le champ socio-politique. On insistera particulièrement sur deux dimensions concrètes, à partir de nos expériences de terrain:

comment tenter de mettre effectivement en oeuvre ces Droits, et nécessairement par une réflexion collective inclusive, au coeur des pratiques culturelles en les articulant aux autres champs de l’existence des personnes (social, écologique, éducatif, etc…)

comment les acteurs de l’art et de la culture peuvent mobiliser un Droit « connexe » qui n’est pas nommé comme tel dans les droits culturels — et qui est également un droit des personnes — à savoir le Droit de créer, qu’il soit le fait des artistes eux-mêmes ou des personnes en général. Les droits culturels ne peuvent se limiter à un droit d’accès aux patrimoines (ce n’en est qu’une partie); nous défendrons l’idée qu’il existe de forts enjeux, au coeur même de la création, qui mobilisent la question des droits culturels. Ces enjeux peuvent être résumés en une dizaine de « controverses » qui permettent de mieux situer les enjeux évoqués et de saisir autrement les problématiques d’ensemble des droits culturels.

10H45–12H15

Pierre Yves Chicot, avocat, maître de conférence: “Le droit de la préservation du patrimoine spirituel en Amérique du Sud à l’épreuve de la modernité”. “Les tendances à la négation de l’autre ont donné lieu à l’ethnocentrisme et à l’occidentalocentrisme (Sophie Bessis) hérités d’un prétendu distinguo à opérer entre les civilisations et celles qui ne le seraient pas (article 38 du statut de la CPJI). Cette négation de la valeur de l’autre bien qu’ordonnée par la Charte de San Francisco en 1945 (article 2 : l’égalité souveraine entre les Etats) a eu pour principal effet l’assimilation à la culture de l’autre décrété supérieur, l’aliénation encourageant l’allogène à faire preuve de l’auto-flagellation, l’affirmation d’une spiritualité linéaire et unique qui ne pouvait dériver que de la cosmogonie chrétienne. Or l’homme procède d’une spiritualité ontologiquement universel. Ainsi peut-on établir des comparaisons entre la foi de Blaise Pascal et celle des chamans d’Amérique du sud. la révélation ou la re-découverte de cette réalité enjoint toutes les civilisations à se respecter entre elles, de se connaître, d’accéder aux richesses immatérielles des uns et des autres. Pareille attitude aura pour portée d’affirmer un droit à la préservation du patrimoine spirituel des sociétés traditionnelles à l’épreuve de la modernité”.

  • Jean-Paul Ferreira Maire de Awala-Yalimapo: “Les droits culturels, les attendre ou se les donner ?”

14h30–17h30

Atelier : animé par Jean-Pierre Chrétien-Goni : comment analyser un projet au prisme des droits culturels ? (sur inscription)

/ Les projets soutenus par le PAG au prisme des droits culturels

/ Les transamazoniennes, un projet fondateur analysé au prisme des droits culturels

/ Musées d’Amazonie en Réseau

JOURNÉE 2 — Vendredi 22 mars / COOPÉRER FAIRE CULTURE ENSEMBLE

Présentation des enjeux et des défis culturels auxquels est confrontée la coopération culturelle dans l’Amazonie, la Caraïbe et les Amériques contemporaines.

8h30–9h30

  • Jean-Bernard Nilam / Ambassadeur pour la coopération dans les outre-mer
  • Romain Cruse, géographe consultant et universitaire (UA, campus de Schoelcher)
  • Pedro Urena / Universitaire — Conseiller culturel ambassade de la Dominique à Cuba
  • Didier Béreau, vice président de l’Université de Guyane délégué à la coopération

9h30–10h30

Table ronde 1: Arts de la scène d’Amazonie et de la Caraïbe : comment peut-on être de son temps ?

Modération: Valérie Goma (directrice de compagnie théâtrale, metteur en scène).

Notre époque se caractérise de plus en plus par la redécouverte du corps dans tous ses états, en partie grâce aux progrès de l’hygiène et de la santé, de l’élargissement des droits humains en matière de genre, de sexualité et de fécondité, et puis à la remise en question radicale de l’ordre moral ancien. De ce fait, les atteintes physiques ou symboliques toujours tristement actuelles à l’endroit du corps (faim, maltraitance, torture, exploitation sexuelle, travail forcé, pornographie) sont à juste titre dénoncées. Paradoxalement, elles peuvent aussi être tolérées voire justifiées collectivement au gré des circonstances politiques. Les arts du spectacle, la danse et le théâtre de création en particulier sont depuis longtemps à l’avant-garde de l’exploration des effets de tous les -ismes sur les corps des hommes et des femmes de la Caraïbe et des Amériques. Leur quête de sens, leurs visions du monde sont souvent partagées, réinterprétées et mises en scène dans le cadre de collaborations artistiques régionales voire internationales. A ce titre, elles nous sont d’autant plus utiles qu’elles donnent à voir à nos publics des représentations identitaires contrastées, à l’image de nos nouvelles diversités, tout en favorisant une réappropriation personnelle et collective du corps et du langage. Une manière de reconstruire notre humanité pour mieux répondre aux problèmes du temps présent.

Intervenants: Norma Claire, chorégraphe, directrice des Rencontres des danses métisses de Cayenne (Guyane), directrice du Centre de développement chorégraphique de Guyane, Grégory Alexander, directeur de compagnie, comédien, Michaël Christophe, coordonnateur MusiConnect( Canada), Stéphanie Melyon-Reinette, chorégraphe (Guadeloupe).

10h30–11h30

Table ronde 2: Littératures pour un autre monde.

Modération: Tchisseka Lobelt, coordonnatrice Promolivres, Atila.

Les littératures caribéennes, malgré la disparition annoncée du livre et la fin de la lecture, sont en pleine renaissance, depuis une dizaine d’années. De nouveaux territoires et genres littéraires font l’objet d’une activité éditoriale de plus en plus dense et professionnelle (essai, édition d’art, littérature de jeunesse, policier, thriller, SF). Les écritures caribéennes sont à la fois ancrées dans des univers identitaires et nationaux mais savent déjouer les pièges du nationalisme pour embrasser pleinement les conflits et contradictions inhérentes aux nouvelles conditions humaines (mobilité, immigration, identités plurielles,…). Quelles sont ces nouvelles tendances littéraires ? Qu’en est-il du marché du livre caribéen à l’heure d’internet ? En quoi la coopération régionale peut-elle permettre aux auteurs et aux éditeurs de développer leur activité, aux œuvres de rencontrer leur public, et enfin d’évoluer vers une culture commune ?

Intervenants: Marina Salandy Brown, universitaire, fondatrice du festival de littérature “Bocas Lit Fest”, membre du British Council Arts.(Trinidad & Tobago), Philippe Bon, conseiller en industries culturelles et créatives, Byen piblik agence caribéenne de développement culturel(Haïti).

14h30–16h00

Table ronde 3 : Imaginaires entre dérives et résistances.

Modération: Marie-Sandrine Bacoul, réalisatrice.

C’est sans aucun doute par la diffusion massive de contenus télévisuels mainstream par tous les canaux et sur tous les écrans possibles, que les puissances politiques et économiques dominantes imposent aux nations et territoires de la Caraïbe leurs imaginaires et leurs visions du monde. Mais depuis les années 90, des résistances actives se font jour dans le champ du cinéma et de l’audiovisuel caribéen. Les pratiques professionnelles évoluent et se structurent collectivement notamment aux travers de nombreux échanges et partenariats intra-régionaux facilités par la constitution de fonds spécialisés et de commissions du film. Une économie de la création et de la diffusion du film se met en place et recherche activement son économie d’échelle qui, forcément dépasse les frontières territoriales de chaque pays caribéen. Quelles sont les enjeux en termes identitaires, sociaux et économiques ? Quels nouveaux regards sont ainsi proposés à nos sociétés ? Comment mieux appréhender les questions d’intérêt général liées à l’adaptation audiovisuelle d’oeuvres littéraires caribéennes, à l’accessibilité des contenus dans les langues nationales, aux aspects législatifs et réglementaires ?

Intervenants: Marc Barrat, président de l’association Guyane — Cinéma, Audiovisuel et Multimédia — G-CAM (Guyane), Frances Anne Solomon, caribbean tales (vidéo), Marielle Barrow Maignan Cultural and Creative Industries Innovative Fund Coordinator (vidéo conférence).

16h00–17h30

Table ronde 4: art, architecture, patrimoine et bien commun

Modération: Georges Rech, Conservateur général du patrimoine, directeur des archives territoriales de Guyane.

Fabriquer une culture commune dans la Caraïbe implique déjà d’aborder ensemble les problèmes concrets liés à la préservation, à la valorisation et à l’évolution souhaitable des lieux et espaces de vie du quotidien, et des représentations, attitudes et comportements qui leur sont attachés. Au-delà des nécessaires politiques patrimoniales, dans un contexte sociodémographique et de changement bioclimatique fortement marqué des évolutions sociétales et urbaines pour certaines bien identifiées comme la dégradation des ressources naturelles, le vieillissement des populations, le chômage endémique, l’émigration) et incertaines (effets des poussées migratoires, de la croissance des inégalités sociales, de la hausse des criminalités) il apparaît de plus en plus nécessaire de réexaminer les conditions de la citoyenneté et du vivre-ensemble. Que nous disent à ce propos décideurs, architectes et intervenants artistiques de la manière dont nous investissons nos espaces naturels, nos villes et nos campagnes? Comment réinventer de nouvelles formes de citoyenneté à partir de la recréation d’espaces publics plus cohérents avec les enjeux du développement durable ? En regard, quelles actions de coopération sont aujourd’hui à l’œuvre dans nos régions ? Comment faire plus et mieux pour favoriser les prises de conscience et s’inscrire dans de vraies dynamiques de changement ?

Intervenants : Allenby Augustin, animateur du Mouvman Nou pran lari a (Haïti) Michel Verrot, architecte urbaniste en chef, directeur adjoint des affaires culturelles de Guyane, Sophie Baillon, architecte DPLG, directrice du CAUE, Marie-Paule Jean-Louis, conservatrice en chef du patrimoine directrice du musée des cultures guyanaises et de musée d’Amazonie en réseau.