Le journal d’Henri — 20 mai 1940

Fabien Hénaut
2 min readOct 4, 2016

--

Réveil 2h30. Nous évacuons Montgon, l’ennemi avait encore bombardé le village et il fallait changer le PC, l’aile gauche du château était démolie et flambait. Nous partions à 800 mètres de là près de la ferme “Cassin” dans laquelle se trouverait le PC.

Arrivés sur nos positions, le lieutenant Genay donnait ses instructions à mon groupe et à moi même, lorsqu’il s’interrompit et me dit: “Qu’avez-vous à votre casque?” Je pris celui-ci en main, le rebord était traversé à deux doigts de la nuque, c’est alors que je me souvins du sifflement et de ma chute, je l’avais échappé belle, la mort m’avait frôlé de bien près!!

Journée sans histoires, quelques tirs de Minen et de 105. Seulement l’emplacement que nous occupions n’était guère merveilleux, il allait falloir dans la nuit aménager de nouveaux trous de FM.

Henri chez lui à Tourcoing avant le départ à la Guerre

A l’endroit où nous nous trouvions, nous étions trop aux vues de l’adversaire et à chaque fois que nous sortions la têtes de nos tranchées, les mitrailleuses ennemies tiraient sur nous. Quelle corvée, nous étions obligés de faire nos besoins dans notre trou, et cela était vraiment dégoutant en sus d’être bien incommode.

Le chef Carniaux qui alla ce soir là au ravitaillement revint avec des nouvelles fraiches, nouvelles mauvaises hélas, car elle nous apprenaient que des éléments motorisés ennemis s’étaient emparés d’Arras et St Quentin, et fonçaient en direction d’Amiens afin de couper l’armée du Nord.

Mon Dieu que je suis inquiet pour les miens!! Que se passe-t-il dans le Nord? Pourvu qu’ils ne leur arrivent rien, et Raymond (NdS : son frère) qui est à St Quentin. Hélas je suis sans nouvelles de tous depuis le 10 mai, sauf cependant de Père qui m’écrit de Royan, j’apprends ainsi que Simone, Suzanne et Odette sont là bas, en voici toujours trois à l’abri.

Mais c’est le sort de Nelly (NdS : sa femme) et Papa qui me donne le plus de soucis, surtout avec la position dans laquelle se trouve Nelly (NdS : elle est enceinte). Enfin, qu’y faire?! A la Grâce de Dieu!

Carniaux nous apprend aussi qu’Yver et Jousseaux de la section de commandement, malades tous deux furent évacués dans la journée. L’effectif de la compagnie commence à être assez malmené. Nous avons aussi récupéré D’Heilly qui fut ramené par un officier et deux hommes du 18ème RI. Il s’était enfui de peur lors du bombardement du 18, lui comme Hérault fera l’objet d’une plainte en conseil de guerre pour abandon de poste devant l’ennemi.

--

--