Lettre ouverte aux sceptiques : et si nous nous Trumpions ?

Faustine G
4 min readNov 9, 2016

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Photo de Srikanta H. U (unsplash)

(Oui, j’entame mon premier texte, ma première histoire courte, par un mauvais jeu de mot. Je préfère commencer sur un ton léger. C’est grâce à ces élections américaines, ce résultat qui créé tant de polémiques, que j’ai découvert Medium et, vous, les personnes qui gravitez dedans.)

Je ne sais pas en ce qui vous concerne, mais pour moi la journée a été forte en émotions: étonnement, peur(s), réactions des médias, des réseaux sociaux, de mes proches, m’écrivant leurs ressentis. L’élection de Donald Trump à la tête des USA a plongé le monde dans l’incertitude, en dehors du pays, nous nous regardons, les uns les autres, dans l’attente des prochaines décisions…

Toutefois, ce soir, j’aimerais partager ma confusion. À travers cet écran que j’ai scruté toute cette journée, je vais partager mes impressions, pour la première fois, sur internet. Je me sens perdue face à tous ses avis, toutes ses réactions. Je trouve du bon dans chacun, des arguments qui me semblent légitimes selon mes valeurs personnelles; mais de manière générale, je ne trouve pas un avis définitif, pas de paix intérieure sur le sujet.

Premièrement, à tous ceux qui semblent se considérer comme des lanceurs d’alerte, aux discours (trop) souvent culpabilisants, vous n’êtes ni les premiers et ni les seuls à remettre en cause des situations, des états de faits. C’est mondial, cela prend d’innombrables formes, c’est même intrinsèque à l’espèce humaine. C’est d’ailleurs indispensable de vous avoir avec nous, d’avoir toute les visions disponibles, mais face à des moments où le doute est collectif, les idées de fond comme “on vous avait prévenu, prenez-ça dans les dents” ne rendent pas vos appels à la mobilisation plus efficaces (c’est personnel, c’est mon point de vue).

“Lettre ouverte aux sceptiques: et si nous nous Trumpions?”

Nos systèmes démocratiques n’ont pas vocation à être parfaits, nous vivons dans un monde imparfait, nous le sommes, et par définition, la perfection est subjective et donc inuniverselle. Dans notre ère où la globalisation fait fonctionner presque le monde entier à l’unisson, chaque décision prise dans un pays affecte tous les autres. L’élection de Trump semble difficilement acceptable, même pour une grande partie de l’électorat américain. Aujourd’hui, nous semblons tous divisés. Les opinions divergent, dans les pays, entre les pays. C’est l’incompréhension, elle est générale. Elle est vive. Vive, au point parfois d’insulter des citoyens qui n’ont fait qu’exprimer leurs avis par la plus noble des manières, le vote. Les memes sur la fin du monde fleurissent, les recherches sur l’émigration aussi. Aujourd’hui, je me suis même surprise à me sentir déçue, trahie, par la démocratie. Après le Brexit, Trump. Pourtant, je respecte profondément le choix des électeurs de Trump, je refuse de remettre en cause leurs votes.

Et j’en arrive à mon point de rupture. Trump est homme en désaccord avec mes valeurs les plus profondes, à contrario, je respecte ce choix, cette élection. Je ne veux pas laisser mes peurs remettre en cause un droit fondamental à la démocratie.

Sans rentrer dans les détails, des échecs de la campagne d’Hillary Clinton, du résultat si seuls les millénials avaient voté, de la situation si les taux de participation étaient différents… Et si la réponse à cette contradiction était de ne pas la considérer comme telle?

Je m’explique. Cette situation est synonyme de problèmes, je pense qu’on peut la considérer comme une alerte. Le populisme n’a jamais été synonyme de progrès positifs dans l’Histoire. Ce sont des classes sociales qui s’expriment. Mais ce “choix horrible”, peut très bien par exemple, remettre en question nos systèmes politiques actuels sans remettre en question la démocratie. La division des américains est antérieure à cette élection qui n’en est que le produit. Et si, justement, l’ère Trump pouvait amener de bons changements? Face à un dirigeant différent des précédents, hors des systèmes politiques que l’on a connu ces dernières décennies, nos réactions vont être différentes. Quoi de mieux pour construire un pays que du débat? Que des personnes mobilisées? Trump a certes une emprise sur le système de gouvernance américain mais il sera surveillé par tout le pays, par toute la planète. Même s’il a gagné l’élection, ses marges de manœuvres restent limitées. Sûrement sera -t-il bloqué financièrement sur ses projets; mais également surveillé moralement. En effet, contrairement à une campagne présidentielle il devra rendre des comptes. Et la démocratie est construite avec des mesures protectionnistes, Trump n’a pas les pleins pouvoirs. Même au sein de son propre parti, nombreux sont ceux à déplorer ses programmes/idées fumeuses… Ces gens ont également un pouvoir, un rôle. Trump n’est pas investi d’un rôle de dictateur solo. Il sera -juste- président.

Alors oui, peut-être que c’est le premier jour de la fin du monde, ou peut-être que Trump sera un président génialissime. Peut-être que nous allons enfin changer pour un système qui rassemble plutôt que de -jusqu’à maintenant- nous diviser. Peut-être qu’un homme raciste, sexiste, très mal coiffé est la clé pour que nous faisions enfin l’effort de changer, nous-même autant que ce qui nous entoure. Ou pas du tout, finalement, personne n’a la réponse…

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