#1 — Les débuts de La Fabrique des Pieds

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COMMENT AS-TU EU L’IDÉE DE CRÉER LA FABRIQUE DES PIEDS ?

Au départ, mon envie était de créer une ligne de mobilier rénové. J’aimais beaucoup acheter des meubles en brocante pour les rénover et les repeindre et j’ai compris que je pourrais peut-être les vendre par la suite. Je me suis donc dit que j’allais m’appeler « La Fabrique des Weppes » en hommage à notre territoire, notre « région » même. Finalement, j’ai voulu me fabriquer une table basses peu de temps après avec un ancien casier d’imprimerie. J’ai donc souhaité lui mettre des pieds, mais je ne trouvais pas ce que je voulais dans les grandes enseignes de bricolage. On me proposait sans arrêt ce fameux tube en aluminium qui n’est vraiment pas très beau … J’ai surfé sur le net et je suis tombé sur un tableau Pinterest qui mettait en avant des tables basses avec des pieds en épingles aux États-Unis. J’ai adoré, mais comme ce n’était pas possible de me les faire livrer ici et qu’ils étaient introuvables en France, j’ai décidé de les construire moi-même. Finalement, ce n’était pas très difficile ! Il me suffisait de chauffer de l’acier, de le plier et de le souder à une platine. Je me suis retrouvé avec un résultat vraiment sympa, avec un joli pied épuré et minimaliste. J’étais vraiment content du résultat. De plus, j’étais sûr que ça allait devenir tendance ! On dit souvent que les grandes tendances viennent des États-Unis et ils avaient déjà cinq voire six ans d’avance sur ce retour de pieds. Je dis retour, car ce sont des pieds qui ont été créés dans les années 1950, donc pas du tout actuels mais relancés par les États-Unis à cette période. De base, je les ai donc fabriqués pour moi et pour moi seul.

A QUEL MOMENT AS-TU DÉCIDÉ DE VENDRE TES PIEDS ?

J’ai toujours eu ce côté très créatif et terre à terre. Je me suis rapidement dit que si ce pied pouvait m’être utile, il le serait forcément à d’autres personnes. Directement, je me suis dit que derrière, j’allais peut-être pouvoir créer un business autour de ça. J’ai donc commencé par les mettre en vente sur Leboncoin et puis petit à petit, ça a commencé à prendre. J’ai commencé à recevoir des personnes chez moi, souhaitant des pieds de tables dans un premier temps. Ensuite, j’ai connu Etsy, une plateforme de vente en ligne qui n’était pas très connue mais qui était quand même très bien référencée sur Google. Ce site m’a apporté beaucoup de visibilité. Quand on est un petit artisan comme moi et qu’on ne sait pas vraiment comment vendre ses produits, on est bien aidés malgré tout. Après, c’est sûr que ça n’a pas pris 10 jours pour exploser mais plutôt plusieurs mois.

QUEL A ÉTÉ LE PREMIER MODÈLE DE PIEDS QUE TU AS VENDU ?

J’ai commencé par vendre des pieds épingles. Ce qui est génial, c’est que je me suis directement dit qu’ils pouvaient être déclinables en différentes dimensions. J’ai donc créé des pieds de 15 centimètres, puis de 30, de 40 de 71, de 90 et de 110. C’est typiquement grâce à ces différentes dimensions que l’on peut se permettre de mettre des pieds un peu partout chez soi. On peut créer un meuble télé avec des pieds de 15 centimètres, un petit banc a l’entrée de la maison avec des pieds de 30, une table basse ou un tabouret avec des pieds de 40, un bureau ou une table à manger avec des pieds de 71, une console ou un îlot de cuisine avec des pieds de 90 et enfin, un table haute pour prendre le café ou le petit-déjeuner avec des pieds de 110. J’ai tout de suite vu le potentiel, surtout que ce n’était pas fort développé à ce moment-là.

A QUEL MOMENT AS-TU DÉCIDÉ DE QUITTER TON JOB POUR TE CONSACRER PLEINEMENT A LA FABRIQUE ?

C’est vrai qu’au départ, c’était un peu compliqué sachant que je continuais mon job de responsable d’un centre de formation en parallèle. La journée, j’étais au travail et le soir et le week-end, je fabriquais des pieds. J’ai tenu ce rythme pendant trois ou quatre mois, mais rapidement, c’est devenu ingérable. Je me suis posé plusieurs fois la question : « est-ce que je quitte mon job pour me lancer à temps plein dans La Fabrique ? » Parce que c’est vrai qu’entre vendre quelques pieds par-ci par-là et en faire ton activité principale et te rémunérer, il y a quand même un fossé. J’ai fini par prendre la décision de quitter mon job, après tout, il faut prendre des risques pour entreprendre. Dès la prise de cette décision, je me suis dit que si je voulais sérieusement lancer La Fabrique, il fallait que je me forme. Je n’avais vraiment pas envie d’avoir l’image du petit bricoleur du coin qui fabrique des pieds de meubles. J’avais envie de quelque chose de beaucoup plus sérieux que ça. J’ai donc commencé, dans la foulée, un CAP métallerie. Pendant cette formation d’un an, je continuais de m’occuper de La Fabrique, de la faire grandir. J’en ai profité pour développer les réseaux sociaux, le site internet et surtout, la gamme de produits que je proposais. J’étais obligé de gérer les deux en même temps, parce que si je ne m’occupais pas de La Fabrique pendant mon année de CAP, je n’aurais rien développé de plus que ce que je n’avais déjà et rien de tout cela n’aurait été utile pour faire grandir mon entreprise. Pour finir, cette année-là a été très intense, mais je ne regrette en rien les décisions que j’ai pu prendre. Elles font ce que je suis et surtout, ce que La Fabrique est aujourd’hui.

AS-TU RESSENTI RAPIDEMENT LE BESOIN D’EMBAUCHER QUELQU’UN ?

C’était une obligation pour moi. Dès la fin de mon CAP, j’ai compris que si je voulais que l’entreprise grandisse, il fallait que je prenne quelqu’un pour me renforcer en métallerie. Ce n’était pas évident puisque je commençais juste l’activité, je n’arrivais déjà pas à me rémunérer moi-même, mais je n’avais pas le choix. J’ai donc pris un métallier et pendant 6 mois, j’étais tout le temps avec lui à l’atelier, on fabriquait les pieds ensemble. Le soir, je m’occupais des réseaux sociaux, du site internet et de l’administratif. J’avais beaucoup d’ambitions pour La Fabrique et je savais que pour la faire grandir encore plus, il fallait que je quitte l’atelier pour la gérer davantage. J’ai donc pris un second métallier et je me suis occupé à temps plein de la gestion. Pour être honnête, c’était difficile parce que pour moi, quitter l’atelier, c’était comme abandonner mon bébé. Cependant, on dit toujours qu’un bon entrepreneur doit savoir déléguer et c’est ce que j’ai décidé de faire. Déléguer, déléguer, déléguer, c’est le seul moyen de développer et de grandir.

COMMENT S’EST PASSÉE LA PREMIÈRE ANNÉE DE LA FABRIQUE SELON TOI ?

Très honnêtement, quand on devient entrepreneur, on a plus vraiment la notion du temps. Je n’en avais aucune conscience. La seule chose que je sais, c’est que la première année, tu as l’énergie nécessaire pour développer ta marque et surtout tu n’es pas trop stressé vis-à-vis de l’avenir de ta boîte. Après ça, tu es vite rattrapé par l’administratif et les tracas du quotidien. Plus mon entreprise grossissait et moins j’étais serein. Néanmoins, je garde un très bon souvenir de cette première année.

SI TU DEVAIS DÉCRIRE LA FABRIQUE EN UN MOT, CE SERAIT LEQUEL ?

Je dirai « grand public » et je vais m’expliquer. Mon but ultime, c’est de démocratiser l’artisanat et de rendre le beau accessible à tous. Si tous mes produits sont destinés à une seule et unique classe sociale, ça ne m’intéresse absolument pas. Ce que je veux moi, c’est que tous les français puissent avoir accès à mes produits. L’étudiant qui vient de s’installer et qui galère à payer son loyer, je veux qu’il puisse se dire que c’est quand même possible. Donc, grand public.

AS-TU DES CONSEILS A DONNER AUX PERSONNES QUI AIMERAIENT SE LANCER DANS ENTREPRENEURIAT ?

Si j’ai un conseil à donner aux futurs entrepreneurs, c’est de se focaliser sur le client. Sans client, on ne créé aucun business. Le seul et unique objectif les premiers mois, c’est le client. C’est sûr que le produit aussi est important, mais si vous n’avez personne pour l’acheter, c’est inutile. A trop se focaliser sur la recherche et le développement du produit, on s’essouffle et on s’épuise avant même que le produit ait du succès. Donc, le client, le client, le client !

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Florent Demars • La Fabrique des Pieds
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La Fabrique des Pieds est un jeune atelier 100% Made in France de fabrication de pieds pour différents types de meubles.