Qu’est ce que la classe contributive ?

Franck Bodin
Digital Praxis
Published in
3 min readJul 3, 2018

La classe contributive consiste à faire de l’espace du cours un mini laboratoire d’humanités numériques. Elle repose sur l’apprentissage par la pratique et la recherche en milieu numérique. Elle s’appuie autant sur le développement des habilités numériques que sur la participation des élèves et des enseignants à l’enrichissement des bien communs de la connaissance par l’annotation, le commentaire, l’augmentation, la publication.

La Classe Contributive prend racine dans le foisonnement de réflexions autour de la forme scolaire à l’heure du numérique. Elle se situe à l’articulation des pédagogies actives, des compétences du 21ème siècle, des humanités numériques et des biens communs de la connaissance.

La classe contributive est un environnement intellectuel garanti par le cadre des programmes, la compétence des enseignants, les technologies numériques et les ressources ouvertes. C’est un environnement physique — la salle de classe au sein d’un établissement qui lui même s’inscrit dans un contexte local — et numérique — envisagé comme milieu de travail -.

Cet écosystème poreux permet la circulation des savoirs, leur appropriation et leur transformation par des élèves tour à tour chercheurs, commentateurs et auteurs. Cette démarche active associant les élèves et leurs enseignants dans un même effort permet la construction des savoirs et des savoirs-faire inscrits aux programmes.

Dans la classe contributive l’élève est producteur des savoirs qu’il construit pour lui et pour les autres, avec les autres. En ce sens, les apprentissages réalisés collectivement au sein de la classe contributive sur des modalités collaborative et/ou de co-design, ont un impact sur l’environnement physique et/ou numérique extérieur. En effet les contributions proposées viennent enrichir par le commentaire, la reformulation, l’augmentation des éléments déjà présents sur la place publique.

Dans la classe contributive, l’élève participe activement à l’entretien, à l’enrichissement et à la publication d’éléments de connaissances envisagés comme bien commun et garantis autant par les licences permettant la continuité du travail intellectuel que par les règles qui gouvernent la vie de ces gisements.

Sketchnote réalisée par Marine Bantignies https://twitter.com/marinebtgs?lang=fr

Ces savoirs construits en classe, sur le modèle de la science ouverte, constituent autant d’éléments potentiels de débats, de réutilisation, de réactualisation. Cette démarche relève d’une construction collective facilitée par le numérique. C’est une occasion pour les élèves et leurs enseignants de participer positivement au mouvement de disruption provoqué par “le tsunami numérique”. Le contributeur se construit ici en citoyen, en honnête homme, par un mouvement de transindividuation, c’est à dire de réalisation de soi par la participation à une oeuvre qui dépasse sa seule dimension individuelle. Ce travail suppose donc la compréhension, le respect et la participation à des règles communes qui sont celles définies par la classe et la communauté en charge des communs travaillés.

Cette approche pédagogique déjà à l’oeuvre dans des dispositifs comme i-voix, EMC partageons, les datasprints pédagogiques, le wiki-concours… a également pour particularité de rompre avec l’approche en silo des apprentissages. La principale difficulté consiste donc à faire converger les progressions des programmes pour créer les conditions propices à l’interdisciplinarité. Les enseignants qui se lancent aujourd’hui pour construire des scénarios de classe contributive, s’organisent collectivement au sein des EPLE.

Dans la classe contributive, au delà des compétences relevant des littératies numériques (lire, écrire, créer, débattre à travers les environnements numériques), l’élève construit également des compétences douces. Le travail en milieu numérique nécessite qu’élèves et enseignants puissent coopérer. Les compétences relationnelles sont ici primordiales mais elles ne sont pas les seules à être convoquées par cette approche. Les habiletés à communiquer, la créativité, l’exercice d’une pensée critique, la capacité à résoudre des problèmes, à développer des produits de qualité et la capacité à produire/publier deviennent incontournables.

L’enseignant praticien des classes contributives maîtrise déjà les habiletés numériques. Toutefois le numérique est intégré au cours comme technologie de recherche, de communication, de lecture, d’écriture, d’échange. Il n’est pas utilisé par le professeur comme élément de substitution dans une approche transmissive, mais bien pour ce qu’il permet en propre. Cette approche invite à construire collectivement des scénari pédagogiques intégrant le numérique comme environnement de travail global pour proposer une approche interdisciplinaire. L’enseignant est alors conduit à interroger jusqu’à l’espace temporel et physique de la classe. Dans la classe contributive l’aménagement de la salle, l’intégration des technologies sont au service de la démarche. La classe contributive est souvent un environnement hybride associant technologies numériques et dispositifs analogiques utilisés dans le dispositif de co-design, de la classe mutuelle.

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