#NumQc (ceci n’est pas qu’un hashtag)
Alors aujourd’hui nous avons eu une “Rencontre de consultation publique sur les politiques numériques au Québec” (invitation évènement, document collaboratif initial).
J’ai choisi un mot-clic: #NumQc pour avoir une manière simple (et courte) de référencer toutes les conversations, échanges, publications et interventions. Ça aurait dû peut-être être #PolNumQc parce que ça se voulait résolument orienté vers l’action politique publique. Ou #PlanQc parce qu’on l’utilise depuis des années.
Le fait que je commence par une diatribe sur un hashtag est certainement une indication claire du défi que les “gens du numérique” ont devant eux, un défi de clarté, de représentation, d’éducation, d’accompagnement, de simplification et de vulgarisation.
Je n’ai pas caché qu’un des buts premiers de cette rencontre était de complémenter, suppléer, augmenter, le processus de consultation du groupe de travail en économie numérique du ministère de l’économie et de l’innovation du Québec. Il manquait quelques éléments essentiels, selon moi, à cet exercice.
Objectifs: élargir le débat (pas juste l’économie), inviter les acteurs du numérique (mon réseau), démontrer avec peu/pas de moyens comment on peut faire beaucoup avec le numérique, webdiffusion, collaboration, suivi (voir notes ci-bas) et rassembler les forces vives (avec 50 personnes sur place, 25 en ligne et possiblement le double qui n’ont pas pu participer).
Les points forts
Ce genre d’exercice, c’est toujours un peu comme sauter dans le vide sans savoir si la corde de bungee est fiable, si on a un parachute dans le dos ou si on va s’écraser en bas de la falaise. C’est risqué par défaut.
C’est probablement pour ça que c’est difficile pour une organisation qui n’en a pas la culture. Mais pour moi, pour nous, c’était tout naturel. On a 10–15 années d’expérience de webcamp, de gouvcamp, d’inconférence, d’étonnement, de wiki, de blogue et de conversation en réseau.
Ce qui ne veut pas dire que c’est facile. Mais la quantité, la qualité, la diversité des intérêts, des milieux (même si), l’expérience et la force de nos réseaux respectifs, c’est vraiment impressionnant. Nommer cette coalition, cette alliance, cette intersection est un défi. Mais il est indéniable que les individus présents et les réseaux qu’ils/elles représentent (potentiellement) sont plus que la somme de nos interventions aujourd’hui.
Certain.es ont suggéré de passer des 13 étonné.es au 50 engagé.es (je sais, c’est lourd cette manière d’écrire au masculin/féminin, faut régler ça aussi).
D’autres ont suggéré qu’après les rapports d’idées, c’est un rapport de force qu’il faut établir. Il a été suggéré de mieux définir les résultats, les objectifs du numérique plutôt que d’en discourir les vertus. Ça me semble évident.
C’est aussi pourquoi cette idée d’un plan doit être remplacée par celle de responsables du numérique. De ministre, de ministère. De politiques. De règlementation, plus que de recommandations. De redevabilité non-partisane, à l’assemblée nationale. De nationalisation peut-être. De conseil permanent du numérique. D’ouverture et de collaboration avec ceux qui sont soit tombés dedans quand ils étaient petits ou qui l’ont apprivoisé avec les années.
Dans cette salle aujourd’hui, et sur le réseau, quelque chose comme un grand mouvement, un désir très clair, une urgence qui transcende l’étiquette “numérique”, un appel à un futur qui est le présent, un Québec meilleur, dans un monde plus connecté que jamais, un besoin de mettre l’épaule à la roue et de dire: il ne faut pas manquer le train qui quitte la gare. De manifester qu’on peut, qu’on est là, qu’on doit, qu’on sait faire, qu’on doit apprendre à savoir dire, qu’on manoeuvre une oeuvre plus tangible, beaucoup plus, que ce qui est perçu.
En même temps, tellement d’interventions, de diversions, d’insatisfactions. À l’oeil, on dirait de la discorde. À l’oreille, on ne peut pas percevoir une seule voix qui s’exprime clairement. Il en est ainsi du réseau, la multitude ne s’accorde pas si aisément…
Les défis
Je résume, parce que c’est beaucoup de travail devant nous, mais ça peut se faire vite. Il faut se représenter mieux. Il faut se donner une voix. Une voix qui sera un choeur, de voix multiples, mais une direction, des intentions, des principes, des éléments de base communs. J’ai mentionné à la blague qu’on était pas pour mettre en place un “parti pirate” comme il s’est fait ailleurs. Ce n’est pas parce qu’on ne rit pas que ce n’est pas sérieux.
Il faut faire émerger quelques principes fondamentaux. Quand on dit “numérique”, quelles sont les promesses, les espoirs qu’on évoque? Il faut concrétiser, définir, expliquer, simplifier. Pourquoi l’accès au réseau est-il si important? Qu’est-ce qu’on perd sans l’accès? Si l’éducation, le travail, la participation citoyenne, la démocratie, passent par le réseau, quel est le coût social de s’en priver?
Consensus?
Je ne m’attendais pas à un consensus absolu, mais quelques idées/initiatives sont clairement au dessus de la mêlée…
Le besoin de consultation (assises) publiques, sur le réseau et dans l’espace public. Il est inconcevable en 2015 que l’effort convenable pour un gouvernement soit une série de rencontres privées et d’un formulaire internet. La démocratie ouverte et les bonnes pratiques communes sont de rendre disponible au fur et à mesure, et en public sur le réseau, la progression. C’est plus difficile mais c’est mieux. Si ce n’est pas clair pourquoi, faut en discuter ensemble. C’est un des mandats de l’IGN depuis plus d’un an. Faut que ça arrive bientôt.
Il est impératif d’avoir un porteur de ballon. C’est une position inconfortable, mais à l’ère de la société en réseau, on ne peut pas publier sur internet et ne pas avoir personne qui est disponible pour répondre en temps (plus ou moins) réel. C’est un fait établi, de nombreux exemples existent, au privé comme au public. Donc au gouvernement, c’est qui? Ce n’est pas impossible, au contraire, voir l’exemple de la France.
Il faut agir maintenant ET penser à long terme. Dans les derniers mois, il m’a semblé que “on est en retard” est le nouveau “on est né pour un petit pain”… Comme si le fait d’être en retard, de commencer après, c’était une capitulation par défaut, impossible de se rattraper. En même temps, ne pas passer par toutes les étapes permet de “sauter par dessus” et d’aller plus vite. Pensez-y (biiiip)!
La suite
Alors, si aujourd’hui n’a pas été un paratonnerre, c’est quoi la suite?
La suite, c’est d’impliquer toute la société civile, le milieu politique et les médias dans le processus. Il y a une étape intérimaire. On va s’organiser sur internet, en mode asynchrone, en multitude, pour quelques semaines. On va revenir avec des propositions très concrètes. On ne va pas tolérer de langue de bois, de mollesse ou d’évitement. On va se donner un date pour bientôt.
Nous savons que si c’est important, la suite sera annoncée publiquement, officiellement, avec des individus qui vont mettre leur réputation politique sur la ligne, avec des budgets conséquents, avec un suivi diligent et une urgence doublée d’une réflexion en profondeur. Nous ne sommes pas dupes. Le pouvoir des réseaux est notre espoir et notre réflexe. Nous sommes peu mais nous sommes légion.
Nous allons marteler, énoncer, dénoncer, définir, devenir.
L’avenir du Québec est trop important pour qu’on se taise.
Le présent du Québec est trop important, il faut agir.
Nous sommes convaincus, depuis longtemps, du pouvoir des réseaux.
On va s’en servir pour s’assurer qu’on va, tous ensemble, dans la bonne direction.
J’ai hâte de tous vous lire sur le réseau, vos impressions, commentaires, relais, sommaires, récapitulations. Ça va être un beau chaos. Une diversité riche et enrichissante. Ensemble de toutes nos voix.
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