De quoi meurent les migrants ?

Gaétane Poissonnier
4 min readJan 24, 2019

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30 000 migrants sont morts dans le monde entre 2014 et 2018, selon l’OIM, l’Organisation internationale pour les migrations. Si en Méditerranée, les décès sont principalement liés aux noyades, ailleurs, les causes des disparitions sont multiples : faim, accidents, violences… L’OIM met à disposition une vaste base de données qui permet de répertorier les causes des décès, ainsi que les coordonnées géographiques du lieu.

Selon un rapport de l’OIM,ces chiffres des décès sont « probablement largement sous-estimés ». De nombreux cas ne sont effet pas portés à la connaissance des organisations, autorités locales ou médias, si bien que l’agence Associated Press estime plutôt à 56 800 les migrants morts ou disparus dans le monde depuis 2014.

Avec 19 520 morts en mer, la noyade est la principale cause de décès. Ce chiffre, qui concerne principalement la traversée de la mer Méditerranée dans des embarcations de fortune, inclut les naufragés du large de l’Italie, de la Tunisie ou au large de la Libye dont les corps n’ont jamais été retrouvés.

Des noyades apparaissent dans d’autres régions, comme aux abords du Rio Grande à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, dans le Golfe d’Aden en Aden en Afrique ou encore en Asie du Sud-Est.

Les chiffres de l’OIM révèlent également que 3 750 migrants sont décédés pour des raisons de santé. La faim, la déshydratation, le manque d’accès aux soins, l’impossibilité de trouver refuge dans des météos parfois difficiles, l’épuisement généralisé sont des causes de mort souvent cumulées. Les migrants qui traversent la Corne de l’Afrique, une région fortement touchée par les conflits et le terrorisme, décèdent tout particulièrement suite à ces problèmes de santé.

Les accidents, qui ont généralement lieu dans des trains ou véhicules de fortune, représentent plus de 1 600 décès en quatre ans. Les régions au sud du Mexique, Veracruz ou Puebla, concentrent de nombreux accidents liés aux transports, parmi lesquels des chutes de trains.

Les homicides (783 décès), les violences physiques (396 décès, qui impliquent parfois des violences sexuelles) ou des conditions climatiques difficiles (219 décès) sont autant de causes qui fauchent la vie des migrants.

D’autres causes de mortalités, plus rares, peuvent être relevées dans les données de l’IOM. Notons, par exemple, quelques suicides et explosions de mines antipersonnelles. Résultat : une catégorie « autres causes », rassemblant plus de mille morts.

Il est souvent difficile d’identifier la cause du décès lorsque les corps sont trop abîmés ou qu’aucune autopsie ne peut être menée. La catégorie « inconnue », troisième catégorie la plus importante de notre classification, représente ces cas-là. De nombreuses morts aux causes inconnues sont notamment recensés aux abords de la frontière américano-mexicaine, dans la région de Tamaulipas.

Méthodologie

L’Organisation internationale pour les Migrations, instance rattachée à l’ONU, a établi le décompte de 30 541 migrants décédés ou disparus depuis 2014 sur l’ensemble du globe. Les trois zones les plus touchées sont la Méditerranée, l’Afrique du Nord, et l’Asie du Sud-Est.

Les données proviennent des sources diverses : des autorités telles que les polices aux frontières ou les consulats, des institutions telles que l’UNHCR, ou encore d’organes de presse ayant recensé des catastrophes. Ces sources ont été collectées par le Missing Migrants Project de l’OIM, qui a pour but de fournir des données « d’ensemble » précises sur les décès de migrants. Les chiffres de l’OIM sont accompagnés, dans la mesure du possible, des circonstances précises du décès répertorié.

Au vu des difficultés à collecter des chiffres sur le décès des migrants, dont les corps ne sont parfois jamais retrouvés ou autopsiés, les chiffres de l’OIM représentent la base de la données la plus fiable et précise qui existe à ce jour.

Clara Lalanne, Gaétane Poissonnier et Justine Rodier

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