“Mais qu’allais-je faire dans cette galère ?”

Guillaume Gibault
5 min readMar 14, 2016

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L’usine Moulin Neuf Textiles en Dordogne

Tout a commencé avec un 1er job chez General Electric… Qui aurait crû que j’allais me lancer dans le slip ? Pas moi, en tout cas !

On me pose souvent la question de comment je me suis retrouvé embarqué dans cette affaire de Slip. Je comprends que ça intrigue, rien de tout cela n’était vraiment prévu !

Je suis sorti d’école de commerce en juin 2009 et comme la grande majorité de mes potes, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire de ma vie. Vaguement inquiet par la perspective de plonger dans le grand bain de la vie active, je passe une tête au forum carrière de mon école et dépose quelques CVs…

Direction : La Défense

Sans l’avoir vraiment voulu — je me retrouve embauché dans le graduate programme de General Electric, l’une des plus grosses boîtes du monde. Le 20 août 2009, me voilà à enfiler mon plus beau costume pour grimper tant bien que mal dans le RER A, direction La Défense, en contrôle de gestion.

Une fois arrivé dans ma tour, il me faut 5 minutes seulement pour comprendre que je me suis totalement planté. Je viens d’avoir 24 ans et pour la première fois, je me mets à réfléchir à ce que je veux faire de ma vie. Perdu chez GE, je me dis qu’une expérience en startup ou dans une petite boite pourrait davantage me plaire…

Un colosse de 2 mètres, un chef, un vrai

J’épluche les offres de jobs et envoie un CV chez Michel et Augustin et quelques autres startups, dont Bio c’ Bon, jeune chaîne de supermarché bio qui ouvre alors son troisième magasin. Alors qu’elle ne propose qu’un stage, j’envoie mon CV.
Une semaine plus tard, le téléphone sonne. Le patron de Bio c’ Bon veut me voir. Cette rencontre va changer ma vie…

Le patron en question est un colosse de 2 mètres, un chef, un vrai. Un commandeur : “Tu te fais chier ? T’as pas l’air trop con, et t’as l’air plutôt sympa. Je t’embauche. Je te paye la même chose que chez GE, tu commences dans 10 jours”

J’attends sagement un contrat par email mais à quoi bon, il m’a serré la main, regardé droit dans les yeux et m’a dit “c’est bon”. Je démissionne et le rejoins fin octobre 2009.

Le truc vraiment essentiel ? Le bon sens

S’ensuivent 18 mois chez Bio c’ Bon, une formidable aventure entrepreneuriale. Nous ouvrons 5 magasins, recrutons 40 personnes. Je fais mes premières armes. J’apprends le métier, je me trompe, j’écoute, et j’intègre la seule chose qui soit véritablement essentielle pour avancer. Le bon sens.

Je m’éclate. Je comprends peu à peu que j’ai trouvé ma voie. L’entreprenariat : être mon propre boss, créer, imaginer, décider, faire sortir de terre et fédérer. Mais je sens bien que ce projet ne sera jamais le mien. Je n’ai plus qu’une idée en tête. Me jeter dans le vide, à mon tour.

Mon arrière grand-père Léon Flam

Mais bien sûr, comme à beaucoup d’autres, il me manque la fameuse “bonne” idée. Elle arrive en octobre 2010 quand mon oncle déterre de cartons d’un vieux garage de famille des photos de mon arrière grand-père Léon Flam. En 1924, il avait sa boutique de maroquinerie rue Saint Martin et parmi ses fidèles clients, les pilotes de l’Aéropostale…. Une histoire fabuleuse !

Avec mon associé Louis, lui aussi chez Bio c’ Bon, nous décidons de faire revivre la marque Léon Flam, qui avait cessé d’exister en 1932, de repartir de zéro de construire le prochain Louis Vuitton… Sans complexe — ou totalement inconscient au choix — l’avenir nous le dira !

La peur au ventre, je quitte donc Bio c Bon en décembre 2010 et me lance dans un tour de France des ateliers de maroquinerie pour redonner vie à une marque oubliée, persuadé que le savoir-faire de nos artisans mêlé à l’histoire magique de l’Aéropostale, fabuleux héritage français, nous emmèneront très loin.

Une bonne blague de comptoir

En bon entrepreneur, je raconte donc mon histoire à qui veut l’entendre, ventant l’artisanat, Jean Mermoz et la marque France à tout bout de champ.

Un samedi soir alors que j’essaye de “vendre” cette belle histoire à des amis dans un bar, l’un d’eux — depuis toujours fan du mot slip, comme un gimmick (ça ne s’explique pas !) — me lance le plus naturellement du monde :
- “c’est sympa ton histoire mais ça peut pas marcher — par exemple avec un Slip, c’est tout simplement impossible, made in France ou pas”
- “Bien sûr que si ! Je suis sûr que si je fais le Slip Français, ça peut marcher !”

Bonne blague de comptoir pour les 6 personnes autour de la table. Je passe la nuit dessus, les yeux grands ouverts. Le lendemain matin, conclusion :
- “Finalement, elle me plait cette histoire de slip”

“Bonjour Monsieur, je voudrais faire le Slip Français”

Je tape “sous-vêtements made in France” dans Google et tombe sur le site de Moulin Neuf Textiles, atelier de fabrication de sous-vêtements en Dordogne. Quelques semaines plus tard, je pousse la porte de l’atelier et découvre, dans son jus, 60 ans de savoir-faire français dans le slip. Une pépite posée sur les bords de la Drôme.
- “Bonjour Monsieur, je voudrais faire le Slip Français”

Six mois plus tard, le 15 sept 2011, je remonte d’Angoulême à Paris, dans le coffre d’une voiture de location, les 600 précieux premiers Slips Français, que je mets aussitôt à vendre sur le site leslipfrancais.fr, bricolé pendant l’été sur PrestaShop.

Quelques mois avant la campagne présidentielle de 2012 et le battage médiatique autour du made in France, le Slip Français, fruit de joyeux hasards, voit le jour.
- « Vous voulez changer le monde ? commencez par changer de Slip ! »

Au pire j’aurais des slips pour toute ma vie !

>> La suite au prochain épisode ;)

Retrouvez mes chroniques ici, venez faire un tour chez Le Slip Français ici et suivez moi sur Twitter, Instagram et Snapchat @ggibault pour suivre toutes les coulisses de cette belle aventure.

A très vite et vive le Slip !

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Guillaume Gibault

Happy Frenchy 🇫🇷. Président du Slip @leslipfrancais. Instagram / Snapchat : @ggibault www.leslipfrancais.fr