Covid19 : le retour au corps

Guillaume LE ROUX MARTINAUD
6 min readApr 23, 2020

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Et si le plus gros changement que nous apportait cette crise sanitaire était une transformation du rapport au corps, une mutation de sa place dans notre société et avec elle une revalorisation des métiers physiques.

Si cet article vous intéresse mais que vous n’avez pas le temps de le lire, n’hésitez pas à l’écouter. Le liens est en bas de page.

Pourquoi un retour au corps ?

Une grande partie de la population se met à écouter son corps depuis le début du confinement.

Le corps devient un nouveau champ d’apprentissage mais aussi un nouvel espace d’anxiété. Parce que beaucoup d’entre nous n’utilisent leur corps que pour se déplacer dans leur quotidien (Programme B). L’absence de déplacement lié au confinement remet en jeu la place du corps dans le quotidien. La situation nous oblige à faire attention autrement à notre corps.

La dichotomie qui s’est installée entre le corps et l’esprit depuis des décennies trouve sa limite dans l’anxiété générée par les symptômes du Covid-19.

Depuis le début de la pandémie, les symptômes (de la toux à la perte de goût) comme les profils à risque (des anciens aux jeunes biens portants) évoluent. Toutes les semaines la complexité grandit et l’incertitude augmente. Chacun se pose la question : suis-je ou vais-je être malade, mon corps va-t-il tenir ? Chacun espère avoir attrapé ce virus, en ayant été asymptomatique, pour être immunisé.

Chacun se sent comme une proie potentielle du virus. Et beaucoup cherchent ce qui pourrait être un signe annonciateur d’un symptôme de Covid-19. Sauf que beaucoup d’entre nous découvrent leur corps : ils ne savent ni comment l’écouter, ni comment interpréter ses signes.

Comment va se faire le retour au corps dans notre société ?

Pour ceux qui se lancent dans cette nouvelle aventure : l’objectif est de reprendre contact avec ce tas de viande et d’os qui sert de support à notre esprit. Comment mieux le comprendre, y faire attention et être, en définitive, plus serein.

Pas de recette miracle, rien que des notions éprouvées depuis longtemps.

Nous devons faire en sorte que notre esprit écoute notre corps et que notre corps remonte les bonnes informations à notre esprit. Et ce afin de mieux détecter ce qui nous arrivera quand un changement se produira.

Pour remettre en relation corps et esprit il y a deux évidences : l’activité physique et la nourriture : mieux bouger et mieux manger. Ce message est martelé depuis quelques années pour prévenir le surpoids et l’obésité, facteur de risque majeur face au Covid-19.

Préparer ses repas, faire attention aux apports nutritionnels, comme faire du sport, tout cela nécessite de penser, d’utiliser son esprit au profit de son corps et donc de créer une relation corps-esprits. L’avantage de ces deux actions est qu’elles ne nécessitent que peu de moyens : il s’agit essentiellement de trouver du temps et de changer nos habitudes de vie. Parce que oui, faire à manger est plus long que de faire réchauffer un plat cuisiné et une séance d’activité physique dure entre 45 et 1h30 dès lors que l’on compte les temps de change et de douche (sport, jardinage, etc.).

Espérons que mieux manger et bouger davantage se transformeront en mantra pour tous ceux qui voudront donner une place plus importante à leur corps dans leur quotidien. Mais il manque une dimension : il faut s’écouter.

Pour remettre en relation corps et esprit, il faut aussi que notre esprit soit au présent. Il faut s’écouter. Le corps vit toujours au présent alors que l’esprit n’y est que rarement. Notre esprit est la plupart du temps dans le futur (des actions à faire dans les heures qui viennent), souvent dans le passé (souvenirs) et très très souvent ailleurs (réseaux sociaux).

Ramener l’esprit au présent, au contact du corps, permet d’améliorer l’écoute du corps, de construire une relation stable entre les deux. Pour aller plus loin que la nourriture et l’activité physique, la méditation (sorte de fitness de l’esprit) est un bon outil pour créer une relation corps-esprit et redonner une place plus importante à son corps. Personnellement, je trouve que courir (sans musique et seul) me permet de rapprocher mon corps et mon esprit autant que la méditation. Il y a plein de moyens de “méditer”.

S’il y a une ambition collective autour de ces trois axes que sont l’activité physique, la nutrition et l’instant présent, alors le corps trouvera une nouvelle place dans la vie de chacun. La place du corps dans notre quotidien pourrait grandir. S’accorder plus de temps pour soi sera l’une des conséquences positives à cette période de confinement.

Une nouvelle place pour le corps dans le milieu professionnel ?

Il serait intéressant que les employeurs puissent accompagner le mouvement. Il faudra trouver des aménagements, sans standardiser, pour que chacun puisse mêler son corps comme outil de travail et comme support de notre vie quotidienne.

Si la vision que nous avons de notre propre corps change alors conséquemment la vision que nous avons du corps des autres va évoluer. Dans le monde professionnel cela veut dire que nous aurons une vision différente de ceux qui travaillent avec leur corps.

Si le corps prend une place particulière dans nos maisons, notre quotidien, et par extension notre société, alors c’est notre rapport collectif au corps qui va changer. Le monde professionnel ne pourra pas y échapper.

Les métiers les plus physiques : les métiers que nous avons redécouverts comme essentiels durant la crise pourraient être plus valorisés (socialement et économiquement) après cette crise. La place des livreurs-euses, agents-es d’entretien, éboueurs-euses, infirmiers-ères, préparateurs-trices de commandes, dokers-euses, etc. pourrait changer. Et toutes ces femmes et ces hommes pourraient être davantage visibles, parce que leurs métiers seraient mieux acceptés de tous.

On peut espérer que les entreprises accompagneront le mouvement — même s’il est impossible de présager des conditions. Les kilomètres à vélo ont fait la une il y a quelques temps. Les entreprises bougent sous la pression populaire pour minimiser leurs impacts environnementaux. Celles de l’agroalimentaire se voient poser plus de contraintes par la consommation des ménages. Les entreprises à missions sont de plus en plus nombreuses.

Chaque entreprise comprendra que la bonne santé de ses salariés est un enjeu majeur de leur stabilité. La productivité, la présence, l’engagement au sein du collectif entreprise dépend (en premier lieu, mais non uniquement) de la bonne santé des équipes. On peut alors légitiment espérer que la place du corps continue d’évoluer au sein des entreprises. Ces dernières pourraient soutenir les initiatives qui auront pour objectif de pousser à mieux manger, à mieux bouger et à être dans l’instant présent.

Aujourd’hui grâce au confinement, beaucoup d’entre nous consacrent du temps à mieux se connaître, à se centrer sur leur corps. Par la force des choses, nous sommes amenés à écouter ce qui nous fait vivre : notre corps.

La période est propice à ce que ce corps gagne ses lettres de noblesses. Cette crise sanitaire pourrait générer un ré-équilibrage, une remise au goût du jour du Mens sana in corpo sano. Espérons par ailleurs, que nous passerons de la sphère privée à la sphère professionnelle rapidement pour que le retour au corps soit complet.

Chacun chez soi et le corps pour tous.

Prenez soin de vous et de vos proches.

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Guillaume LE ROUX MARTINAUD

Hôtes du podcast “Devant Demain”. Je pose de ci de là quelques réflexion sur une vision positive de la vie