Je suis un salarié non essentiel… et vous ?

Guillaume LE ROUX MARTINAUD
5 min readApr 7, 2020

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Mon job ? C’est directeur de centre de profits dans le secteur des loisirs sportifs de proximité, pour le compte d’une association de l’ESS et au profit des collectivités territoriales — ça c’est pour linkedin. Pour les autres : je suis directeur de piscine (c’est un peu réducteur mais c’est l’idée). J’appartiens au monde du sport, des loisirs, du tourisme. Et ce monde est à l’arrêt - moi avec. Qu’est-ce que cela dit de l’importance de ces secteurs économique pour notre société ? Que serons-nous dans le monde d’après ?

Si vous n’avez pas le temps de lire cet article, vous pouvez l’écouter grâce au lien disponible en bas de page.

Pendant le confinement je suis au chômage partiel à temps partiel parce que je suis un salarié non essentiel. Mais j’ai cherché à comprendre si j’étais aussi professionnellement inutile ?

Je vous propose quelques questions très simples pour savoir si je suis utile : faites le test pour vous et partagez en commentaire !

1. Suis-je vraiment non essentiel ?

Franchement oui.

Mon métier est d’accueillir du mieux possible le plus grand nombre de citoyens dans des lieux collectifs, partagés, pour qu’ils s’amusent, passent un bon moment, se détendent et profitent de leur vie en dehors du travail, de l’école. Autant dire qu’en période de confinement, les lieux de socialisations sportives ne sont pas idéaux. Fermés dès le début du confinement. Nous étions les premiers salariés non essentiels. D’ailleurs, tous les métiers liés aux loisirs : sportif, restauration, tourisme, vacances, etc, sont non essentiels en temps de guerre sanitaire et sont fermés à date. Réouverture prévue : un jour…

Ce qui veut dire que mon travail, là où je passe plus de 50% de mon quotidien, de ma vie d’actif, n’est pas utile à la nation en tant de crise. En somme, si je reste chez moi, cela ne change strictement rien pour le système — mieux : c’est ce qu’il faut faire ! Je dois ne rien faire pour améliorer les choses (sauf les gestes barrières et coudre des masques). Je suis un non essentiel qui attend la fin du confinement (merci l’Etat pour le paiement du chômage partiel) pour être de nouveau… utile ?

2. Suis-je utile ?

Franchement j’espère.

Quand la machine repartira, quand la sécurité sanitaire de tous et de chacun pourra de nouveau être assurée, alors mon activité redeviendra utile — je le crois. Tous ceux qui vivent du plaisir offert aux autres ont un job utile (et ceux ne sont pas les seuls). Notre rôle aujourd’hui est de soutenir ceux qui travaillent dans les métiers essentiels. Demain nous, les salariés non essentiels, leur permettront de faire une pause, à base de sourires, de détente, de bons moments en famille et entre amis.

Mon métier a de l’avenir parce que je permets à mes clients, qui sont aussi mes concitoyens, de progresser, de se dépasser, d’apprendre, de ne rien faire dans un endroit sympa, de s’amuser, de souffler, d’être ailleurs, de partager, d’être ensemble, de faire… Toutes les sociétés ont besoins de ces moments d’évasion, les loisirs ont toujours existé. A ce titre je suis utile - comme beaucoup d’entre nous.

3. Est-ce grave d’être utile mais non essentiel ?

Non, parce que nous ne pourrions pas tous être essentiel. Aucun modèle de société ne s’est construit que sur l’utilité de ceux qui travaillent. (Enfin il y a dû y en avoir, mais ils ne doivent pas être démocratique et/ou en temps de paix). Et franchement je suis certainement faible pour faire ces métiers — je n’ai pas le courage d’affronter la noirceur de la société comme le font les FDO, d’appliquer des programmes qui ne font pas sens comme les profs, de voir des personnes brisées par la maladie (a fortiori des enfants) comme les soignants, de ne pas voir ma famille pendant des semaines pour conduire au travers le monde comme le font des chauffeurs routiers ou de me lever aux aurores pour ramasser les poubelles des autres comme le font les éboueurs (liste non exhaustives). Tous n’auront pas choisi leur métier, certains seront arrivés là par hasard, par contraintes, mais toutes ces personnes sont essentielles et moi j’ai choisi de ne faire aucun de ceux là. Avis de faiblesse peut être.

En fait j’ai le beau rôle : être utile sans être essentiel, c’est travailler dans un secteur qui permet à la société d’aller mieux en temps de paix sans porter une responsabilité sociétale première en temps de guerre. Certains diront que je travaille pour les jeux du cirque, l’opium du peuple, à chacun sa référence. Peut être que nous ne faisons que distraire les citoyens, j’aime à penser que nos actions sont plus utiles que cela.

J’estime participer à la paix sociale de part les rencontres que nous créons, à la santé de chacun, de part les activités que nous déployons, à l’effort collectif pour créer un meilleur monde.

Mon métier non essentiel mais utile participe à la bonne vie sociale du pays parce que je permets à tout le monde sans aucune distinction. Si ma réflexion est bonne alors le secteur des loisirs, du sport et du tourisme renaîtra et repartira parce que nous sommes prépondérant dans la création d’une société de partage, d’échange et de bien être collectif.

Bref, je suis non essentiel mais je suis utile. Et c’est pas si mal.

Bon courage aux essentiels.

Prenez soin de vous et de vos proches.

>> Pour écouter l’article :

PS : voici la liste des trucs que je m’impose pour faciliter la vie des métiers essentiels :

  • Pas de sortie inutile pour éviter d’être malade maintenant pour faciliter le travail des soignants ;
  • Pas de commande sur Amazon, à la pizzeria ou au sushi du coin pour libérer les livreurs et les salariés ;
  • Faire les courses quand le frigo est vide pour limiter les contacts et sur le drive pour les caissières ;
  • Sortir les poubelles quand elles sont pleines — une semaine sur deux (pour diminuer les temps de tournée des éboueurs);
  • Avoir mes papiers et attestations remplies pour les contrôles de police ;
  • Réseaux sociaux : moins de temps, du positif et débunker les fausses infos délivrées par mon entourage ;
  • Passer du temps avec ma famille (sans écran) ;

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Guillaume LE ROUX MARTINAUD

Hôtes du podcast “Devant Demain”. Je pose de ci de là quelques réflexion sur une vision positive de la vie