Pourquoi la sérénité naît de l’acceptation de l’incompréhensible ?

Guillaume LE ROUX MARTINAUD
Essentiel
Published in
5 min readJun 1, 2020

Vous n’avez pas le temps de lire ? Vous êtes plutôt audio ? Scrollez jusqu’en bas de l’article et retrouver un liens vers l’article audio 🎙 sur Spotify et sur Apple podcast. Je crois que cet article en particulier est plus intense à écouter qu’à lire.

Vous savez ce qu’est une Cénote ?

Imaginer.

Vous êtes au Mexique, province du Yucatàn, au sud de Cancun. 6 h d’avion de l’Europe et quelques heures de bus. Dépaysement total. La population locale est accueillante mais mieux vaut parler espagnol qu’anglais.

La mer est bleue turquoise, chaude. Le sable est blanc à s’en faire mal aux yeux.

Mais tournons le dos à cet océan magnifique. Entrons au cœur de la jungle. Il y a la chaleur humide, les odeurs, les singes, les oiseaux. Vous avez les sens en ébullition, tout est émerveillement.

Et là un trou d’eau. Un trou d’eau douce de plusieurs dizaine de mètres de large et et de profondeur. Un trou d’eau douce dans un sol calcaire au milieu de la forêt, c’est une cénote. Une piscine turquoise naturelle. C’est sublime.

L’eau y est tellement pure qu’on y voit à plus de 100 mètres dans certaine.

Je vous amène plonger.

Combinaison, stab, bouteille, masque, détendeur en bouche, un pas en avant depuis le bord du ponton… Le monde du silence vous entoure. On est au cœur de la terre. Respirer, apprécier.

On descend, faites attention à vos oreilles. 5 mètres, 10 mètres, 15 mètres, 20 mètres… l’eau est transparente, pas tout à fait froide.

Dans le fond c’est blanc. Il y a un nuage sous l’eau. C’est un nuage de soufre.

Retournez vous et contemplez depuis le bas les chapelets de bulles qui remontent et croisent le reste des plongeurs qui vous suivent.

On se remet tête en bas, impossible de savoir ce qu’il y a au delà du nuage. Le guide vous fait signe de le suivre. Nous allons traverser le soufre.

Je n’ai jamais rien vu d’aussi intense.

Vous savez comment se construit une cénote ? Pourquoi ce phénomène géologique se produit là, à cet endroit, et quasiment nul part ailleurs sur la planète ?

En fait, quand vous y êtes vous vous en moquez.

Vous appréciez juste l’instant. La joie d’être confronté au beau. Vous avez le sourire, béatitude.

Cette relation au beau existe dans la relation à la nature, aux humains, aux animaux, à la musique, à la peinture. etc. Tout le monde l’a vécu. Les moments sont intenses, les souvenirs sont pérennes. Tout vous reste : la lumière, les odeurs, les gout, les bruits, tout s’ancre en vous.

A chaque fois que cela se produit, on constate sans comprendre, on accueille sans réfléchir, on se délecte de la joie, du plaisir, du bonheur que cela procure.

On lâche prise face à ce qu’on ne maîtrise pas.

On lâche prise face à ce qu’on ne maîtrise pas.

La guerre ? la famine ? l’indisponibilité des masques ? la financiarisation des denrées alimentaires ? les pesticides ? les GAFAM ? le plastique ? l’hydroxychloroquine ?

Quelles émotions vous évoquent ces termes ? Combien de fois avez vous été agacé, attristé, énervé au cours de cette courte énumération ?

Pourquoi ? Pourquoi ces émotions négatives ?

Vous ne maîtrisez rien de tout cela.

Vous ne pouvez rien y faire.

Vous n’avez pas la main.

La question n’est pas de ne pas s’en soucier ou de faire comme si cela n’existait pas mais nous serons toujours plus fort à nous concentrer sur le beau, sur ce qui peut faire du bien à soi, aux autres, à la planète.

Alors mon message est simple :

Si on se comportait face aux choses qui nous agacent comme face aux choses qui nous font nous sentir bien ? Et si on lâchait prise face à ce qu’on ne maîtrise pas dans les deux cas ?

Il est est important de ressentir, d’accueillir ses émotions, mais le plus important c’est de ne pas s’enfermer dans le fait de vouloir maîtriser ce qui nous dépasse.

Il faut s’informer, se cultiver pour mieux appréhender le monde et prendre des décisions cohérentes et justes selon ses valeurs. Mais cette connaissance ne sera jamais que partielle et imprécise.

C’est notre faiblesse : nous ne pouvons pas tout savoir.

Néanmoins, nous savons de manière certaine que la plupart des choses nous échappent. Acceptons le.

Alors pour passer à l’action, il suffit qu’à chaque fois qu’un sujet nous agace, nous attriste, nous énerve, de le regarder et de nous demander ce que nous en savons vraiment.

Ne pas savoir, ne pas comprendre est une force si je l’accepte. Car cela générera de la curiosité, de l’envie, de l’engagement pour améliorer les choses, et progresser. Cela va me rendre plus heureux, plus serein et plus à même d’accueillir les belles et bonnes choses.

Être heureux, vivre des moments de joies, même très courts, est un état d’esprit.

Accepter que l’on ne comprend pas tout, que l’on ne peut pas tout maîtriser, c’est accepter, quand on est à 20 mètres sous l’eau au fond de la cénote, de traverser ce nuage opaque de souffre sans savoir ce qu’il y a derrière.

Prendre sereinement le risque et là, de se rendre compte une fois traversé que ce que l’on ne comprenait pas nous offre une joie intense et un souvenir magique : beaucoup de sérénité.

>> Si tu as aimé cet article, penses à 👏 pour le partager et mettre un commentaire ! C’est important pour me soutenir dans ma démarche.

--

--

Guillaume LE ROUX MARTINAUD
Essentiel

Hôtes du podcast “Devant Demain”. Je pose de ci de là quelques réflexion sur une vision positive de la vie