Comment je suis (re)devenu entrepreneur

Six mois… déjà que Robin’Finance a été créé. Autant dire une vie sur l’échelle de temps de l’innovation.

Alors qu’aujourd’hui, la rampe de lancement se dresse lentement, inexorablement, dans le grand paysage de l’innovation, une question continue de me tarauder : pourquoi diable m’être de nouveau engagé dans ce grand 8 ?

C’est que, un peu comme Brice de Nice, je Follow My Wave, Buddy !

Ça s’appelle aussi l’instinct. Ou l’intuition.

En tous cas la conviction qu’on a perçu un truc particulier dans une industrie où l’on croit pourtant tout maîtriser sur le bout des doigts. Alors on creuse, on cherche, on gratte, pour trouver la vague. Et surtout on en parle : à sa moitié, ses proches, ses amis, ses moins amis, ses pas amis du tout, ses confrères, ses « cheer mates » entrepreneurs, bref à tout le monde. Bénéfice d’une libération de parole — c’est Freud qui l’a dit -, tout finit par se « sédimenter »… Doucement… Jour après jour… Il faut savoir être patient.

Retour vers le futur

Je n’irai pas par quatre chemin : les entrepreneurs sont dotés d’un sens particulier, un « rupteur* » qui les fait basculer de la vision à l’action en une poignée de secondes. Une fois le basculement opéré, impossible de revenir en arrière.

C’était au cours de l’été 2015, le basculement était inévitable, j’étais dans de beaux draps.

La nécessité ne fut à vrai dire pas matérielle, non.

De manière beaucoup plus insidieuse, elle fut viscérale.

Je ne faisais pourtant rien de plus que de « sauter dans le TGV », expression type prononcée tant et si bien face à des centaines d’entrepreneurs plus ou moins proches, que l’opportunité de céder leur boite poussait à m’appeler.

La voie était pourtant toute tracée : « successfull entrepreneur », j’allais m’adonner à la méditation, au kite surf, au parapente (Loic Le Meur sort de ce corps), au coaching de jeunes équipes (bon ça je le faisais depuis 15 ans déjà). Business Angel me tentait pas mal, j’allais investir, m’asseoir au Board de fonds d’investissement. J’allais animer des conférences, faire mousser mes potes entrepreneurs qui avaient pas mal d’aventures à raconter en écrivant un bouquin…

Et pourtant, tout au bout de la langue, là, il me restait ce goût d’inachevé, ce sentiment que je n’avais pas été au bout du truc. Mes tripes me criaient d’y retourner. Viscéral, je vous dis.

Car au fond, j’avais co-créé, co-développé, co-modelé des idées existantes, mais jamais créé ex nihilo.

J’avais vu ce « rupteur* » à l’œuvre sur mes associés, sur les centaines d’entrepreneurs que j’avais eu la joie de financer et d’accompagner au cours des 15 dernières années.

L’avais-je seulement vraiment vécu ce grand frisson ?

Une séance de méditation plus tard

45 ans, une nouvelle vie, un projet d’installation dans Bordeaux, qui a été élue ville où il fait le mieux vivre sur la terre (c’est le Lonely Planet qui le dit), une petite Émilie en route…

Janvier 2016. Les tripes, c’est bien, mais pour me (re)lancer et embarquer avec moi la ribambelle de proches et de compagnons de route sus-nommés, est-ce-que je dispose d’une vraie vision ?

Ce projet n’est-il pas tout bonnement le piège de l’amour propre qui se referme sur moi ?

N’est-ce seulement l’expression de ma volonté de continuer à exister, coûte que coûte, en tant qu’entrepreneur au présent, et non plus en tant qu’ « ex-entrepreneur » ?

C’est là qu’on remercie Sandrine Hirigoyen et DIGITALL Conseil, avec qui on rationalise en étudiant le marché. Sa moitié car c’est avec elle qu’on pèse au quotidien le pour et le contre. Là encore qu’on consulte, des amis VCs (plus froid qu’un investisseur, tu meurs… Un grand merci donc à Jean de La Rochebrochard, pour l’empathie), des leveurs de fonds (merci Christophe Chausson, merci Pascal Mercier), des entrepreneurs encore et surtout (Merci Dan, Thierry Lunati, Carlos Diaz, Giacomini Christian et tous les autres).

J’affine et je raffine, je circonscris et concrétise ma vision.

C’est là que la machine se met en branle. L’effet « rupteur » n’est pas suffisant.

Les planètes doivent être alignées. Et cette fois, elles le sont. Pour de bon.

Derniers tests avant de sauter

A-t-on jamais vu un projet se lancer en solo ?

Je dois embarquer des associés, des profils « warriors », des biens au chaud, salariés dans de belles maisons… Il va falloir les pitcher, ceux-là, et bien, comme n’importe quel investisseur.

Il va falloir les rassurer, les sécuriser, susciter leur adhésion… Bref, le test ultime.

Et ça prend : les voilà qui larguent les amarres pour se lancer à mes côtés. Sébastien, Joachim, puis Matthieu et enfin Léni, avec Sandrine en support. La A Team existe, je l’ai constituée !

Et un petit dernier pour la route, un one-to-one, avec un entrepreneur de talent qui me connait (Dan, oui c’est toi) par cœur. Je lui suis gré d’avoir démonté mon projet en 10mn.

Quoi de plus salutaire que cet échange qui va remettre les yeux en face des trous ?

Go !

Ça s’est passé en avril dernier, mois chéri des dieux, ceux-là mêmes qui se sont dans le même temps penchés sur le berceau de mon bébé Émilie.

L’incorporation de Robin’Finance, au lendemain de la fin de mon « SAV » post-cession.

À Bordeaux, directement, autant mieux vivre que partout ailleurs.

Ma vision, mise en œuvre par la A Team.

Et un full time CEO job, ou presque : je reste au board d’un fonds pour garder un pied dans le monde de l’investissement et veille à toujours garder un peu de bande passante pour être ce que j’aime pardessus tout : Rocky Balboa… euh non pardon… Sparring Partner d’entrepreneurs.

Car j’ai la conviction qu’il faut savoir rester connecté dehors pour réussir dedans.

À suivre…

* Rupteur : « élément de l’allumage du moteur à allumage commandé, qui coupe périodiquement le courant du primaire de la bobine d’induction afin de déclencher une forte tension électrique au secondaire de la bobine d’induction, permettant de déclencher une étincelle dans la bougie alimentée par le Delco » selon Wikipedia. Après ça, si ça vous paraît plus clair…