Qu’est-ce qu’une blockchain et à quoi cela sert-il? Bref, quel est le problème?
Le problème que résout la blockchain:
La blockchain permet de mettre de la confiance entre deux agents qui n’avaient pas de raison de se faire confiance sans faire appel à une tierce personne, à savoir une troisième personne de confiance.
Pour comprendre quelle solution apporte la blockchain, il nous faut d’abord comprendre le problème qui s’est posé.
Expliquons. Lorsque, je vais chez un commerçant pour acheter une baguette de pain. Cette baguette de pain a une valeur intrinsèque pour moi. Pour pouvoir réaliser cette transaction, je dois lui transmettre en échange quelque chose ayant de la valeur pour lui. Cette chose, c’est souvent une pièce ou un bout de papier. Cette transaction ne peut avoir lieu que parce que le commerçant accorde effectivement de la valeur à ce bout de métal ou à ce morceau de papier.
Comment cela se fait-il? Un extraterrestre qui n’aurait aucune connaissance des institutions sociales aurait du mal à s’expliquer comment cette transaction pourrait avoir lieu. La raison est que derrière ce petit métal ou ce bout de papier se trouve une institution centrale en charge d’émettre ces bouts de métaux et ces morceaux de papier et d’en garantir la confiance. Autrement dit, la transaction avec ce commerçant que je ne connais pas par ailleurs, qui n’avait aucune raison particulière de me faire confiance a pu avoir lieu grâce à une tierce entité qui dans le cas présent n’est autre que la banque centrale (la banque des banques).
Pour parler un peu philosophie, du point de vue de l’ontologie sociale de John Searle (Making the Social World: The Structure of Human Civilization), ce petit bout de métal ou de papier représente un pouvoir déontique qui repose sur un agent ou une institution qui garantit ce droit et contre qui il est toujours possible de se retourner en dernier recours pour faire valoir ce droit.
La même transaction aurait pu avoir lieu sans l’échange de monnaie comme cela se faisait par le passé et continue de se faire dans certaines contrées du monde. Imaginons que je sois dans un petit village. Je n’ai pas d’argent, je vais voir la boutique d’à côté. Le commerçant me reconnait comme étant l’enfant d’une telle personne. Je l’informe que mes parents m’ont envoyé récupérer une baguette pain. Le commerçant me donne la baguette et marque aussitôt la transaction dans un registre qui constitue “l’ardoise” qu’il présentera ensuite au ménage concerné. Là encore, la transaction a pu avoir lieu grâce à une tierce personne, les parents de l’enfant.
La première application de la blockchain a consisté à permettre à une telle transaction d’avoir lieu sans faire appel à une entité centrale de confiance. En lieu et place de l’entité centrale, l’idée consiste à utiliser un registre semblable à celui de notre commerçant mais qui soit ouvert et partagé par tous les villageois. Chacun peut voir ce qu’il y a dedans et chacun peut écrire dedans.
Cela semble utopique au premier abord. Car si chacun peut écrire dedans, tout le monde pourra écrire n’importe quoi, certaines personnes seraient tenter d’arracher des feuilles etc. Il faut donc réfléchir un peu à la manière d’organiser un tel registre correctement.
D’abord, au lieu d’avoir un seul registre, on crée des copies numériques partagées entre tous d’un seul et même registre. L’une des difficulté est alors de s’assurer qu’à chaque instant, il n’existe qu’une seule version du registre qui fasse autorité. Ensuite, il faut s’assurer qu’il ne soit pas possible de pirater ce registre. Le problème au niveau de cette communauté villageoise paraît insoluble. Il se résout grâce à deux techniques mathématiques, la cryptographie asymétrique et le hashage.
La solution blockchain:
Imaginons que nous soyons plusieurs millions de personnes à vouloir écrire un seul et même livre de registre, et que chacun soit libre d’ajouter une transaction au livre quand il le souhaite. C’est un défi quasi-impossible. Cela semble paradoxal, car si tout le monde peut modifier le contenu du livre, on arrive très vite à des chaînes de versions différentes vont coexister au sein de la communauté.
Il faut donc se mettre d’accord sur la manière de changer le contenu et sur la version à garder parmi les versions existantes au sein de la chaîne. Il faut aussi se prémunir contre les tricheries et éviter que certains ne viennent ajouter des pages entre les pages précédemment écrites et donc changer le sens des pages ultérieures par conséquent l’ensemble de l’histoire. Il faudra donc s’assurer de lier les pages dans un certain ordre pour faire sens et éviter que quelqu’un ne viennent à changer le sens en intégrant au milieu du livre des pages qui n’y étaient pas.
Il nous faut donc trouver un moyen de lier de manière quasi-immuable les différentes pages du livre (problème 1 ordre des transactions), de décider qui peut ajouter une page à un instant donné (problème 2: droit d’écriture) et se mettre d’accord sur la seule version à garder parmi les différentes versions qui pourraient exister (problème 3 choix de version faisant autorité).
La technologie blockchain est la solution trouvée à ces problèmes. Elle propose des outils cryptographique et des règles de gestion pour répondre à ces problèmes. Nous allons voir par la suite comment cela fonctionne.en détail.