LA raison pour laquelle The Bridge est un événement révolutionnaire !

Hugues de Saint Vincent
8 min readJul 19, 2017

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Traditionnellement, en marketing sportif, on classe les événements en deux grandes familles : le sport qui se regarde et le sport qui se pratique.

The Bridge est un événement à plusieurs dimensions et pluridisciplinaire mais, fondamentalement, l’innovation principale est là : un pont à double sens entre deux grandes typologies d’événements. Dans le cadre de The Bridge, chacun est à la fois et successivement spectateur et acteur d’un événement qui le dépasse. Et c’est cette innovation qui, selon moi, est la raison principale du succès. Le fait que plusieurs dimensions, sportives, solidaire, culturelles, historique et business, soient réunies explique, quant à elles, l’ampleur — historique - du succès.

Tentative d’analyse de ce qui pourrait être la devise de The Bridge :

“Faire d’un Pont, 2-4-10 ou 100 coups !”

Le départ de la Transat The Bridge © Benoît Stichelbaut / The Bridge

Problématiques événementielles

Un événement “qui se regarde” est un événement avec des sportifs de haut niveau ou professionnels. L’enjeu au cœur de l’organisation de ce type d’événements est de faire en sorte que suffisamment de personnes s’y intéressent pour qu’ils regardent l’événement (droits télévisuels), s’y rendent et consomment (ticketing), et dépensent de l’argent pour des produits dérivés liés à l’événement (merchandising). Pour ce types d’événements, l’offre est saturée d’événements ou de championnats historiques contrôlés par des fédérations et il est difficile de créer de gros événements en y intéressant un large publique rapidement. On assiste également un un phénomène de concentration du nombre de sports et d’événements qui intéressent le public.

Organiser un événement grand public (“sport qui se pratique”) est plus aisé, sur le papier, mais l’offre commence également à être saturée et les organisateurs doivent redoubler d’imagination et inventer de nouveaux concepts avec des positionnements innovants. L’offre proposée est alors très ciblée et concerne un public restreint.

Pour créer The Bridge, cet événement inédit à l’ampleur également inédite pour un événement “one shot”, les organisateurs ont donc volontairement réconcilié ces deux typologies d’événements et fait le pari d’un événement a multiples facettes et pluridisciplinaires. Ainsi et par un phénomène vertueux de multiplications des cibles visées, l’événement a intéressé un très large public.

Départ de The Bridge — Saint Nazaire — Hugues de Saint Vincent

L’intuition des grandeurs

“Nous construisons trop de murs et pas assez de ponts.” C’est autour de cette phrase riche de sens d’Isaac Newton que s’est construit THE BRIDGE, l’événement du centenaire du débarquement américain de la Première Guerre mondiale : un défi de géants sur l’océan, un voyage unique d’un pont à l’autre de l’Atlantique, une coupe du monde de basket, des artistes de grand talent, des milliers d’élèves embarqués, de nombreux jeunes sur le pont, un huis-clos entrepreneurial inédit, de l’émotion, des frissons, du partage, du rêve…

“The Bridge aurait pu vite se transformer en The Bide”, avoue Damien Grimont (l’inventeur et organisateur de l’événement), c’est le risque quand on parie beaucoup et que l’on voit les choses en grand. La force de The Bridge, c’est d’avoir su intéresser et fédérer une multitude d’acteurs pour créer des ponts entre ceux qui traditionnellement regardent ou participent à un événement. Les professionnels savent que leur zone habituelle de couverture va être étendue et ceux qui habituellement regardent, sentent qu’ils vont pouvoir participer. Chacun, professionnel d’une discipline ou pas, devient acteur d’un événement aux retombées et à l’envergure incroyables. Deux phrases reviennent dans la bouche des organisateurs : “Jamais on aurait pu imaginer ça” et “il y eu un alignement des planètes incroyable”. En fait, ils ont réussi à l’imaginer, cet événement incroyable. Comment devenir “aligneur de planète” ?

“Aligneur de planète”

Après avoir vécu cette aventure extra-ordinaire, je crois deviner que la recette pour aligner des planètes réside dans le fait de vouloir construire des ponts sans à priori, en sachant bien s’entourer et en travaillant dur. Il aura fallu 4 ans pour aligner les planètes d’un système solaire complexe et sans limite. Le secret : laisser advenir et laisser l’événement grandir, par lui même, au fil des rencontres et avec confiance. The Bridge est né d’une intuition, le talent de Damien Grimont a été de fédérer et de convaincre de multiples acteurs et de veiller à la cohérence de l’événement. Avec une montée en puissance qui a permis de façon vertueuse de créer un événement hors norme. Ce sentiment d’être dépassé par l’événement que l’on a soi-même organisé est assez logique puisque, justement, les participants en sont les acteurs et qu’ils participent donc à le façonner en y apportant leurs talents, leur humanité, leurs expériences, leurs compétences, leurs réseaux, leurs notoriété...

Le Queen Mary 2 est arrivé à New York aux premières lueurs du jour le 1er juillet© Julien Gazeau / THE BRIDGE

Acteur ET spectateur : la recette des événements d’un nouveau genre

Je reviens donc à mon analyse du début. La réussite de The Bridge réside donc dans le sentiment qu’a su créer Damien Grimont chez les participants à cette aventure. Chacun est à la fois acteur et participant à l’événement grâce à l’offre de contenu générée et proposée. Cette dynamique permet d’être certain, que dans sa globalité, l’événement sera plus suivi que la somme des sous-événements s’ils avaient été organisés séparément. Prenons des exemples :

  • La coupe du monde de basket 3x3 avec un village et des multicoques en plein Nantes. L’offre globale mêlant ces trois propositions permet d’assurer aux joueurs, aux partenaires de l’événement et aux marins une affluence globale forte, supérieure aux affluences habituelles. Un contenu mêlant plusieurs disciplines est ainsi créé afin d’augmenter les retombées et les retours sur investissement de chacun. Ainsi on a vu Thomas Coville et François Gabart s’affronter lors d’un match de basket et des basketteur de l’équipe de France faire une visite de trimarans. Les frontières habituelles entre les cibles deviennent poreuses, des ponts sont créés.
  • A l’arrivée à New York, je demande à un participant : tu aimerais faire la croisière sans le contenu du club des 100 (le nom du séminaire) et la courses avec les trimarans ? De façon assez spontanée, nous répondons “non”. Vous affrétez un bateau pour organiser un séminaire flottant, organisez la première transat ultims et une commémoration du centenaire de la première guerre mondiale séparément : ça n’intéresse que quelques personnes, les cibles habituelles des commémorations, de la voile et des séminaires d’entreprises. Vous organisez les trois en même temps : la magie opère et ce sentiment d’être acteur d’un événement qui nous dépasse sera ancrée en chacun d’entre nous, peu importe la façon dont nous aurons finalement participé. En tant que Nazérien qui voit le Queen Mary 2 revenir là où il est né avec des festivités incroyables. En tant que skipper, vous remontez la Loire avec une foule des plus grands jours et prenez un départ bord à bord avec le Queen Mary 2, survolé par un Airbus. Le tout repris par plus de télés (!) qu’un départ de Vendée Globe : inespéré en tant qu’homme et en tant que marin qui doit valoriser ses courses pour ses partenaires. Enfin, vous participez à un séminaire flottant hors norme, vous n’êtes pas croisiériste, vous êtes acteur de l’événement avec la possibilité, cerise sur le bateau, de chanter avec l’ensemble Matheus ou de diner avec un expert en vue d’un sujet qui vous passionne.
Découvrez le résumé de The Bridge et toutes les facettes de l’événement.

Ce qui est beau, et qui semble combler Damien Grimont et toutes les personnes ayant œuvrer à The Bridge, c’est que lorsque l’on parvient à aligner les planètes, on fait naître des étoiles dans les yeux des gens. Les événements mêmes les plus beaux ont une fin, mais les liens humains restent et feront naître d’autres constructeurs de ponts et autres aligneurs de planètes.

Cela dépasse le cadre du marketing sportif et l’événementiel mais je souhaite partager un dernier élément avec vous : le fait que beaucoup de participants-acteurs de The Bridge, dont les organisateurs, ont vécu l’aventure en couple ou en famille. Si l’on reste à la surface, on pourrait simplement se dire que c’est plutôt sympa de pouvoir organiser un tel événement et d’en faire profiter sa femme, son mari ou ses enfants. En fait ce sont des ponts supplémentaires qui sont primordiaux pour construire et comprendre le monde de demain dans “l’organisation” la plus petite et primordiale qui soit : la famille. Un pont entre le monde “du travail” et le monde “perso” que l’on a aujourd’hui tendance à séparer. A bord, en plus d’être à la fois spectateur et acteur, nous étions un : membre d’une famille et acteur du monde de demain, avec cette formidable opportunité de mieux se connaître et de challenger notre compréhension mutuelle du monde de demain. Je crois que c’est une chance incroyable d’avoir pu vivre, pour ceux qui l’on fait, l’événement en famille. Et un élément très structurant qui ajoute encore plus de cohérence à cette aventure.

Et un pont inter-générationnel permettant finalement de découvrir sa femme, son mari, son papa, sa maman sous un autre angle, de mieux le comprendre, de mieux comprendre son quotidien et ses aspirations.

Pouvoir expliquer, à la rentrée prochaine, que son papa est aligneur de planètes et tenter de mettre des étoiles dans les yeux de ses camarades, je crois que c’est aussi cela qui contribuera à changer le monde de demain.

L’innovation manque parfois de clarté, depuis mon retour j’explique que j’ai vécu un événement sportif, et professionnel, que certains vivaient en famille dans un cadre aux allures de (très belles) vacances. C’est également cela le message innovant de The Bridge : aspirons à une unité de vie, faisons le choix de décloisonner les sphères de nos vies et construisons des ponts entre ces sphères. The Bridge l’a prouvé : il est possible et fructueux de travailler dans un cadre plaisant, de vivre des événements professionnels en famille, de faire des activités de détente et de loisirs avec des collègues, des clients ou des partenaires. C’est possible mais néanmoins troublant car inconsciemment nous avons pris l’habitude d’associer une personne à une relation particulière ou un sujet spécifique. Sur The Bridge, notre mémoire et nos habitudes sont troublées : où ai-je déjà vu cette personne ? à l’atelier thématique de cet après-midi, au déjeuner d’hier ou en tenue de sport lors de la séance de méditation d‘avant-hier ? Cela nous pousse à établir une relation entière, de personne à personne et pas sur un sujet ou contexte particulier comme c’est habituellement le cas. Cela enlève les a priori, les simplifications et les rationalisations hâtives.

La question qui me taraude est comment “industrialiser” The Bridge à l’échelle de notre société pour retrouver de façon perenne cette bienveillance et cette capacité à dialoguer que nous avons expérimenté pendant l’événement. La réponse est probablement en chacun d’entre nous : quels sont les ponts que vous voulez construire, avec qui, et comment ? Chacun est appelé à être acteur, la vie est un sport qui se pratique !

A propos — Hugues de Saint Vincent

Fondateur du Club Armen, club de l’engagement à destination de ceux et celles qui souhaitent faire de l’engagement des collaborateurs, le levier principale de performance des organisations. Rejoingnez-nous !

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L’arrivée du Queen Mary 2 à New York vue depuis les airs © Thierry Martinez / THE BRIDGE

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Hugues de Saint Vincent

Créateur du Club ARMEN, le club de l'engagement • Organisateur @StartupGolfCup • Co-fondateur @LaChurchTech