Pierre Drapeau fustige le maire des Îles-de-la-Madeleine

Hélène Fauteux
3 min readDec 21, 2019

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Photo: Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada

L’Association des fournisseurs de Chantier Davie Canada déplore les propos du maire des Îles-de-la-Madeleine qui, à son avis, discréditent la capacité québécoise de construction navale.

Son porte-parole, Pierre Drapeau, réagit en cela à la déclaration de Jonathan Lapierre qui plaide pour l’achat d’un navire usagé, pour remplacer le CTMA Vacancier en fin de vie utile.

Selon M. Lapierre, les Madelinots ne peuvent pas se permettre un délai de quatre à six ans pour la construction d’un nouveau navire cargo-passager; un délai qu’il attribue au carnet de commandes complet du chantier lévisien.

Chantier sous-utilisé

Photo: ccris.qc.ca

M. Drapeau reproche au maire de bien mal connaître la réalité du plus important chantier naval au pays, qui compte pour 50 % de la capacité canadienne.

« Nous avons cinq cales en parallèle chez Davie », souligne-t-il. « En comparaison, Irving et Seaspan n’en ont qu’une seule. Mais à court terme, le chantier n’a que deux contrats de réparation à faire. Il n’opère qu’à 10 ou 15 % de sa capacité, avec moins de 300 ouvriers. »

Ce nombre passera à 1 200 travailleurs, précise Pierre Drapeau, lorsque Chantier Davie Canada débutera la construction des deux traversiers fédéraux qui remplaceront le NM Madeleine et le NM Holiday Island.

« Nous n’en sommes qu’à la planification et à la planche à dessin, pour l’instant. Il faudra compter encore au moins un an avant qu’on ne lance les appels d’offres pour les sous-traitants, qu’on réembauche et qu’on coupe le métal. À très court terme, il n’y a rien dans le carnet de commandes. »

Au crochet de l’État

Photo: La Presse

Pierre Drapeau qualifie d’irresponsable la volonté de la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine et de la CTMA de se tourner vers l’étranger pour faire construire un nouveau navire de croisière ou encore pour en acheter un usagé, plutôt que d’encourager l’économie québécoise.

« Et en plus, on a besoin de l’argent des Québécois pour réaliser le projet! On a un dédain de la capacité québécoise en matière de construction navale et on veut l’argent des Québécois pour magasiner à l’extérieur. C’est ridicule!

C’est irresponsable pour un maire qui devrait plutôt tendre la main à ses collègues des autres municipalités pour identifier des solutions gagnantes pour tous les Québécois. J’en retiens qu’il préfère vivre au crochet de l’État en plus de tourner le dos au génie québécois. »

Selon le ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec, Pierre Fitzgibbon, c’est le plan d’affaires que doit lui soumettre la CTMA en janvier qui déterminera si son gouvernement appuie une construction neuve ou l’achat d’un navire usagé pour remplacer le Vacancier construit en 1970.

En 2002, lorsqu’elle a fait l’acquisition de ce navire européen au coût de 11 M $, la Coopérative de transport maritime et aérien avait fait un emprunt de 14,5 M$.

Elle avait aussi investi 9 M $ additionnels pour le rendre conforme aux normes canadiennes.

De plus, dans le cadre d’une entente tripartite d’opération de 10 ans conclue avec les ministères québécois des Transports et du Tourisme, elle s’était engagée à investir au moins 250 000 $ par année pendant cinq ans dans le nouveau produit croisière.

En vertu de cette entente tripartite, qui a été prolongée de huit ans jusqu’au 31 mars prochain, elle reçoit une subvention d’équilibre de 13 M $ du gouvernement du Québec pour ses services cargo et croisière.

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Hélène Fauteux

Diplômée de l’Université Concordia en Communications et Journalisme, Hélène Fauteux est établie aux Îles-de-la-Madeleine depuis 1986.