« La data expérientielle », retour vers le très-humain

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Grâce au “data acting” de David et à l’introduction déroutante, autant dire que nous étions tous disposé.e.s à considérer la data sous un angle nouveau. L’équipe de Choregraphy, par son accompagnement méthodologique, nous a aidé à aller au-delà des stéréotypes liés aux risques du recueil de nos données personnelles et à leur utilisation mercantile. Nous avons imaginer des utilisations et expériences bénéfiques et en avons fait un levier de décisions transparent et partagé entre les individus qui la donnent et les institutions qui les collectent

— Maxime Bernard, Animateur Innovation BU Radiateur chez Groupe Atlantic

Je n’ai jamais vu aborder la data sous un côté aussi ludique, décalé tout en restant sérieux. La méthode utilisée par Choregraphy, est hyper maligne : pour avoir fait de l’innovation dans des startups et open lab, c’est toujours difficile de sortir les collègues de leur zone de confort. Les animateurs de Choregraphy y arrivent très facilement et rapidement grâce à quelques exercices d’immersion… C’est une démarche qui rend créatif très très vite

— Farid Oukaci, Lead data scientist, Innovation in AI and Big Data à la Banque de France

Pour cette quatrième expédition créative, nous avons choisi d’hybrider la data, cette matière indénombrable, abstraite et peu rassurante avec le design d’expérience, qui incarne une démarche plus sensible, chaude, vivante. Alors la data expérientielle, de quoi s’agit-il ?

Big data ou thick data ? Data scientist ou data choregraph ? Après les apports de la data visualisation (2D) puis ceux de la data matérialisation (3D), les membres de Scénary, la communauté du design d’expérience, ont mis en lumière les apports transformationnels de la data scénarisation (XD) et ainsi donné corps et sens à la donnée !

Avant d’entrer dans la danse, regardons de plus près l’origine de son sens.

En latin « datum » signifiant donner, se traduit par donnée, l’information. Étymologiquement au pluriel et indénombrable, elle regroupe des choses que l’on ne peut compter. Le dictionnaire Robert Dixel nous donne (2013) une définition : représentation conventionnelle d’une ou plusieurs informations permettant d’en faire le traitement automatique et industriel.

Data ou capta ?

Il faut tout d’abord remarquer que la data, dans son état brut, collecte les informations que nous produisons individuellement. Elle est donc moins une donnée (data) intelligible, comme son nom voudrait l’indiquer qu’une capture (capta). Les technologies actuelles cherchent à les contrôler. En revenant à son sens d’origine, nous rendons à la donnée une forme correspondante à son sens, plus généreuse et davantage appropriable et rassurante.

Le dispositif “Passager.01”(1) illustre de manière poétique et narrative le concept de capta qui se transforme immédiatement en data. En effet, dans ce projet, la cape connectée blanche que l’on est invité à porter collecte les données de mouvements de notre corps qui se déploie et étire le textile et les transforme immédiatement en sons. “Il y a des surfaces à effleurer, à écouter, à porter entièrement ou partiellement à travers le casque”, nous confie Alice Herbreteau, membre d’Inputlab.

Retraçons rapidement notre histoire récente pour comprendre comment les données ont émergé aussi massivement dans notre quotidien.

Au cours des années 60, la société vit le boom des données. Les entreprises se dotent de systèmes informatiques centralisés pour optimiser leurs systèmes d’inventaire. Dans les années 70, la data prend une place grandissante au sein des industries, les entreprises manufacturières conçoivent des systèmes pour planifier leurs besoins en matières, machines et transports. À la fin des années 90, le recours aux systèmes informatiques et logiciels devient systématique, on intègre la finance, les ressources humaines, la gestion des stocks. En 1995, à l’arrivée d’Internet, c’est l’avènement du Big Data, les données sont tellement volumineuses qu’elles sont difficiles à traiter avec des outils classiques de gestion de bases de données ou de gestion de l’information.

Aujourd’hui, la donnée sert les domaines scientifiques mais aussi la politique, le marketing, les médias… Elle est critiquée car excessive quand on ne peut plus la traiter ou la supporter et qu’elle nuit à notre activité, on parle “d’infobésité”.

Par ailleurs, derrière cette information virtuelle, il y a un coût écologique. En effet les infrastructures, qui elles sont bien réelles, ont une consommation énergétique et un impact carbone forts.

Visualisation 2D → Matérialisation 3D → Scénarisation XD

Une fois ces données capturées, c’est bien la capacité à les rendre intelligibles qui est le facteur clé de succès de ce monde numérique. À ce titre, on peut citer des méthodes de représentation conventionnelles de la data qui travaillent à la rendre compréhensible :

  • la data visualisation : ensembles des chiffres, infos brutes transformés en objets visuels : point, barre, courbe, cartographie
  • la data matérialisation : ensembles des chiffres, infos brutes transformés en objets matériels : maquettes, schémas, objets

Chez Choregraphy, nous souhaitons introduire une représentation non conventionnelle émergente de la donnée : la data scénarisation. C’est une démarche d’incarnation humaine racontée ou scénarisée de la donnée.

Notre invité d’honneur, David Carelli (2), également membre de l’équipe s’est donc prêté au jeu de la data scénarisation (3) en proposant un data acting ! (hybridation de stand-up et de databiographie) (4).

“Si l’on en croit mes datas, il me reste 11 soirées de Noël à passer avec mes parents… En poursuivant mon rythme actuel dans les années à venir, il me reste 210 cakes à préparer pour le goûter de mes enfants, 15 pays à voir, et 20 relations professionnelles à transformer en amitiés…”

En s’immergeant dans un data acting c’est sa propre vie que l’on reconnaît

Une biographie personnelle présentée grâce à des données personnelles chiffrées inspire sur la question du sens que l’on peut apporter à la data. On découvre que, même si nous ne pouvons pas être résumé grâce à nos datas, les utiliser contribue fortement à éclairer nos parcours (passés comme futurs).

Ainsi, deux questions se posent : Comment faire vivre la data ? autrement dit comment l’animer, l’incarner de façon vivante ? Également, comment mieux vivre grâce à la data ?

3 groupes, 3 thèmes, 3 saynètes, traitant de la data avec des angles différents, mais qui convergent vers une valeur commune : la data peut être très bénéfique dans nos vies si son analyse et son utilisation est teintée de sens pour les humains qui la génèrent et l’utilisent Dévoilons les trois expériences issues des défis créatifs.

  • Data scénarisation, comment faire vivre la data ?

La Nouvelle, la banque vraiment compréhensive

La Nouvelle est une banque qui co-construit une relation avec ses clients-régulateurs, en les rémunérant selon les données qu’ils ou elles choisissent de partager, en adaptant leurs placements en fonction de leurs centres d’intérêt (RSE, durable, éolien etc) et de leur éthique et en les transformant en investissements locaux sélectionnés.

  • Data créativité, comment mieux vivre ma créativité (création/art/pensée) grâce la data ?

Vizi, visualise tes meilleurs souvenirs

Vous n’avez aucune mémoire ? Vous êtes en panne d’inspiration pour acheter un cadeau pour un.e ami.e ? Vizi retient le meilleur de votre vie en combinant des données subjectives mémorisées sur une montre connectée et les données objectives de votre carte bleue. Ainsi vous pouvez vous promener dans vos souvenirs, obtenir des suggestions liées à vos émotions, ou une meilleure recommandation sur la base de vos expériences marquantes.

  • Data épanouissement, comment mieux vivre ma vie (famille/ami/santé) grâce à la data

“Il était une fois la 6e D”, la restitution collective hebdo au collège

Toute les semaines, la méthode “Il était une fois 6e D” demande aux élèves d’une même classe, accompagné.es de leur professeur d’arts plastique, de restituer leurs connaissances sous la forme d’un story board sous forme de fresque murale. Ce format numérisé et consultable en ligne permet de faire la médiation avec les parents soucieux de l’évolution de la classe, les élèves absents ou arrivés en cours d’année. Cette méthode se veut un outil d’intégration et d’apprentissage collectif !

Saynète de data expérientielle avec Alice Herbreteau, Élodie Tranvouez et Maxime Bernard

Qu’est-ce qu’une « expédition créative » ?

C’est une thématique sectorielle ou sociale introduite par un invité d’honneur :

  • 18h30–19h00 : visite guidée expérientielle (pour les nouveaux)
  • 19h00–19h05 : présentation de la communauté
  • 19h05–19h20 : présentation de la thématique, des outils, et de l’histoire inspirante de l’invité d’honneur
  • 19h20–20h00 : 2 sessions créatives
  • 20h00–20h40 : 1 préparation chorégraphique + saynète
  • 20h40–21h00 : conclusion et surprise pour l’équipe gagnante
  • 21h00– ++ : pot de l’amitié
  1. Inputlab est un collectif de designers issus de l’école Estienne. “Passager.01” est leur projet de fin d’études
  2. David Carelli est membre de Choregraphy et créateur de l’Open API Store du Groupe La Poste
  3. Tim Urban a donné une conférence TED sur la procrastination. Selon Choregraphy, il met en lumière l’impact de la scénarisation de la data sur le comportement du procrastinateur. https://www.ted.com/talks/tim_urban_inside_the_mind_of_a_master_procrastinator?utm_campaign=tedspread&utm_medium=referral&utm_source=tedcomshare
  4. Charly Delwart raconte l’humain à l’ère du Big Data dans son ouvrage “Data biographie”, 2019

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