Approche critique des sources : comment aborder les chroniques médiévales pour l’Histoire militaire de l’époque?

HistOuRien
3 min readNov 24, 2016

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La question de la validité des chroniques reste un point central dans toute étude concernant ces époques. Les récits des chroniqueurs présentent certains inconvénients vis-à-vis de la crédibilité que l’on peut leur accorder et donc de l’exactitude des faits relatés. En effet, excepté les récits des combattants eux-mêmes (et ceux-ci comportent aussi certains problèmes d’interprétation, nous le verrons), peu des personnes qui ont rapporté des événements guerriers sont en mesure d’en comprendre les enjeux techniques. Ces personnes sont souvent des clercs ou des civils érudits mais qui n’ont aucune notion militaire. Ils ne sont donc pas capables de rendre compte des nuances vis-à-vis de l’armement, des différents engins mis en oeuvre, de la stratégie ou de la tactique de combat employée. Et ceux-ci sont dans l’impossibilité de traduire les enjeux de telle ou telle application. Nous sommes donc en présence de récits tels que les chroniqueurs en ont perçu les faits, sans socle technique.

Cela étant, les événements rapportés par des combattants impliqués dans le conflit posent évidemment le problème de l’objectivité. Ne vont-ils pas enjoliver les choses, minimiser les capacités de l’ennemi ou faire passer leur propre défaite pour un « repli stratégique » ? Evidemment, cette question se pose aussi dans le cas d’un chroniqueur ayant quelques accointances pour l’un ou l’autre des camps. Il reste donc préférable d’obtenir, dans la mesure du possible, les témoignages des deux parties et/ou de préférence d’un observateur aguerri et neutre, ce qui est excessivement difficile à trouver. En outre, encore faut-il avoir l’assurance de la pleine neutralité de l’auteur ce qui est impossible à établir pour nous.

Nous venons de voir les problèmes de la compétence du témoin, mais aussi de son implication partisane dans la guerre. Toutefois, un autre problème peut se poser. C’est l’éloignement physique ou temporel de l’auteur de la source vis-à-vis des faits. Je m’explique, il se peut, et c’est souvent le cas, que celui qui relate les événements n’ait pas été témoin direct de l’action. Dans ce cas, deux possibilités s’offrent à nous. D’une part, il est effectivement contemporain des faits et des personnes qui les ont vécus ou, plus compliqué encore, qui en ont entendu parler et ceux-ci lui en rapportent le récit. D’autre part, l’auteur vit à une époque postérieure aux événements et doit se baser sur les récits d’autres, que nous ne possédons plus, ou sur la tradition orale, pour produire sa chronique. Dans ces deux circonstances, défavorables pour nous, l’information a pu être déformée par les intermédiaires. Il est donc nécessaire de rester attentif à ces éléments afin de restituer les informations d’origine.

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Voir aussi la bibliographie non-exhaustive d’Histoire militaire médiévale.

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