Une lame à l’épreuve du temps : Comment bien choisir son épée pour la reconstitution médiévale?

HistOuRien
6 min readSep 14, 2016

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Tout jeune garçon a rêvé un jour d’être chevalier et de posséder sa propre épée et il arrive un temps où cette possibilité s’offre à nous. Evidemment, toute personne sensée vous dirait qu’il serait préférable d’acheter le costume avant d’acheter l’épée. Ça donne toujours mieux de voir une personne en habits d’époque sans épée qu’une personne en short et tee-shirt avec une lame à son côté. Pourtant, souvent la passion prend le pas sur la raison, on achète l’épée avant tout le reste. Il est donc courant de faire l’erreur d’acheter l’épée qui nous “fait de l’œil” sans pousser plus loin la réflexion (ce fut mon cas). Si cette épée reste accrochée au mur en décoration, cela n’a pas beaucoup d’importance, mais si elle vous servira, à terme, dans le cadre de la reconstitution médiévale et du combat alors il est préférable de la choisir judicieusement. C’est pourquoi je vais m’intéresser à ce sujet dans les lignes qui suivent.

Il existe sur le marché actuel de nombreux types et formes d’épées qui peuvent être influencés par les découvertes archéologiques, iconographiques ou par l’imagination des forgerons d’aujourd’hui. Il y avait trois principaux types d’épées au Moyen-Âge : celle à une main, l’épée bâtarde ou “une main et demie” et l’épée à deux mains. La première est plus courte et est, le plus souvent, employée en complément d’un bouclier. L’épée bâtarde, un peu plus longue, pouvait être maniée à une ou deux mains selon la nécessité. L’épée à deux mains, quant à elle, possédait une lame d’environ un mètre et devait nécessairement être manipulée avec les deux mains. Ces trois types pouvaient voir leur forme différer au travers des variantes de leurs pommeaux, leurs quillons, leur fusée et leur lame. En effet, les différentes parties de l’épée pouvaient revêtir de multiples formes selon l’époque et les préférences esthétiques de son propriétaire. Dans ce cadre, je vous conseille vivement de consulter les travaux d’Ewart Oakeshott qui a classifié les différentes parties des épées selon la chronologie médiévale : (https://myarmoury.com/feature_oakeshott.html). Son travail permet de suivre l’évolution des épées à travers le Moyen-Âge.

Une bonne épée de reconstitution est une arme qui allie historicité, résistance et prix. La première chose à faire est de savoir quelle époque vous voulez reproduire ou quelle compagnie vous voulez rejoindre. En effet, la plupart des compagnies médiévales sont spécialisées dans une tranche temporelle précise, ce qui limite aussi la période concernée. Un reconstituteur du haut Moyen-Âge (fin Ve-fin Xe siècle) privilégiera une épée à une main avec un design bien particulier (selon les dates exactes concernées) tandis qu’un combattant du bas Moyen-Âge (début XIVe-fin XVe siècle) préfèrera souvent une épée bâtarde même si l’épée à une main reste employée à cette période. Dans le cas où vous ne vous seriez pas encore décidé sur l’époque qui vous intéresse et si votre idée se porte davantage sur une vision classique du “chevalier”, je vous conseille d’opter pour une épée à une main plutôt fréquente dans son apparence (avec des quillons droits passe-partout et un pommeau multi-époques). Pour cela je vous renvois de nouveau au travail d’Oakeshott via le lien renseigné ci-dessus.

En ce qui concerne la qualité et la résistance de l’arme, il faut bien prendre en compte que vous allez combattre avec celle-ci et qu’elle devra donc subir toutes les contraintes liées à son utilisation en situation (coups et torsions). L’épée ne devra pas céder la première fois que vous l’employez. Elle le fera un jour avec l’usure normale, mais pas tout de suite. Un bon indicateur de la qualité du produit sera la garantie plus ou moins longue que la plupart des vendeurs proposent avec leurs épées de combat. La souplesse et la dureté de la lame doivent atteindre un bon équilibre afin de rendre durable votre acquisition. Vous trouverez l’information de la “dureté rockwell” sur les sites ou en demandant aux commerçants spécialisés. En général elle tourne autour de 48 rockwells.

Le budget de l’achat reste la pierre d’achoppement. Lésiner sur la qualité de la lame n’est pas une chose à faire, cela met en péril votre sécurité ou celle des autres reconstituteurs. On ne doit jamais se battre avec une épée dite de décoration : son métal n’a pas été travaillé pour recevoir des coups et elle risquerait de se briser net. Toutefois, c’est le design de l’épée, les finitions que vous pourrez faire varier selon vos envies, tout en respectant l’historicité de la pièce en adéquation avec l’époque que vous avez choisie. C’est cela aussi qui déterminera le coût de votre nouvelle lame. Plus l’aspect esthétique est travaillé, plus vous avez de choix dans les détails de votre arme et plus le prix de celle-ci sera élevé. En effet, fabriquer une même épée dix fois coûte souvent moins cher que de fabriquer dix épées différentes. A noter que les épées du XVe siècle sont souvent plus chères car elles peuvent avoir une ornementation plus complexe. Cependant, il en existe aussi des plus simples. Le prix d’une épée peut varier du simple au triple (entre 150 et 500 euros en général, mais elle peut coûter encore plus cher). Il ne tient qu’à vous de déterminer le budget que vous êtes prêt à y mettre en gardant à l’esprit que l’épée n’est que la première pierre de votre costume.

Et vous? Qu’en pensez-vous? Quelle est votre technique pour choisir votre lame? C’est à vous de jouer : postez les photos des épées que vous vous êtes achetées et expliquez-nous les raisons qui ont guidé votre choix.

Si, comme moi, vous êtes passionnés d’Histoire militaire médiévale, vous pouvez aussi aller voir cette bibliographie non-exhaustive d’Histoire militaire médiévale.

Vous pouvez aussi acquérir ces ouvrages de référence dans le domaine :

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