Apprendre autrement
Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école ? C’est pas mal l’idée de mettre des bancs, des profs qui parlent et des élèves qui écoutent. Après tout, il faut bien qu’il y ait des profs pour transmettre les savoirs non ?
Aujourd’hui, on n’est pas sans savoir qu’il y a dorénavant plusieurs façons d’apprendre. Chacun s’adapte (ou essaye de s’adapter) avec les nouveaux outils d’apprentissage (les Mooc, les E-learning, …) pour acquérir de nouvelles compétences. J’ai tenté l’apprentissage en peer-learning avec le bootcamp The Hacking Project (THP) pour apprendre à coder sans professeurs et sans locaux. Mais qui va alors apprendre ? C’est une question légitime ! C’est le nouveau standard de l’éducation mis en avant par The Hacking Project : le peer-learning. On apprend sans profs ni locaux, mais avec les pairs. Les pairs sont les membres de ton groupe ou les gens qui publient la réponse à ta question sur Internet (car comme toi ils se sont plantés des heures avant de trouver la solution).
Hum…C’est sympa tout ça, mais c’est peut-être un peu galère d’apprendre à coder sans profs non ?
Je peux te garantir que ce n’est pas toujours facile, MAIS tu essayes d’avancer pas à pas et ça marche (si tu décides que ça marche).
Nicolas Hermet (un ancien The Hacking Project | Session 5-Septembre 2018) nous partage dans cet interview la suite de son apprentissage après THP.
Apprendre après The Hacking Project : le cas de Nicolas Hermet
Comment tu as continué à apprendre après la formation chez The Hacking Project ?
J’ai continué à apprendre difficilement parce que j’avais l’habitude de la structure chez THP. J’ai eu la chance de pouvoir faire une rupture de 2 semaines juste après THP puisque j’ai déjà prévu de naviguer un peu sur un voilier à la sortie et donc c’était chouette, c’était bien de souffler. Mais quand je suis revenu, je n’avais plus la structure THP. Je n’avais ni les projets et les cours du matin, ni les projets de l’après midi à rendre. Et il n’y avait plus personne qui attendait quelque chose de moi. Ce n’est pas évident. Mais au bout d’un moment, on finit par reprendre un petit peu la structure et on essaie de se structurer soi-même avec des petits challenges. Et puis tu te dis : “ Qu’est-ce-que j’ai envie d’apprendre ? J’ai envie de voir cette section. C’était quoi les cours qui sont intéressants ? Tiens, il y a ce cours qui a l’air pas mal et hop je m’y lance.” Et puis tu te retrouves tous les jours, à essayer d’avancer un petit peu chaque jour l’un après l’autre. Puis rapidement, je me suis retrouvé dans une situation où j’ai signé un CDI pour devenir développeur Angular. Et développeur Angular, c’est encore un autre paradigme. C’est encore un autre apprentissage, mais cette fois, il y a un boss qui attend que j’apprenne rapidement, donc il faut se bouger. Ça me motive un peu plus à recréer ce qu’on a connu à THP, c’est à dire quelque chose de structurante avec une notion abordée tous les matins et un projet pour l’après midi. Puis on avance comme cela progressivement.
Comment tu as appris ce nouveau langage ? Est-ce-que tu as utilisé des méthodologies spécifiques à toi ?
La méthodologie est une des choses que THP m’a apprises (rires). En général, tout se trouve dans la Documentation du framework. Aujourd’hui, je travaille sous Angular et Angular c’est Google qui est derrière. Et en général, Google fait bien les choses, donc on a une documentation qui te guide “pas à pas”, notion par notion avec un fil rouge. C’est un petit peu comme chez THP où il y a un projet à faire qui est guidé, et à la fin on te donne carrément le code. Pour le cas d’Angular, le code est fourni à la fin par Google. Et si tu as réussi, tu passes à la prochaine étape, et ainsi de suite.
Il y a une boîte qui s’appelle Ninja Squad qui est lyonnaise et qui fait parmi les meilleures formations d’Angular. Ils ont un bouquin qui est super. Il est mis à jour systématiquement, c’est à dire que vous aurez toujours la dernière mise à jour, et il y a aussi des exercices à faire. C’est génial parce que ces deux moyens (la documentation et le livre), ça m’a pris trois semaines. Au bout de trois semaines, j’ai commencé à être crédible pour développer sous Angular, et j’ai commencé à faire des petites choses.
Donc globalement, tu as appris Angular pendant trois semaines ?
En fait j’ai décidé qu’au bout de trois semaines, il était temps pour moi de plonger et de mettre un peu les mains dans le cambouis au sein de mon entreprise. Et maintenant je vais être franc, je n’ai fini ni la Doc ni le bouquin. Et ça fait maintenant 1 an et 4 mois, donc il reste toujours des choses à apprendre. On n’a jamais complètement appris un framework ou un langage. Mais au bout de 3 semaines, j’étais suffisamment apte à comprendre un peu les trucs et aider mon entreprise à développer le logiciel.
Est-ce-que tu peux nous partager une semaine ou une journée type d’apprentissage ?
J’ai plutôt choisi de structurer les journées. En général, le matin je prends une heure, et je commence par noter ce que j’avais appris la veille et ce que j’ai vu comme notion, et comment je m’en sers dans une situation. On peut le faire sous forme de schéma par exemple, mais l’idée c’est de trouver ce qu’on a appris la veille. Éventuellement, vérifier avec la Documentation, ou avec les tutos qu’on a suivis, si on avait raison ou si on s’est planté. L’idée c’est d’avoir fini cet exercice au bout d’une heure. Et ensuite, pendant 2 à 3 heures, on apprend une nouvelle notion. On continue à lire le cours, le tuto et la documentation. On fait une lecture active, c’est à dire qu’on prend le temps de s’arrêter, et on détaille chaque ligne de code, l’une après l’autre pour voir et pour comprendre comment ça marche. Et l’après-midi, on fait une sorte de mini projet. J’avais la chance car sous Angular, il y a carrément le projet fil rouge dans la documentation, donc j’essayais de mettre en place les étapes. J’avais aussi un bouquin qui contient des exercices à la fin de chaque chapitre pour bien appuyer la notion. Et je mettais l’après-midi pour réussir à comprendre cette notion.
Et le lendemain je recommençais. C’est THP qui a réussi à m’apprendre cela parce que c’est la structure de THP en fait. C’est la même chose.
Le cursus THP t’a alors bien aidé à avancer dans ton apprentissage ?
Oui, et ça m’a mis dans de bonnes conditions pour continuer sur ma lancée, tout simplement.
Est-ce que tu as des conseils à partager à ceux qui veulent faire de même, et suivre ce parcours ?
Oui j’ai des conseils (rires)
J’ai surtout un gros conseil, c’est le piège dans lequel beaucoup de gens tombent et je continue à tomber dedans allègrement, et régulièrement. C’est le piège de vouloir faire les choses parfaitement. Quand on sort de THP, on est un peu livré à nous même. En fait quand on est à THP, on a une dead line, c’est minuit. Et si à minuit on n’a pas rendu le projet, c’est fini. On attendra le lendemain pour la correction des pairs. Quand tu te retrouves tout seul, il n’y a plus ce rythme, il n’y a plus cette contrainte. Et tu te dis : “Si je fais, je vais faire bien, attends je vais rajouter des tests parce que c’est important, mais si je fais des tests, ça va me rajouter ça et ça…et puis en fait et puis en fait…et puis en fait on ne fait plus rien.” La montagne devient trop importante et difficile à gravir. Et éviter ce piège est le conseil que je donne. Arrêtez! Arrêtez deux secondes et faites les choses mal mais faites les. Et une fois que vous avez fait les choses mal, refaites les mais un peu mieux (rires). Il ne faut pas essayer de monter trois marches d’un seul coup, il faut essayer de monter marche par marche tranquillement. Cette manière de faire rend beaucoup plus de valeurs et l’apprentissage sera beaucoup plus efficace.
“ Il ne faut pas essayer de monter trois marches d’un seul coup, il faut essayer de monter marche par marche tranquillement. “
Et maintenant tu fais quoi ? Tu continues sûrement à apprendre ?!
Je suis toujours développeur depuis janvier 2019. J’étais diplômé THP en Septembre 2018 et depuis je suis développeur Angular dans une entreprise qui édite un logiciel industriel qui fonctionne sous Angular. Je suis toujours en poste, et je continue toujours d’apprendre quotidiennement des choses qui me servent directement pour le travail, parce que ça me plaît. Dernièrement, j’ai décidé de refaire à nouveau la formation THP, pour me remettre un petit peu dans le bain de Ruby parce que j’ai des projets personnels qui me demande de faire un peu de Rails. Donc j’y retourne et ça me fait un grand plaisir de redécouvrir la formation et de voir que j’ai pratiquement progressé parce qu’aujourd’hui les projets ne me prennent pas plus d’un heure, alors qu’avant je les faisais pendant une journée complète, donc c’est chouette. Mais je continue d’apprendre, sur mon temps libre, et mon temps professionnel aussi.
On souhaite beaucoup de réussite à Nicolas pour la suite de son aventure.
Et pour ma part, je vous laisse avec cette phrase de John Maxwell :
“If you don’t try to create the future you want, you must endure the future you get.” John C. Maxwell