Pourquoi la sortie du nucléaire en 2025 serait une grave erreur…

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2 min readMay 8, 2018

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Une interview Infobelge

Jean-Pierre Schaeken, bonjour; vous venez de publier “Péril sur l’électricité belge”, bref ouvrage synthétique dans lequel vous préconisez de prolonger le nucléaire au delà de 2025. Quels sont vos motifs ?

La prolongation de l’exploitation des centrales nucléaires les plus récentes (idéalement 4000 MW) au-delà de 2025 est l’option la plus pertinente. En effet :

- les centrales nucléaires produisent une électricité bon marché ;

- leur densité énergétique est nettement plus élevée que celle de n’importe quelle autre source d’électricité et considérablement plus que le renouvelable intermittent ;

- leur prolongation au-delà de 2025 est de nature à assurer la sécurité d’approvisionnement électrique aux moindres coûts ;

- la production nucléaire n’émet pas plus de gaz à effet de serre (GES) que l’éolien ou le photovoltaïque.

Si la sortie totale du nucléaire en 2025 était tout de même réalisée, quelles en seraient les conséquences ?

Tout d’abord, la construction inévitable de nouvelles centrales au gaz (indispensables pour compenser l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque) émettrices de GES alors que la politique du gouvernement est de réduire ce type d’émissions (cherchez l’erreur) ;

Ensuite, une dépendance nettement plus élevée des importations d’électricité des pays voisins (nucléaire ou thermique-charbon et lignite- selon qu’elles proviennent de la France ou de l’Allemagne) avec tous les aléas qui en résultent ;

Enfin, une forte augmentation de la facture d’électricité des consommateurs finaux et partant une réduction importante de la compétitivité des entreprises et du pouvoir d’achat des ménages. Cet impact négatif est dû à la construction des nouvelles centrales au gaz précitées, aux coûts indirects associés à la pénétration élevée de l’éolien et du photovoltaïque tels que la restructuration des réseaux électriques, le stockage d’électricité, les différentes incitations financières ou fiscales liées à la promotion du renouvelable etc.

Quelles sont les alternatives actuelles et rationnelles au nucléaire, pour la Belgique ?

Je crains qu’il n’y ait pas, pour l’instant, d’alternative réaliste au nucléaire (du moins au maintien d’une partie de la capacité actuelle) non seulement en raison des considérations précitées mais également du fait que les investissements et mesures prévus en cas de la sortie totale du nucléaire (notamment, nouvelles centrales au gaz et renforcement des réseaux électriques voire nouvelles lignes) risquent de ne pas être réalisés en temps voulu. En effet, l’élaboration du cadre législatif et réglementaire, l’obtention des différents permis et autorisations, l’opposition de la population, les études , la construction et la mise en service des installations, sont des processus de longue haleine qui risquent de se prolonger au-delà de 2025.

La décision de sortie totale du nucléaire prônée par Charles Michel est donc purement idéologique ?

Oui. Elle ne résistera pas aux impératifs techniques, économiques voire sociétaux. Après 2025, La production électrique belge inclura encore une capacité nucléaire d’au moins 2000 MW. Pour maintenir 4000 MW, il faudrait surmonter la peur (injustifiée) suscitée par la présence de microbulles d’hydrogène dans les cuves des unités Doel 3 et Tihange 2.

infobelge.com

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