Le doute de soi, une ruse de ton Gremlin
Je vis avec un homme qui est inconsciemment enraciné dans le patriarcat. J’ai choisi à maintes reprises de vivre avec cet homme, la dernière fois après avoir quitté la maison commune pendant quatre mois.
Il est clair pour moi que je ne peux pas le changer. Pendant des années, j’ai cru à tort que je pouvais le changer. Ensuite, j’ai espéré qu’il veuille changer lui-même. Aujourd’hui, je ne veux plus le changer.
Comment cette évolution s’est-elle produite en moi ?
J’ai compris quelque chose sur le doute de soi. Il ronge l’arbre du monde quand je ne suis pas éveillée.
Hier tôt le matin, j’ai vécu un magnifique résumé : mon mari gare la voiture sur un stationnement public presque vide, où les cases de stationnement très étroites sont marquées par des bandes jaunes. Il est garé de travers avec un pneu au milieu de la bande jaune de droite. Notre voiture doit rester là toute la journée pour une excursion en bateau. C’est le week-end. Le stationnement sera plein. Pendant qu’il est encore au volant, je lui indique de positionner la voiture pour qu’autres voitures puissent se garer.
Quand c’est fait, il sort de la voiture, furieux : « La journée commence mal. Tu décides de ce que je dois faire. Tu fais toujours ça. Tu ne laisses jamais tomber. Tu n’apprends jamais. Tu es de mauvaise humeur. Change-la instantanément. Si ça continue comme ça, alors … . » La litanie ne veut pas finir. Je suis déconcertée.
Quand quelque chose comme ça se produit, mon comportement actuel (= mon expérimentation) est le suivant : je le regarde dans les yeux, je reste calme et sereine, j’écoute tout, je garde mon cœur ouvert.
Lorsqu’il a terminé, il rompt le contact visuel. A ce moment-là, des pensées me viennent à l’esprit : « Qu’est-ce que je dois apprendre de cette situation ? Pourquoi cela continue-t-il d’arriver ? Je ne sais pas comment gérer la situation. J’ai essayé tellement de choses. Pourquoi cela ne change-t-il pas ? Qu’est-ce que je fais de mal ? »
Ce matin, je réalise : si je fais cela, je doute de moi.
Le doute de soi est mon erreur : je n’ai pas besoin de douter de moi, de mon action, en l’occurrence l’instruction de stationnement. C’est arrivé, éveillée, en toute innocence et en pleine conscience. Il n’y a rien de « mal » dans mon action de lui faire respecter les bandes de stationnement sur un parking vide.
Il n’y a rien de mal non plus à ce que mon mari s’emporte. Il exprime la peur de sa boîte et de son Gremlin d’être « nul ». Box et Gremlin se sentent menacés dans leur existence. Mon mari ne s’intéresse pas au travail sur soi. C’est pourquoi le mécontentement de sa boîte et son Gremlin sortent, comme le veut son éducation et sa culture. C’est un enfant mâle de la culture occidentale du 20e siècle et du patriarcat millénaire : cela lui « permet » de m’engueuler.
Bien sûr, ma boîte et mon Gremlin croient que c’est totalement faux que mon mari pète les plombs. Je suis intéressée à travailler sur moi. Ma boîte et mon Gremlin se considèrent donc comme meilleurs, plus « évolués » et veulent ardemment que mon mari « reconnaît » qu’il s’emporte « en premier » et « totalement sans raison » et que travailler sur soi est « bien ». C’est mon Gremlin qui assure sa survie.
Mon expérience actuelle de rester en contact en gardant mes yeux, mes oreilles et mon cœur ouverts, me guide vers les pensées qui surgissent en moi, le doute de moi-même. C’est la manière subtile de mon Gremlin d’assurer sa propre survie : en chuchotant que je dois trouver quelque chose que je fais mal, que je dois reconnaître où je dois m’améliorer. C’est du pareil au même appliquée à moi.
En réalité, il n’y a rien à faire : j’ai donné des consignes de stationnement. Mon mari était furieux. Il a exprimé la panique de sa boîte et son Gremlin. Ensuite, les craintes de ma boîte et de mon Gremlin sont remontées sous forme de doutes de moi. Tout cela était un espace d’expression de la peur. La vague est venue, la vague est partie.
Mon véritable moi n’est absolument pas impliqué dans cette affaire. J’ai cru mes doutes des milliers et des milliers de fois. Quand je fais cela, j’amarre mon « je » au mauvais endroit, dans ma boîte, dans mon Gremlin ou dans l’état de moi enfant ou parent. Mon être n’est pas là, même pas dans l’état de moi adulte. Lorsque j’ancre mon « je » dans la partie non concernée, au-delà de tous les états de moi, je crée un espace de guérison dans lequel la peur peut s’exprimer comme le vent qui va et vient.
Le doute de soi est une tromperie car il croit toujours en un moi. Il signifie que je ne crois pas que je suis ok tel que je suis née. Cela ne peut être que faux. Sinon, comment je pourrais aimer un arbre qui a poussé de manière tordue ? Nature est nature. Elle est parfaite. Je suis fondamentalement suffisante comme je suis. Le doute de soi n’est qu’une illusion. Je peux simplement le laisser aller, en sourire quand il apparaisse.
Abandonner le doute de soi me permet d’être spontanément dans l’Être. Sans doute de moi, je suis capable de voir à travers la boîte de l’autre que j’ai pris à tort pour son identité. Ainsi, mes doutes sur mon mari cessent également. Mon Être et son Être font un. Nos deux boîtes servent temporairement à exprimer une vieille douleur. Je suis gardienne d’espace pour l’expression de ma douleur. Et parce que j’ai choisi dans cette vie de faire du travail de croissance personnelle, je suis aussi gardienne d’espace pour mon mari. Qu’il ne s’intéresse pas au travail personnel, c’est tout à fait correct. C’est un choix qu’il a fait. C’est justement pour cela qu’il est mon maître parfait.
J’ajoute une chose de plus : dans les moments où nos douleurs s’expriment, la sienne et la mienne, je recherche les écarts entre les moments, le « néant » dans ces écarts. Pour cela, je dois rendre mon ici et maintenant tout petit, moins de 3 secondes !