Le 5 septembre 2016, le panda géant a été déclassé des espèces en voie de disparition et est désormais considéré comme une espèce vulnérable (IUCN), une décision qui démontre les efforts des centres et des autorités chinoises fournis pendant près de 30 ans de travaux.

Le défi de la réinsertion des pandas géants

Alors que nous vous présentions les difficultés à préserver et reproduire l’espèce, il est une autre préoccupation à laquelle se confronte la Chine : celle de la réinsertion pour les espèces nées en captivité. Seconde étape tout aussi essentielle du processus de maintien des pandas géants sur notre planète.

4 min readJun 22, 2019

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Au cours de notre précédent article présentant le travail effectué par le Chengdu Research Base of Giant Panda Breeding, nous vous évoquions la pression qui s’exerce sur l’habitat naturel des pandas géants. La destruction des forêts de bambous dans les massifs chinois a grandement participé à mettre en danger l’espèce. Tandis que le centre travaille à préserver l’espèce en elle-même, les autorités chinoises s’appliquent à préserver leur habitat naturel. Aussi, les espèces sauvages n’ont plus à craindre que leur surface de répartition se réduise comme peau de chagrin et il naît l’ambition de réinsérer les pandas nés en captivité. De nombreux sites ont ainsi été classés comme réserves naturelles ou zones protégées de sorte à maintenir une flore nécessaire à la survie de l’espèce.

Parmi les centres qui concentrent leurs efforts sur la réinsertion des espèces en captivité, il y a le centre de Bifengxia Giant Panda Base dans la région du Sichuan. Ouvert en 2003, il possède une vingtaine d’individus, principalement des semi-adultes et a pour vocation de les faire évoluer dans un environnement semblable aux forêts naturelles, afin de les préparer à un retour à l’état sauvage. De nombreux scientifiques y opèrent chaque jour pour acclimater les individus à leur environnement naturel. Différents procédés sont utilisés dans ce centre afin de maximiser leurs chances de survie : sevrage de l’humain, recherche autonome de nourriture ou encore reconnaissance des espèces rivales.

La conservation de l’espèce n’a de sens que si les individus réintroduits sont capables de se reproduire.

Avec un minimum établi de 150 pandas géants en captivité, c’est sous l’autorité du China Conservation and Research Center for the Giant Panda (CCRCGP) que s’effectuera une réinsertion progressive des individus. Cela permettra ainsi de renforcer les recherches et les progrès par la collecte des données des premières réinsertions.

Un premier test de réinsertion a déjà été entrepris dans le Sichuan il y a plus de 10 ans, celui-ci s’est malheureusement soldé par un échec. Remis en liberté à l’âge de 4 ans, le panda Xiang xiang est retrouvé mort, moins d’un an après sa réintroduction, le 8 janvier 2007. Son décès sera expliqué par une lutte avec des pandas sauvages pour un territoire et de la nourriture. Si sa mort fut une véritable déception, elle a cependant permis de rendre de plus en plus fructueuses les prochaines réinsertions. En 2012, c’est au tour de Tao tao d’être rendu à l’état sauvage. Contrairement à la méthode utilisée avec Xiang xiang où l’homme était l’éducateur, Tao tao bénéficiera d’un apprentissage plus naturel. En effet, ce dernier a été élevé par sa mère, dans un environnement semi-naturel avec un contact restreint avec l’homme afin qu’il s’habitue à être autonome. Après deux ans, il a intégré un espace protégé de 240 000 m² à 2500 mètres d’altitude où le panda terminera son apprentissage dans des conditions plus rudes et avec la rencontre d’autres espèces animales. Suite à de nombreux tests médicaux, le panda, âgé de 26 mois, est remis en liberté en octobre 2012, dans la réserve naturelle de Liziping. En 2018, Tao tao fait l’objet d’une nouvelle étude médicale montrant un panda en pleine santé ! En dépit de l’optimisme que suggère ces résultats, il était impossible de certifier qu’il y a eu accouplement avec un individu sauvage. Et le succès de cette opération ne peut être considéré comme étant total que s’il parvient à se reproduire. Effectivement, la conservation de l’espèce n’a de sens que si les individus réintroduits sont capables de procréer… C’est pourquoi en 2017, un « binôme » a été remis en liberté afin de maximiser leur survie et un possible accouplement. A ce jour, 13 pandas nés en captivité ont été relâchés, avec un bilan encourageant qui posent tout de même de sérieuses questions sur l’adaptation de ces individus à l’état sauvage. En effet, 8 d’entres eux sont encore en vie, 4 ont été retrouvés morts et 1 a été ramené en captivité après avoir été grièvement blessé.

Comme toute expérimentation de réinsertion, elle présente de nombreux risques mais est aussi capitale pour le maintien de l’espèce.

Si la remise en liberté et la relative adaptation des pandas réintroduits offrent de belles perspectives au maintien de l’espèce, de nombreuses incertitudes demeurent et le travail des scientifiques semble encore prépondérant pour y répondre. En effet, des risques potentiels sont à craindre pour les individus sauvages, notamment sur la transmission de virus, amenés par les pandas en captivité, ou sur leur capacité à s’accoupler ensemble. Comme toute expérimentation de réinsertion, elle présente de nombreux risques mais est aussi capitale pour le maintien de l’espèce. Tous les chercheurs s’accordent à dire que de nombreuses années d’expérimentation et de nouvelles remises en liberté seront nécessaires pour atteindre des résultats plus concrets. Aussi important soit-il, l’enjeu de la réinsertion ne doit pas faire oublier l’autre enjeu majeur de la sauvegarde de l’espèce : la protection des individus sauvages et le maintien de leur habitat naturel.

Parce que notre planète est belle, elle est vivante, préservons là !

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