Derrière les manettes, la noblesse de l’expérience du pixel

Jérémie Gentien
5 min readNov 5, 2014

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Succès incontestable, dimanche dernier s’achève la 5ème édition de la Paris Games Week qui frôle les 300 000 visiteurs sur 5 jours se plaçant parmi le top 3 des évènements internationaux du secteur. Dans un pays où la culture est sacralisée et où la création numérique s’impose lentement mais surement, Paris va-t-elle devenir une des capitales mondiales du jeu vidéo ?

Le gamer, cet être méconnu du grand public ?

Très récemment cela commence plutôt mal avec l’animateur Antoine de Caunes puis son camarade Nagui qui subissent la levée de boucliers d’une communauté qui se sent parfois négligée par les média et par ses pairs : les gamers. Agacés du traitement médiatique du rachat de Twitch par Amazon et du phénomène de e-sport, cette communauté soudée fait part de son mécontentement sur les réseaux sociaux en commentant et en partageant les articles qui analysent plus objectivement ces actualités. Volée de tweets verts donc contre ces deux journalistes qui représentaient encore il y a quelques années l’esprit Canal, ce ton impertinent et décalé tant aimé dans les années 80 et 90. Ne les blâmons pas trop car même si ils l’ont un peu cherché, ils ne sont pas les seuls à conserver une image passéiste du gamer geek cloitré dans sa chambre, incapable d’échanger hors de son monde virtuel.

https://twitter.com/XboxFR/status/506847237537009666

Car oui les amateurs de jeux vidéos écoutent aussi la radio, consomment de la culture et font du sport. Ces fans de jeux vidéos puisent dans un savoir et une passion à la fois partagée et connectée. Rappelons que les forums de gamers étaient presque autant fréquentés que Doctissimo bien avant l’émergence de Facebook et de Twitter, autant vous dire qu’ils connaissent bien les rouages de la communication. Cet esprit de cohésion on le retrouve d’ailleurs durant la #PGW où l’esprit geek se mêle à une atmosphère colorée bonne enfant voire même sexy. La fameuse recette des hôtesses apprêtées n’est plus exclusivement réservée aux exposants auto. D’ailleurs le dernier Mondial de l’automobile ressemblait parfois à s’y méprendre à l’expérience du jeu video .

https://www.youtube.com/watch?v=7QhL3zHBaIM

Une culture à part entière

Malgré toutes les études qui confirment que les amateurs de jeux vidéos ne se limitent pas à des êtres boutonneux aux cheveux gras, un fond de médisance règne parfois sur ces esthètes du pixel. Personne n’ignore que certaines productions pèsent désormais bien plus que des blockbusters hollywoodiens mais une success story française comme celle d’Ubisoft est rarement traitée sous le prisme du renouveau d’une culture créative et digitale mais plutôt comme une industrie qui brasse des millions d’euros sur le dos des plus geeks. Ne parlons même pas des sorties du jeu GTA qui bénéficient d’énormes retombées traitant uniquement du problème de la violence. Dans un pays où la culture est (encore) élevée au rang de grande cause nationale, fer de lance à l’international, le jeu vidéo peinerait il encore à trouver une place de choix ? Si l’industrie ne possèdent pas encore son festival de Cannes avec ses stars hollywoodiennes et sa montée des marches, le succès de cette dernière édition de la Paris Games Week risque surement de changer la donne tout comme la récente déclaration d’amour de notre secrétaire d’état au numérique Axelle Lemaire.
Rafik Djoumi, rédacteur en chef de l’émission BiTS sur Arte , fait lui aussi partie des optimistes :

“Je considère que le jeu vidéo est définitivement rentré dans le champ culturel institutionnel il y a plus d’une dizaine d’années. Déjà, en 2004, la Cinémathèque ou le Forum des images m’invitaient à des conférences sur le sujet.”

Une point de vue qu’il relaie chaque semaine dans son émission.

https://www.youtube.com/watch?v=nIoAPbMcHWA#t=417

Social & smart gaming

Le jeu vidéo continue donc d’écrire son histoire et d’innover. Les gamers n’ont surement que faire d’être rattachés à une culture geek commune et pourtant il n’accepte plus qu’on assimile leur passion à un loisir inférieur. En échangeant avec des agences de publicité digitale on comprend d’ailleurs qu’il existe différents types de gamers : le hardcore, le top ten et le casual. Leur différence n’est pas dans leur degré d’addiction mais plutôt dans le temps et le budget que ces derniers peuvent et souhaitent y consacrer. Chacun désire passer un bon moment , retrouver ou découvrir l’univers d’un jeu. De plus en plus d’entre eux ont envie d’échanger et se confronter à leurs amis ou au reste de la planète.

https://www.youtube.com/watch?v=ocJeVjGIFfY

Avec le développement de fonctionnalités comme le Share Play de Playstation, le jeu vidéo social et intelligent a de beaux jours devant lui.
Cette technologie permet de publier sa progression sur les réseaux sociaux, de proposer à un ami d’assister à une partie et même de lui “passer la manette” pour se dépêtrer d’un niveau trop difficile. Que dire de Facebook qui rachète Oculus Rift, le gameplay ultime : votre corps et vos sens. Comme bon nombre de consommateurs, les amateurs de jeux vidéos aiment la nouveauté et les nouvelles expériences. Comme pour les fans de cinéma ils suivent l’actualité des consoles, des studios et de leurs séries. C’est donc normal qu’ils soient hyper exigeants envers les productions, le traitement des média et les réalisations publicitaires. Des agences comme Biborg pousse la créativité et les interactions vers plus d’innovations à la fois dans le scénario et dans les technologies utilisées. Les expériences mixant monde physique et digital permettent ainsi à chacun de vivre une expérience unique en exploitant les fonctionnalités du mobile ou de la capture de mouvement.

https://www.youtube.com/watch?v=FB3odwbITQw#t=100

Mon jeu ma bataille

Les fans de jeux vidéos seraient donc des consommateurs avisés qui mettent un point d’honneur à apprécier l’innovation technologique et narrative avec le souci du détail. Un patron de studio indépendant français qui développe le jeu d’une licence bien connue de rallye me confiait qu’il amenait tour à tour tous ses collaborateurs sur les courses pour qu’ils puissent ressentir l’ambiance et l’expérience vécue lors des compétitions. Retranscrire avec précision l’univers et les sensations dans les différentes étapes du jeu, c’est un enjeu majeur pour ces manufacteurs qui demain avec l’Oculus Rift et la réalité virtuelle immergeront les joueurs encore plus près de l’action.
Plus qu’un loisir coupé du monde, le jeu vidéo dépasse les frontières du pixel. Le jeu qu’il soit avec une manette, une souris, un corps connectée ou sur un terrain de sport fait partie d’une expérience dont les seules limites sont celles de l’imagination… ou la motivation de courir dans le froid un dimanche matin d’hiver au lieu de rester paisiblement dans son canapé.

https://www.youtube.com/watch?v=u2YhDQtncK8

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Jérémie Gentien

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