Comment monter ma boîte m’a aidé à me sentir chez moi

Jason Williams
5 min readJan 26, 2017

Mail Billy a traduit cet article anglais en français pour vous.

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À 14 ans, j’avais une idée précise des deux options possibles pour ma vie : basketteur professionnel ou entrepreneur international. Mais, à cette époque, je ne me doutais pas que ma taille n’allait plus évoluer. L’entrepreneuriat allait donc s’imposer.

J’ai grandi à Lake Stevens, à soixante kilomètres au nord de Seattle, une petite ville américaine comme celle que l’on voit dans Dawson.

Au lycée, j’ai rejoint le club « business ». En terminale, j’en étais devenu le vice-président. Un poste que j’ai décrit moi-même à un de mes professeurs comme ne valant pas un clou. Je voulais toujours être le meneur et, quand je ne l’étais pas, je ne me sentais pas à ma place, j’étais découragé. Je reparlerai davantage de mon précieux ego plus tard.

Comme ce qui arrive à la plupart d’entre nous, mon bateau n’a pas emprunté une direction apparentée à une ligne droite. À l’université, le virus artistique m’a incité à suivre des cours d’écriture créative. Résultat, des scénarios prolixes et inaptes à aucun écran. J’ai aussi lancé une association d’artistes à New York, vendu des t-shirts sérigraphiés dans les rues de Soho pour financer nos projets cinématographiques, essayé d’entrer dans la publicité en suivant les pas d’un ami, pour finalement atterrir dans le marketing d’entreprise au sein de la restauration rapide de sushis. Après toutes ces premières aventures, je continuais de voir l’entrepreneuriat comme la forme la plus satisfaisante de création. J’avais sans cesse de nouvelles inspirations pour des projets novateurs, mais je n’avais jamais un scénario raisonnable pour les concrétiser.

Puis j’ai atterri en France.

Une Française évidemment. Le plan initial était de rester cinq mois pour qu’elle puisse finir ses études. Les cinq mois se sont transformés en un an (pour raisons pratiques), puis deux ans (encore pour raisons pratiques), enfin trois ans (vous avez compris pourquoi). Avant de m’en rendre compte, j’étais « cloué » dans ce pays dont je n’avais jamais imaginé qu’il deviendrait mon lieu de résidence.

Le mal du pays était et est toujours douloureux.

La France est un endroit merveilleux, c’est bien connu. Alors, où était le problème ? Pour le savoir, il est nécessaire de creuser cette histoire de clous. En fait, je n’aimais pas me sentir comme un citoyen de seconde zone. Chez moi, en Amérique, je pouvais prendre des responsabilités et diriger les autres. Mais, ici, je me disais : « Qui va vouloir monter un business avec ce gars qui ne sait même pas prononcer le mot entreprise en français ? »

Alors, je me suis retrouvé là où arrivent souvent la plupart des expatriés : dans l’enseignement. Non seulement je vivais dans un pays où je n’avais jamais prévu de vivre, mais, en plus, avec une carrière que je n’avais jamais envisagée. Comme l’un de mes personnages de romans dirait, à chaque fois qu’un autre meurt, « ainsi soit-il ».

Certes, je ne suis pas mort, mais je ne m’en sentais pas pour autant vivant. Quelque chose me manquait. Et cela me tirait vers le bas. Je suis devenu quelqu’un de malheureux.

Telles étaient mes pensées chaque fois que je me projetais dans le futur :

Néanmoins, ce parcours accidentel avait un point positif : toutes les personnes que je rencontrais en marge de l’enseignement, des entrepreneurs et des professionnels qui avaient besoin de conseils en anglais pour réaliser leurs ambitions internationales. J’adorais ça.

L’un d’eux allait influencer le cours de ma vie.

Sébastien était un entrepreneur dans le numérique installé à « La Plaine Images », un technopôle de Tourcoing. Il m’a contacté parce qu’il avait besoin de cours d’anglais tournés vers les affaires et également d’aide pour sa communication et son marketing à l’international. Nous avons sympathisé dès le début. Il a dû remarquer que je n’étais pas satisfait par la vie que je menais puisqu’après notre deuxième ou troisième rendez-vous il m’a dit : « Jason, je vois que tu as des idées. Pourquoi ne pas développer ton propre projet ? »

Cette simple question a complètement réveillé mon esprit. Pendant les six mois qui ont suivi, j’ai pitché mes différentes idées de business à Sébastien. Elles reposaient toutes autour de concepts numériques centrés sur ce que j’avais fini, au hasard de mon parcours, par connaître le mieux : aider les professionnels français à faire du commerce international. Il partageait avec moi ses retours, très souvent dirigés vers les besoins du marché. Le plus souvent, ce n’était pas ce que je voulais entendre, mais c’était ce dont j’avais besoin.

Un jour, Sébastien m’a présenté ses collaborateurs Matthieu et Alexis qui travaillaient à EuraTechnologies à Lille. Je n’oublierai jamais la première fois où j’ai mis les pieds à l’intérieur de cette ancienne usine. C’était comme si j’avais quitté la France pour un environnement international, un espace chargé d’énergie, d’imagination et de ce qui me manquait tellement depuis tant d’années, cette atmosphère unique d’ambition entrepreneuriale. Ma place était ici, au sein de cette communauté. Mon adaptation en France en dépendait, telle était ma conviction.

Matthieu et Alexis se sont montrés très généreux en m’accueillant dans l’écosystème d’EuraTechnologies. Ils m’ont offert un coin de leur bureau en échange de leçons d’anglais. Ils m’ont présenté à des clients potentiels et à d’autres entrepreneurs intéressants. Et, tout comme Sébastien, ils m’ont encouragé à définir mon propre projet. Petit à petit, mon esprit a retrouvé son état initial, la mentalité entrepreneuriale que j’avais chérie quand j’étais plus jeune. Ma créativité, ainsi que mon ambition, ont refait surface.

En décembre 2015, ce fut le grand saut. J’ai démissionné de mon poste de professeur, sans droits au chômage ni économies.

J’ai écouté avec attention les conseils des nombreux entrepreneurs de mon réseau. Cette réflexion a finalement abouti, avec ma cofondatrice Amber, au lancement de « Mail Billy », un outil de communication en langues étrangères conçu pour aider tous ceux qui se trouvent dans la situation de mes anciens clients.

Après 6 mois d’incubation, nos efforts ont été couronnés. Notre projet a rejoint le programme d’accélérateur d’EuraTechnologies, si bien qu’aujourd’hui, en regardant à travers la fenêtre de notre bureau, voici le tableau qui nous est offert :

La vue de notre bureau chez Mail Billy !

Pour moi, cela vaut bien plus qu’un million de clous.

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Jason Williams

Creative content writer, accidental expat, papa poule, @devilsadvocado