L’exception du design français

Jeremie Berduck
5 min readOct 20, 2015

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Il était une fois, dans un contrée lointaine, un groupe d’érudits. Autrefois, on les appelait les “Scribes”.

Dans cette contrée bien particulière, dont le symbole est un animal qui fait chier tout le monde dès que le jour se lève et qui n’est pas capable de marcher proprement, existait une tradition héritée d’un événement qui allait révolutionner le monde entier : le pouvoir au peuple. Au final, même les monarchies qui ne se sont pas fait couper la tête ont laissé l’exercice du pouvoir au peuple. Classe non ?

Malheureusement, de ce grand événement ne reste qu’une seule chose, dans cette contrée lointaine : Gueuler.

Gueuler sur tout, sur rien, dès qu’il se passe un truc, dès qu’il ne se passe rien, dès qu’un changement bouleverse un microcosme établit, paf, ça gueule. Et cette habitude touche tout le monde, toutes les classes, même les “Scribes”.

Mais qui sont donc ces Scribes ? La définition du terme ne colle pas vraiment au sens que je vais lui donner là. On va dire que le scribe actuel est une personne maniant les outils nécessaires à la création d’éléments graphiques, éléments artistiques et éléments d’interfaces entre l’utilisateur et la machine.

Dans cette contrée lointaine, un événement simple, non pas une révolution hein, non un truc tout simple, comme la sortie d’un bouquin, allait lancer une machine, un rouleau compresseur à conneries, comme je ne me souviens pas avoir vu dans ce milieu…

Ouais, un simple bouquin. Pas la réédition de Mein Kampf (c’est pas une blague pour la peine), un livre rouge de Mao ou un autre truc qui veut t’apprendre la vie, non, un simple livre qui tente de se projeter dans l’avenir d’un métier, même si j’avoue, l’exercice est risqué.

Son problème ? L’argent provient du diable lui-même. Lequel ? Oui parce que dans notre pays, des diables, il en existe autant que d’habitants. Un peu comme la réécriture du “on est tous le con de quelqu’un”, mais en version sataniste : “on est tous le diable de quelqu’un”…

Donc bien sagement vissé sur mon fauteuil de bureau, je vois passer quelques tweets de “gens célèbres”, des références, des gens qu’on invite au ministère des trucs connectés à l’internet. Ces tweets parlent de ce bouquin qui innove parce qu’il y a une app mobile avec, que c’est sur le design et l’avenir du métier, tout ça tout ça… Je me dis chouette, j’ouvre le lien, je vois que c’est Adobe et Fotolia. Je me dis qu’Adobe ferait mieux de s’occuper de faire les bons outils (oui je suis aussi quelqu’un qui gueule, ne l’oublions pas)… Bref, je check, je trouve ça très beau, une initiative chouette avec pleins de gens dedans. (Pour ceux qui ne suivent pas : c’est là)

Les minutes passent, et là… c’est le drame ! Twitter a été le témoin de paroles entre “gens qui se disent du métier” d’une rare violence. À tel point que je n’ai même pas fait le rapprochement tout de suite… Les incriminés ont eu la mauvaise idée de participer à une initiative où il y a Fotolia dedans… Fotolia, pour les “non du métier”, c’est la banque d’images bien huilées qui vent des photos. Son problème : c’est pas cher du tout. Du coup, les photographes ne touchent pas grand chose sur leurs œuvres… oui c’est emmerdant.

Bon on ne va tomber dans le “personne ne les obligent à poster leurs photos sur cette plateforme”, ce serait s’abaisser au même niveau que les insultes que j’ai vu passer, mais bon quand même !

Ça va ça paye bien le métier de mécano ?

Alors avant de m’en prendre plein la gueule pour ravivage de flamme de l’huile sur le feu qui ouvre les portes ouvertes, je ne défends pas Fotolia. Pour dire vrai : je me contre-fout de Fotolia…

Dans ce pays, qui se veut défendre la veuve et l’orphelin, on a un super problème : le Changement. Même son président qui l’a revendiquer durant 6 mois n’y arrive pas.

Alors on défend les taxis contre la concurrence déloyale (oui quand il n’y a pas encore eu de loi, c’est pas loyal, pas classe quoi…), on s’insurge quand un groupe blindé de poignon vient foutre sa merde dans un réseau de revente bien organisé, on invente une taxe à l’octet pour “protéger” l’industrie du disque, bref, on S’INSURGE et on BLOQUE !

Systématiquement, je me dis un truc : mais en 1879, si on avait eu cette mentalité, on aurait guillotiné Thomas Edison avec son ampoule !

“Sauvons les vendeurs de bougies, ces petits artisans au savoir-faire si spécial ! L’électricité, c’est pas bien !”

Je n’arrive pas à comprendre un truc en fait : plutôt que de gaspiller son énergie en paroles inutiles, pourquoi ne pas l’utiliser pour rebondir, pour trouver, inventer, penser, innover ? Alors oui, l’évolution de notre société a toujours laissé des gens sur le côté, comme une migration d’animaux qui abandonnent ceux qui ne peuvent pas marcher suffisamment vite. Oui, je sais c’est pas chouette, mais je pense que c’est à peu prêt aussi utile que de se retenir de chier. Oui c’est dégueu et alors ?

Parce qu’initialement, l’homme est un nomade. Il bouge pour s’adapter à son environnement, il se déplace vers des contrées plus tempérer, pour se protéger, pour nourrir son groupe. J’imagine bien un groupe de nomade se mettre à dire : “Non non on ne va pas bouger, on est bien ici, c’est au troupeau de s’adapter !”

Alors oui, peut-être avec des sites comme Fotolia, tu ne peux plus vendre ta photo aussi cher qu’avant. En même temps, vue ton âge, je doute que tu es connu(e) l’époque bénie de la “photo qui se vend bien”, mais passons, on ne se connait pas…

Photo qui n’a aucun rapport et dont le titre est : “La radio, c’était quand même vachement moins sympa que Twitter

Encore une fois, tu fais comme tu veux, tu peux rester sur le bord de la route à regarder les gens passer, ou trouver une autre route. Une route qui avance, qui te permettra de vivre bien, en marge de l’autoroute que tu détestes. Parce que sans évolution mon ami, on stagne et dans nos métiers, stagner, c’est mourir à petit feu voir très vite…

Et n’oublie pas ami designer que tu as une responsabilité : tout ce que tu crée doit rendre le monde plus beau, plus facile à utiliser, meilleur. Oui, c’est notre responsabilité en tant que designer.

Un gars qui fait du design, ne pense pas ou trop, fait plein de fautes d’orthographe, de grammaire, de vocabulaire (mais il y en a plein tes tweets, donc ça passe…) et qui en plus, je ne sais pas si tu as remarqué, a fait un effort surhumain pour ne pas te demander de fermer ta gueule, classe non ?

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Jeremie Berduck

Product Designer / “noob” iOS Developer rebuilding tech products to be inclusive and ethical. #swift #privacy #ecology #UX #bicycle #Japan #music {he-him}