À la relève du défi écologique : Responsabilités et moyens d’action des entreprises

Plutôt que de défi écologique, il conviendrait d’ailleurs de parler de défi global, puisque la crise climatique annoncée touchera tous les pans de nos systèmes actuels.

Joy Schlienger
12 min readNov 20, 2019
défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises
Défi écologique — Photo by Kristopher Roller

À l’heure où une majorité de scientifiques et d’experts pluridisciplinaires nous urge à prendre conscience de l’état de notre planète et des défis colossaux qui nous attendent, à l’heure où les jeunes descendent dans la rue nous suppliant d’agir pour ne pas hypothéquer leur avenir, à l’heure où les consciences s’éveillent et les citoyens se rassemblent pour questionner leurs habitudes et leur consommation, il est grand temps de répondre présent à cet appel pour la vie qui s’élève de toute part.

Il n’est plus question de débattre sur l’attribution des responsabilités. Toutes échelles confondues, nous sommes tous responsables de notre avenir : citoyens, collectivités, gouvernements et entreprises. Et c’est donc tous ensemble que nous devons agir et mettre en mouvement les changements nécessaires pour un avenir viable et souhaitable.
En effet l’engagement à l’échelle individuelle est impératif mais insuffisant pour supporter l’effort nécessaire à lui seul. Et seule une action collective pourra mener à une réduction drastique de notre empreinte carbone et enrayer la destruction de notre environnement.

défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises
Publication Carbone 4 — FAIRE SA PART ? POUVOIR ET RESPONSABILITÉ DES INDIVIDUS, DES ENTREPRISES ET DE L’ÉTAT FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE

Il n’est donc plus temps de patienter pour voir qui fera le premier pas et les entreprises ne doivent plus attendre des contraintes légales ou économiques pour se tourner vers de nouveaux modèles écoresponsables. C’est dès maintenant qu’elles doivent être pionnières dans cette transition.
Sinon le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et l’épuisement des ressources auront des conséquences dévastatrices à la fois sur le plan écologique, mais également financier, social et humain.

‘Ne pas considérer l’écologie comme la priorité majeure de ce temps relève du “crime contre l’avenir”. Ne pas opérer une révolution dans notre manière d’être relève du “crime contre la vie”.’
Aurélien Barrau

En tant qu’entreprise il ne s’agit donc plus d’être dans la régulation, mais de prendre des initiatives en allant vers l’action et l’innovation. Il est temps de remettre en question nos systèmes de production et modèles économiques pour aller vers plus de transparence, de durable, d’humain et de vision à long terme.
Il ne convient pas de stopper le progrès, mais au contraire de s’en servir pour le mettre au service du bien commun plutôt que de l’intérêt personnel de dirigeants ou d’actionnaires.
Et il ne s’agit pas de faire du greenwashing et d’imposer une nouvelle culture, mais ‘il s’agit tout simplement de se donner les moyens d’éviter le pire, de considérer que la vie à une valeur supérieure à l’argent’.

défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises
https://appel.pour-un-reveil-ecologique.org

Par où commencer ?

Plus aucun d’entre nous ne peut aujourd’hui ignorer la crise écologique et systémique actuelle et à venir. C’est donc à la fois aux dirigeants des entreprises de prendre des mesures et postures fortes d’un point de vue stratégique, mais également à l’ensemble des employés de porter cette responsabilité dans leur travail quotidien.

Le premier pas vers une transition écologique est la COMMUNICATION : tous les collaborateurs de la société doivent avoir les mêmes éléments de lecture et être embarqués dans la transition.

  • En tant que collaborateur, vous pouvez vous positionner en tant qu’ambassadeur du changement et agir pour la transition écologique et solidaire partout autour de vous en informant, et en proposant et mettant en mouvement des actions concrètes.
  • En tant qu’employeur, vous pouvez soit vous tourner vers des intervenants externes pour vous aider à vous remettre en question, puis informer et mettre en mouvement vos collaborateurs : formateurs, associations, organismes de certifications et labélisation, ou impulser directement le changement en interne via l’organisation de tables rondes et de groupes de travail avec vos collaborateurs, la mise en place d’un pôle RSE ou la désignation de responsable du changement par exemple.

Dans tous les cas, il y a de nombreux moyens d’accompagnements possibles et vous pouvez aussi commencer par observer et vous inspirer des nombreuses initiatives et alternatives germant de par le monde.

Au sein de Linkvalue nous avons décidé, à l’initiative d’un collaborateur, de nous faire accompagner et de rassembler toutes les volontés individuelles lors d’ateliers de sensibilisation au changement climatique : LA FRESQUE DU CLIMAT. Ces ateliers seront proposés à l’ensemble de nos collaborateurs d’ici à début 2020 et ont vocation à mettre en lumière la complexité du changement climatique et de ses problématiques et de fournir des clés de compréhension pour passer à l’action.

Une fois tout le monde embarqué vers cet objectif commun, il convient tout d’abord de faire le bilan de son impact actuel afin de visualiser les points d’amélioration, puis de se fixer un plan d’actions avec des objectifs et des indicateurs de performance pour déterminer une feuille de route et mesurer sa progression.

Des actions concrètes

Pour aborder l’aspect économique, évidemment certaines actions à mener représentent un investissement financier, mais certaines d’entre elles peuvent également permettre d’économiser de l’argent sur le long terme. Et surtout dans l’urgence de la situation il convient plus de résonner en pouvoir de vie plutôt qu’en pouvoir d’achat.
Il faut aussi garder à l’esprit que le problème écologique actuel est global et complexe. Il n’y a donc pas UNE solution miracle et il faut considérer tous les aspects des solutions proposées en anticipant les reports d’impact et les coûts cachés.

Le cœur du changement réside toutefois dans le fait d’intégrer les externalités environnementales dans son modèle et dans le fait de se recentrer sur un réseau et des actions locales, raisonnées et responsables, durables et humaines.
L’engagement doit être homogène et représenter la ligne de conduite de l’entreprise dans tous ses aspects, de la gestion de la vie quotidienne, à l’organisation de team building, en passant par les déplacements et modes de travail et son système de production et de distribution. Il doit devenir partie prenante de la culture d’entreprise.

Vie au bureau

En tant qu’ambassadeur de la transition écologique vous pouvez retrouver une liste non exhaustive de bonnes pratiques à proposer et adopter au sein de vos bureaux dans cet article : Agir sur son impact environnemental au bureau : écogestes et bonnes pratiques.

Services généraux & achats
La consommation responsable est un acte qui permet d’avoir une consommation alignée avec ses valeurs, en privilégiant la qualité à la quantité et l’écologie à l’économie.
Il convient donc de sélectionner ses fournisseurs et fournitures selon des critères précis et stricts : distance et mode de livraison court, conditions de travail/ de fabrications saines, production économe en ressources et locale, durée de vie du produit, possibilité de réutilisation ou de recyclage du produit, valeurs de l’entreprise, etc.
Vous pouvez alors établir une charte détaillée à laquelle vous référer.

Mais la consommation responsable, c’est non seulement effectuer des achats auprès de fournisseurs qui respectent notre engagement écologique, mais c’est aussi se passer du superflu en ne consommant que ce qui est nécessaire, c’est faire appel à un prestataire uniquement lorsqu’il apporte une réelle valeur ajoutée et qu’on n’a pas les capacités ou le temps de se former en interne, c’est tenter de réparer ou de trouver un nouvel usage avant de jeter/ racheter et c’est se tourner vers des solutions durables et réutilisables en se souciant de la suite du cycle de vie du produit après usage.

La consommation responsable c’est donc une consommation consciente, réfléchie et raisonnée, de la naissance du besoin à la gestion de fin de cycle du produit consommé, auprès de partenaires choisis et alignés avec notre engagement.

Dans cette optique de consommation responsable, Linkvalue s’engage notamment pour la réduction de ses déchets et le recyclage des produits consommés.
Nous avons par exemple mis en place :
- La collecte de nos biodéchets avec les sociétés
Les Alchimistes à Paris et Les Détritivores à Lyon. Ils transforment les matières alimentaires collectées en compost et nous permettent ainsi de diminuer le volume de nos poubelles.

- Le don de nos ‘restes alimentaires’ conformes et consommables à des associations locales via la plateforme Proxidon développée par la Banque Alimentaire du Rhône.

Modes de travail
L’entreprise peut facilement décliner son engagement écoresponsable en favorisant de nouveaux modes de travail grâce à une politique de mobilité et de communication adaptée par exemple.
Ainsi le travail flexible avec la possibilité de faire du télétravail ou du travail à distance, permet de limiter les trajets domicile-travail ou les déplacements professionnels. Cela est rendu possible par l’adoption d’outils de communication à distance (comme Skype ou Hangout) et de travail collaboratif (comme Trello ou Google Drive).
En termes de politique de mobilité il est également possible d’établir une charte pour définir les règles de déplacements internes : limitation des déplacements en favorisant les réunions à distance, priorité au transport en train, incitation au covoiturage, etc.
En termes de politique de communication il est également possible de mettre en place une culture du 0 papier en tentant de limiter les impressions, ou a minima impression en noir et blanc sur du papier recyclé, et du 0 mail en favorisant les communications en directes ou par messagerie instantanée (Slack par exemple). Et a minima de limiter les pièces jointes et le nombre de destinataires, trier ces mails régulièrement en supprimant ceux qui ne sont plus utiles, réduire la taille des images, etc.

Selon le blog Green IT un actif consomme par an :

défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises
Infographie — Défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises

Conditions de travail
La qualité de vie au travail comprend des conditions de travail saines et optimisées pour garantir un confort de travail autant sur le plan physique que mental. Le matériel et l’environnement de travail doivent donc être adaptés aux besoins des collaborateurs, mais cela n’exclut pas qu’ils respectent également l’environnement.
Par exemple, en ce qui concerne le matériel de travail, tel que : ordinateur, chaises, bureau, … Il est tout à fait possible de choisir du matériel de qualité en se tournant vers le marché du reconditionné et du seconde main.
Et entre autres critères vérifier la consommation énergétique, la durée de vie du produit, sa provenance, etc.
À savoir au sujet du mobilier que les meubles neufs, en plus de consommer des ressources pour leur fabrication, polluent l’air et peuvent être nocifs jusqu’à 5 ans après leur achat. En effet la présence de colle, laque et peinture est à l’origine de rejets continus dans l’air de composés organiques volatils.
Les locaux ne sont pas en reste, et bien sûr plus leur DPE et leur GES sont positifs mieux c’est, à la fois pour votre santé, pour le confort de vos salariés, votre facture et votre consommation de ressource énergétique.
Et il existe une multitude de ressources pour mieux gérer votre consommation énergétique tout en bénéficiant d’un confort phonique, visuel et thermique : variateur de lumière, allumage automatique sur détection de mouvement, ampoule à faible consommation, thermostat de température, film ou matériaux isolants, multiprise avec bouton OFF, etc.

Chaîne de production de produits/ services

Les engagements à prendre et les actions à mener dépendent bien sûr de votre secteur d’activité, selon que vous soyez dans le secteur de l’industrie, du numérique, du service, de l’agriculture, … Mais chaque domaine a les possibilités de se réinventer.

En ce qui concerne les activités du domaine du numérique, leur bilan carbone est aussi important que celui du transport aérien, entre la fabrication et le transport du matériel, les infrastructures numériques, les serveurs de données et les usages. On estime d’ailleurs que 16% de la consommation d’énergie mondiale est engendrée par le numérique !
Il y a donc de véritables enjeux et un fort potentiel de progression quant à la conception de services numériques responsables.
Cette volonté de produire des services numériques écoconçus se retrouve d’ailleurs aujourd’hui dans l’émergence des mouvements LowTech, GreenTech et TechForGood, qui traduisent une volonté de plusieurs acteurs du secteur de s’engager en faveur du développement durable et de technologies au service de l’humain.
Nous avons rencontré l’un d’entre eux, Manuel Carrasco Molina, qui entre autres engagements, partage ses bonnes pratiques pour limiter lors de leur création, la consommation d’énergie liée à l’utilisation d’applications mobiles :

Meet-up du jeudi 14 novembre par Manuel Carrasco Molina à Linkvalue — défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises

Et il existe maintenant de nombreux outils pour évaluer la consommation d’énergie ou l’empreinte environnementale de ses outils numériques, et bénéficier de recommandations d’optimisations.

L’écoconception de produits et services numériques peut donc en effet passer par l’efficience du code, un choix réfléchi sur l’hébergement des ressources, mais également par la conception de produits durables, sans obsolescence programmée, qui peuvent être réappropriés facilement, notamment grâce à l’opensource.
Et c’est à l’entreprise d’imposer ces choix techniques en évangélisant ses clients et parties prenantes. Et à nouveau la création d’une charte peut être pertinente pour que ces critères de production soient inclus de manière systématique sur chaque projet.

Christiana Figueres, expliquait également lors du WebSummit 2018, que le secteur tech avait tout intérêt pour des raisons écologiques, mais également de potentiel de réalisations, à se tourner vers des secteurs encore peu avancés dans la décarbonation pour les aider à se transformer :

Christiana Figueres — Défi écologique : Responsabilités et moyens d’action des entreprises

Tous secteurs confondus, et cette vidéo l’illustre d’ailleurs, il est fondamental d’investir en recherche & développement pour trouver de nouvelles solutions innovantes afin d’optimiser son empreinte environnementale.
Certaines industries en sont fortement dépendantes pour réussir à se transformer durablement.
Par exemple l’industrie aérienne n’a pas encore accès à une technologie efficiente pour se transformer et réduire significativement ses émissions carbones. En attendant, elle compensera donc l’accroissement de ses émissions par l’achat de crédits carbone auprès d’autres secteurs économiques. Mais sans solution convaincante sur le court terme, bien que des efforts soient engagés (engagement volontaire des compagnies à vouloir réduire leur empreinte par 2 d’ici à 2050, suppression du duty free dans certains avions pour réduire le poids transporté et donc la consommation de carburant, utilisation de carburant durable, …), le secteur est victime d’un boycott de la part de certains consommateurs, avec le développement d’un sentiment de culpabilité de prendre l’avion, nommé flygskam en suédois.
Pieter Elbers, le directeur de la compagnie aérienne KLM, admet lui-même qu’en l’absence de solution pertinente immédiate, la meilleure solution actuelle reste de moins prendre l’avion !

défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises
Lettre ouverte de Peters Elbers, directeur de la compagnie KLM — défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises

Stratégie et culture d’entreprise

défi écologique : responsabilités et moyens d’action des entreprises
Publication Carbone 4 — FAIRE SA PART ? POUVOIR ET RESPONSABILITÉ DES INDIVIDUS, DES ENTREPRISES ET DE L’ÉTAT FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE

L‘engagement écologique doit être porté par la direction pour pouvoir être global et s’appliquer à l’ensemble des domaines de l’entreprise. Et il doit être repris par tous pour devenir une composante essentielle de la culture de l’entreprise.
Outre la prise en compte de l’impact écologique dans les domaines de la consommation et de la production, toutes les décisions stratégiques doivent s’aligner et venir appuyer cet engagement.
Que ce soit par exemple en soutenant les mobilités alternatives de ses collaborateurs (indemnités kilométriques vélos, mise à disposition d’un parking à vélo, …), en désignant des référents avec des moyens d’action à leur disposition, en permettant à ses collaborateurs d’assister aux marches pour le climat sur leur temps de travail comme l’a fait Backmarket, en reversant une partie de son chiffre d’affaires à des associations environnementales comme le fait Patagonia, en choisissant de certifier ses exigences par un écolabel.
Et au-delà de l’engagement envers ses parties prenantes internes, il y a aussi foule d’engagements possibles à mener vers l’externe comme la plantation d’arbres, le parrainage de ruche, le parrainage ou le mécénat d’événements/d’associations en faveur de la protection environnementale, etc.

Bien sûr le but n’est pas de mener uniquement ces actions pour soigner son image de marque afin de gagner ou ne pas perdre de clients, de retenir ou d’attirer des talents, ... Les changements doivent être profonds et portés par de réelles convictions et une responsabilité éthique.
Avancer sur le chemin de l’écologie et de la biologie c’est naturellement se tourner vers plus d’impact social, sociétal, se tourner vers l’humain et s’ouvrir à l’autre. En plus d’un devoir moral, les entreprises ont donc réellement tout à gagner en se saisissant du défi écologique.

Pour conclure il faut aussi noter que l’attrait financier, bien qu’indispensable à la pérennité de l’entreprise, ne doit plus rester une fin en soi, et qu’il s’agit d’un changement culturel et systémique à opérer pour ne pas reproduire les travers qui nous ont menés à la crise actuelle.
Nous sommes aujourd’hui entrés dans le temps des conséquences et chacun de nos actes comptera dans la balance.”

Dans la lignée de ce sujet, je vous invite à partager la réflexion de nos collaborateurs sur l’impact carbone du numérique et la mesure de ces émissions : Impact carbone du numérique : mesure des émissions du Web et Quelle est l’empreinte écologique des entraînements de modèles en data science ?

De plus, nous publions régulièrement des articles sur des sujets de développement web et mobile, de data science, de conception produit et d’organisation du travail. N’hésitez donc pas à suivre notre compte Medium pour être notifié de nos prochaines publications et réaliser votre veille professionnelle.

Vous pouvez également suivre nos publications et notre actualité professionnelle, via nos différents réseaux sociaux : LinkedIn, Twitter, Facebook, Instagram, Youtube, Twitch, et notre newsletter mensuelle.

Pour en savoir sur notre entreprise et nos expertises, vous pouvez aussi consulter notre site web et nos offres d’emploi sur notre page Welcome to the Jungle.

--

--