Initiation au sketchnote : La prise de note revisitée
Le sketchnote est un des outils issus de la pensée visuelle, elle-même plus connue sous sa forme anglaise ‘visual thinking’.
La pensée visuelle signifie ‘penser en image’, et cette pensée peut s’exprimer par différents outils tels que feuille, stylo ou encore logiciel.
L’expression de la pensée visuelle, la communication visuelle, a d’ailleurs débuté il y a plusieurs milliers d’années de cela, à travers les dessins de nos ancêtres préhistoriques.
Appliqué au domaine professionnel, le visual thinking présente de multiples avantages.
Le premier étant le renforcement de nos capacités de mémorisation. En effet, les images visualisées sont stockées directement dans notre mémoire à long terme, contrairement aux mots qui se retrouvent dans notre mémoire à court terme.
Le visual thinking permet également de développer sa créativité et son esprit de synthèse.
Il faut aussi noter que le fait de visualiser l’ensemble des possibilités, et non seulement un seul aspect d’un élément peut également faciliter la résolution d’un problème ou la découverte d’angles d’approche nouveaux et innovants.
Il peut être utilisé à titre individuel, mais également dans le cadre du collectif lors d’ateliers de coconstruction par exemple. Il fait aussi partie des outils privilégiés dans l’application de méthodes agiles.
Le visual thinking s’utilise également dans l’animation de réunions, les rendant à la fois ludiques et engageantes et permettant de mieux capter l’attention d’un auditoire.
Enfin il facilite la communication en permettant de se faire comprendre instantanément, ce qui permet de partager une vision commune et de limiter les erreurs d’interprétation.
Par exemple :
Lorsque je lis le texte, mon cerveau découpe les mots en syllabes et fait appel à son lexique grammatical pour donner un sens au texte lu.
En exécutant ce processus, il s’avère que le cerveau met plus de temps à comprendre l’information, qu’en regardant le visuel.
Avec le visuel, le cerveau reconnaît instantanément ce dont il est question, et de plus l’image impose un imaginaire commun du chien proposé, permettant à tous une même représentation du sujet.
La pensée visuelle se décline sous différentes formes :
- Le Mindmapping : construction d’une carte mentale qui s’articule autour d’une idée centrale à laquelle se rattache un ensemble de ramifications, souvent utilisé dans le cadre de brainstorming,
- Le scribing : Il s’agit de représenter graphiquement une discussion au service de l’intelligence collective, afin de favoriser les échanges et la réflexion,
- La méthode Kanban : Il s’agit d’une représentation en tableau de gestion de l’avancement des tâches afin de visualiser le workflow d’une tâche, d’un projet,
- Le sketchnoting
- … Et de multiples autres déclinaisons.
Mais qu’est-ce que le sketchnote au juste ?
Le terme est apparu en 2012 dans l’ouvrage de l’américain Mike Rohde, qui fût le premier à publier sur ce sujet. Bien que l’on entende souvent que le premier sketchnoteur fut Léonard de Vinci, qui avait pour habitude de travailler avec des schémas annotés.
La définition de sketchnote, se retrouve dans sa traduction :
SKETCH = Esquisser, dessiner
NOTE = Prise de note
Le sketchnote, aussi appelé croquinote en France et au Canada, est donc une méthode de prise de notes visuelle mêlant texte et dessin.
Cette méthode réunit les intérêts du visual thinking (listés plus haut), ainsi que les intérêts suivants :
- Gain de temps lors de la prise de notes,
- Une implication des participants qui deviennent acteurs, et pas uniquement un auditoire passif,
- Plaisir à la fois de prendre, mais aussi de relire ses notes.
Domaines d’application
Dans le cadre professionnel, les cas de recours au sketchnote peuvent être variés :
- Participation à une formation
- Participation à une conférence
- Dans le cadre d’un entretien
- Dans le cadre d’une réunion interne/ externe
- Lors d’ateliers de coconstruction
- Pour préparer une présentation
- Dans le cadre d’une restitution de groupe ou de travail
- Dans le cadre de l’animation d’un événement
En résumé
Derrière l’outil et la technique, il faut effectivement souligner qu’outre l’usage managérial, notamment en agilité, c’est effectivement un formidable support de développement personnel.
C’est également un mouvement en plein essor qui rassemble une communauté internationale, dont on peut retrouver les conseils et les réalisations notamment sur Twitter.
Et c’est même devenu une activité rémunérée pour certain·e·s sketchnoteur·se·s, qui sont appelé·e·s pour travailler en live lors d’événements.
Et comment se mettre au Sketchnote ?
Il faut tout d’abord comprendre qu’il n’y a pas de règles figées et qu’il s’agit d’une méthode de prise de notes personnalisée que chacun va pouvoir s’approprier. Ainsi, c’est à chaque sketchnoteur·se de trouver son équilibre en termes de proportion texte / visuel.
Pour exemple, les 2 sketchnotes suivant :
Développer son esprit de synthèse
Il est évident que lors de la prise de notes, il ne s’agit pas de tout retranscrire, mais uniquement les informations clés qui font sens pour vous.
Il est donc primordial d’être dans une attitude d’écoute active.
Dans un premier temps, vous pouvez crayonner les informations filtrées que vous souhaitez retenir, puis au fur et à mesure revenir sur les informations qui vous paraissent les plus importantes en ajoutant des détails, de la couleur, … Pour les mettre en avant.
Positionner les éléments sur la page
Comme précisé auparavant, il n’y a pas de règles définies sur la manière de prendre des notes.
En format portrait ou paysage, c’est donc à chacun de laisser libre cours à ses envies.
Néanmoins, deux conseils peuvent s’avérer pratiques sur la structuration de votre page, notamment pour débuter :
- Le sens naturel de lecture pour l’œil humain est la lecture en Z, n’hésitez donc pas à positionner vos éléments selon cet axe pour que la lecture en soit facilitée.
- Tout comme les designers, vous pouvez vous servir de grilles pour prédéfinir les différentes zones qui contiendront votre contenu.
Par exemple, si vous connaissez à l’avance le plan ou le nombre de parties d’un talk auquel vous assistez, vous pouvez découper votre page selon le nombre de parties annoncées.
Si le nombre de parties n’est pas connu, vous pouvez découper votre page en cases verticales que vous remplirez les unes à la suite des autres.
Composer avec le texte
En plus de la multitude de polices existantes, vous pouvez également jouer avec les couleurs, la taille, les capitales et minuscules, les ombres et mises en profondeur, …
Toutefois afin de conserver de la clarté et de faciliter la relecture, je vous conseille de définir en amont de chaque sketchnote une grammaire visuelle, qui vous aidera à vous y retrouver en un coup d’œil.
Par exemple : titres en vert et majuscule encadrés en noir, sous-titres en noir souligné en vert, texte en noir, dessin en bleu.
Aussi, il ne faut pas avoir peur du blanc, une page aérée facilitera également la compréhension de l’ensemble.
Composer avec les formes
Dessiner est un processus naturel que nous maîtrisons globalement tous et que nous avons tous exploré enfant.
Il ne s’agit pas de savoir dessiner, mais de savoir composer avec les formes géométriques les plus simples : carré, rectangle, cercle, triangle, trait et courbe.
Si vous ne savez pas dessiner ou comment représenter un élément, ne vous bloquez pas et mettez-le sous forme de texte.
Et c’est là que vous comprendrez tout l’intérêt de vous constituer au fur et à mesure un vocabulaire graphique.
En effet, au fil de l’eau vous associerez des mots et notions à des visuels, que vous serez alors en mesure de réaliser de manière fluide lors de votre prise de notes.
Utiliser des techniques de mise en avant
Afin de mettre en avant des éléments de votre sketchnote, plusieurs possibilités s’offrent à vous :
- Ajouter des numéros, des connecteurs, des puces ou encore des cadres
- Jouer avec le contraste, la couleur ou la taille des éléments
- Ajouter des lignes de mouvement ou d’accent.
Les lignes de mouvement accompagnent une forme pour en faire comprendre le mouvement (par exemple des lignes courbes le long d’une roue pour faire comprendre qu’elle avance).
Les lignes d’accent mettent l’accent sur un élément pour attirer l’attention dessus (traits autour d’un pot d’échappement pour attirer l’attention sur la pollution ou vagues autour d’un réveil pour faire comprendre qu’il sonne). - Etc.
À vous de jouer
Pour vous entraîner vous pouvez commencer par vous lister plusieurs termes que vous devrez ensuite représenter sous forme de visuels et ainsi commencer à vous construire votre vocabulaire graphique.
Vous pouvez également prendre un mot et essayer de l’écrire d’au moins 5 manières différentes pour vous entraîner sur la partie lettrage.
Enfin avant de commencer la prise de notes en direct lors d’événements, vous pouvez démarrer des prises de notes en écoutant des conférences TEDx que l’on trouve en ligne et qui constituent un bon vivier d’entraînement.
Pour aller plus loin
De nombreux livres existent maintenant sur le sujet, pour ma part je recommande ‘Sketchnote Time’ de Béatrice Lhuillier, et vous retrouverez un grand nombre de sketchnoteur·se·s et de réalisations sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter.
De nouveaux événements voient également le jour et représentent l’opportunité idéale de se perfectionner et de rencontrer d’autres adeptes, tels que les SketchNight à Paris.
Vous pouvez retrouver d’autres sujets abordés sur le blog Positive Thinking Company lors de notre journée de partage du 11 juillet 2019 en consultant l’article dédié :