L’approche par le corps, ou comment j’ai amélioré mon bien-être

Julie Magnus
9 min readApr 18, 2018

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Au cours de ces 2 dernières années j’ai vécu deux événements qui m’ont particulièrement marqué.

Le premier était un surmenage au travail combiné à une rupture amoureuse pendant l’été 2016, le deuxième était une chute à vélo en octobre dernier.

L’un et l’autre ont été des signaux d’alarme suffisamment forts pour pointer du doigt une situation dans laquelle je vivais et qui n’était pas saine.

  • Premier cas : il y a deux ans, je travaillais encore dans un gros cabinet d’audit. Je venais tout juste d’être promue manager, ce qui était le fruit porté par de longues heures de travail, de courtes nuits de sommeil, d’un équilibre vie perso / vie pro inexistant.

Mon corps m’envoyait bien des signaux (fatigue, mal de dos, insomnies, manque d’appétit), mais je n’y étais pas attentive.

La rupture amoureuse est arrivée et elle a, du jour au lendemain, remis en cause mon mode de vie et ce que je prenais pour acquis depuis les 5 dernières années, tant sur le plan personnel que professionnel.

  • Deuxième cas : depuis que j’ai changé de travail en mars dernier, j’ai plus de temps pour moi. Les sorties s’accumulaient, et surtout, j’enchaînais les soirées bien arrosées, je fumais clope sur clope, j’étais en manque de sommeil.

Et puis une nuit, alors que je rentrais « pas tout à fait fraîche » en vélo chez moi, j’ai fait une chute en plein milieu de la route. Bilan des courses, une blessure à l’épaule et la prise de conscience que j’avais eu de la chance, que cela aurait pu se terminer bien plus mal.

J’ai trouvé plusieurs points communs à ces deux événements. D’abord, le fait d’avoir été totalement déconnectée de mon corps. Je n’écoutais pas les signaux qu’il m’envoyait, et je l’avais considéré comme une poubelle à travers mes excès en tout genre et répétés.

Ensuite, la période qui a suivi ces 2 événements déclencheurs a été l’occasion de remettre à plat pas mal de choses dans ma vie.

J’ai commencé par prendre des cours de yoga et d’improvisation théâtrale il y a deux ans. Plus récemment, j’ai fait des changements dans mes habitudes alimentaires et mon rythme de vie (sorties, équilibre vie pro / vie perso).

Avec un peu de recul, je comprends que ce qui relie tous ces changements entre eux est une approche fondamentalement basée sur le corps.

Ce que j’appelle « l’approche par le corps » est une notion que j’ai découverte pendant mon cours d’impro. On nous apprend que l’impro est un mélange de création (le mental donc), et de lâcher-prise. Afin de trouver de l’inspiration pour nos scènes, il faut apprendre à lâcher-prise et à laisser le corps aller librement dans ses mouvements. Ensuite seulement, il faut utiliser sa tête pour imaginer quelle chose réelle pourrait être représentée par ces mouvements, et construire une situation.

« Le corps d’abord », c’est pour moi une façon totalement nouvelle d’aborder les choses.

Je n’en avais pas forcément conscience de suite, mais ce nouveau mindset m’a permis d’améliorer mon niveau de bien-être.

Voici les quelques éléments que j’ai identifiés.

Réconcilier mon corps et mon esprit

J’ai commencé à pratiquer le yoga en septembre 2016. Je travaillais encore en cabinet d’audit, mais j’avais décidé qu’un premier petit pas pour prendre soin de moi serait de faire une activité qui me permette de détendre mon esprit et mon corps.

Pendant mon premier cours, après avoir passé ce petit moment de gêne personnelle, où je me retrouve — ainsi que les 10 autres personnes autour de moi — à quatre pattes et les fesses en l’air, je me prends au jeu.

Le cours débute par une séance d’exercices de respiration, pour prendre le temps de se connecter à son corps dans l’instant présent. S’en suit ensuite un enchainement de postures à base d’étirements et de renforcement musculaire, le tout réalisé de façon synchronisée avec sa respiration. Enfin, le cours se termine par une séance de méditation.

A la fin du cours, je me sens épuisée physiquement — comme après une séance de sport — et en même temps, complètement apaisée mentalement.

Pour une fois, j’ai l’impression que mon corps et mon mental sont sur la même longueur d’onde. Depuis ce jour, je pratique le yoga au moins 2 fois par semaine.

Etre à l’écoute — Accepter mes limites — Etre plus tendre avec moi-même

Quand on parle de yoga, on s’imagine souvent des personnes pliées en quatre, ou avec une jambe derrière une oreille, ou que sais-je. La vérité, c’est qu’à moins d’être yogi très confirmé, on en est loin, et ce n’est pas grave.

Une des règles de base que j’ai apprise c’est qu’on a tous des corps différents, qu’il faut être à son écoute, et donc s’arrêter dans une posture d’étirement là où c’est juste, là où le corps s’étire sans faire mal. Et si cet endroit signifie qu’on s’est plié de 2 cm vers l’avant seulement, il faut l’accepter quand même.

Avec la pratique, la souplesse se développe et ce qui n’est pas possible aujourd’hui, le sera demain, ou après-demain.

Ayant toujours été du genre bonne élève en classe, cette notion est assez frustrante pour moi au début car j’ai envie de réussir tout, tout de suite.

Mais force est de constater que même avec toute la volonté du monde, le corps a ses limites et le mental ne peut rien y faire. Le jour où j’ai accepté cette idée, j’ai aussi arrêté de me mettre la pression pour « réussir » telle ou telle posture.

A partir de ce moment, dans ma vie de tous les jours, j’ai commencé à accepter que les choses se fassent selon un certain rythme, que cela pouvait prendre du temps, et que je ne pouvais pas tout contrôler.

Se challenger — Progresser en permanence — Avoir plus de confiance en soi

Mon plus gros étonnement avec le yoga, c’est d’y avoir trouvé une notion de challenge avec moi-même.

Un des cours que je suis est animé par une prof qui a très à cœur de proposer plusieurs options pour la pratique de certaines postures, d’un niveau simple à plus avancé.

Souvenirs d’enfance et de mon côté casse-cou de l’époque, quand je vois ma prof faire des postures d’équilibre sur les mains, sur la tête ou sur les avant-bras, j’ai très envie de faire pareil !

Le problème c’est que je ne peux pas faire toutes les postures en option avancée dès le début, soit par manque de souplesse, par manque de force, ou parfois simplement par peur.

Au fil des séances pourtant, je fais des progrès. J’ai gagné en souplesse, j’ai gagné en force, j’ai dépassé mes peurs.

Il y a 2 ans, jamais je n’aurais imaginé tenir en équilibre sur mes avant-bras. Pourtant, aujourd’hui j’y arrive (quand je suis très en forme). Entre les deux, il y a eu une série de petits pas. Et à chaque nouveau petit pas réalisé, je me suis sentie plus confiante et fière d’avoir repoussé mes limites et d’être sortie de ma zone de confort. Cette énergie me booste pendant plusieurs jours.

Cela m’inspire aussi pour adopter à l’avenir cette attitude face à des micro-challenges dans d’autres domaines de ma vie : cela peut aller des simples jeux de séduction, à l’organisation d’un voyage en solo, à la redéfinition de mon parcours professionnel.

Yoga et impro

J’ai commencé l’impro en même temps que le yoga. Jouer devant d’autres personnes c’est quelque chose qui me fait peur, et ça se voit : dos courbé, épaules qui tombent, bras collés contre mon corps.

Mais en impro comme au théâtre, il faut penser « le corps d’abord ». Ceci implique de se redresser, décoller ses bras, bref, prendre de l’espace.

Justement, pendant les cours de yoga, on apprend à porter plus d’attention sur son corps (mouvements, alignements, transferts de poids), on y recréé de l’espace et on se libère des tensions. Apprendre à bien respirer y est aussi fondamental.

Tout cela m’aide beaucoup pour me sentir moins crispée et me permet donc de mieux occuper l’espace de la scène. Et ensuite c’est un cercle vertueux : en me sentant mieux sur scène, je prends plus de plaisir à jouer, je suis plus créative et mieux connectée à mes partenaires de jeu.

L’énergie que cela procure est incroyable.

Etre à l’écoute — Accepter mes limites — Etre plus tendre avec moi-même (la piqûre de rappel !)

Grâce à la pratique du yoga j’ai appris à m’écouter, à connaître mes limites et surtout à être plus indulgente avec moi-même.

En dehors des cours, cela n’a pourtant pas été si simple d’appliquer ce principe à ma vie de tous les jours.

Durant l’automne dernier je vivais à un rythme effréné, à fond dans le boulot, à fond dans les sorties, à fond dans la fête, jusqu’au moment où est survenu l’accident.

Au final, je ressors de cette chute de vélo avec « juste » une entorse, mais je vis ça comme un choc, car je me souviens bien de la voiture qui venait au loin, et qui aurait pu être plus près.

Ce soir là, j’ai repoussé les limites, mais bien au-delà de ce qui était acceptable pour mon corps. Mon esprit a choisi de faire abstraction des signaux, j’étais dans une bulle, déconnectée de moi-même et des autres.

Assez paradoxalement, les semaines qui ont suivi ont été pour moi les plus bénéfiques de ces dernières années.

J’ai d’abord compris qu’il fallait que je prenne plus soin de moi : au revoir le tabac (bientôt 6 mois !) et beaucoup moins d’alcool (la modération !). Mon corps ne voulait pas de ça, alors autant arrêter.

Quelques mois plus tard, j’ai poussé la démarche encore plus loin. J’ai recommencé à cuisiner mes repas et je suis devenue végétarienne. Cela me prend du temps, mais je me réjouis toujours de voir mon assiette bien garnie avec les choses que j’aime !

Je parlais de lâcher-prise tout l’heure… mais ici, la bonne option était de reprendre le contrôle sur ma santé. Depuis que j’ai arrêté de fumer je me sens aussi plus maître de moi, libérée d’une addiction, et cela me donne aussi plus de confiance.

Ensuite, comme je portais une attelle, je devais demander parfois de l’aide aux autres. Cela paraît bête, mais pour mon côté SuperWoman hyper indépendante, ce n’était rien d’évident.

Et là j’ai redécouvert cette vraie bienveillance qui peut venir des autres personnes, et pas seulement mes proches, aussi mes collègues, mon prof d’impro, mon kiné, le marchand en bas de chez moi, des inconnus dans le métro.

Dans ce moment de vulnérabilité, j’ai été touchée, et je me suis sentie très reconnaissante.

Quel rapport avec l’approche par le corps ? Les émotions se manifestent par le corps, des papillons dans le ventre, le cœur qui bat, rire à gorge déployée, rougir. Etre connecté à soi c’est aussi être à l’écoute de ces sensations et donc de ses émotions. En acceptant ces dernières telles qu’elles arrivaient, je me suis sentie plus sincère avec moi-même et les autres.

Le bilan de ces deux dernières années c’est que j’ai l’impression d’à peine toucher du doigt tous les bienfaits qu’une approche basée sur le corps pourrait avoir dans ma vie.

Il y a bien sûr les aspects purement physiques : depuis que je fais du yoga je n’ai plus de douleurs dans le dos, avec l’arrêt de la cigarette j’ai l’air (et je suis !) en meilleure santé. Le tout combiné avec une meilleure alimentation et je me sens beaucoup plus « fit », comme si j’avais retrouvé mon corps de lycéenne.

Il y a ensuite le lien avec mon mental : « un esprit sain dans un corps sain ». Comme je me sens mieux dans mon corps et plus à l’écoute de mes besoins, j’ai repris confiance en moi. Mieux que cela même, je me sens emplie d’une force inépuisable, qui me pousse à aller de l’avant et à sortir de ma zone de confort, à lâcher-prise (en préservant ma santé cette fois !).

Enfin, me sentant mieux avec moi-même, je me sens mieux avec les autres. Plus connectée avec eux et avec l’environnement extérieur.

Alors je ne prétends pas donner une recette miracle pour améliorer son bien-être, ni dire que c’est facile tous les jours. Encore moins dire qu’il faut arrêter de fumer, se mettre au yoga et faire tout ce que j’ai fait.

Simplement, on oublie parfois qu’il peut être bon de prendre le temps d’observer un peu plus ce qui se passe pour notre corps, d’être à l’écoute, de faire confiance à son instinct !

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