Le ski alpin a trouvé Savoie olympique

Julien Dubois
3 min readJan 28, 2022

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Les clubs de Savoie sont les plus représentés parmi les skieurs français sélectionnés aux Jeux olympiques. La réussite du département s’explique par une topographie et des moyens favorables à la haute performance.

Le skieur de Courchevel Alexis Pinturault représentera son club de Savoie aux Jeux olympiques de Pékin.

Le 22 février 1992, Carole Merle dévalait la pente des Jeux olympiques d’Albertville dans sa combinaison zébrée verte et rouge. La skieuse de Briançon prenait la seconde place du Super G et faisait la fierté du club des Hautes-Alpes. Dans une semaine à Pékin, ils seront trois skieurs originaires du département susceptibles de reprendre son flambeau. Moitié moins que la délégation savoyarde qui truste de nombreuses places en équipe de France.

Depuis 1992, les skieurs du massif alpin font chasse gardée sur les épreuves chronométrées. Parmi les 145 athlètes sélectionnés pour participer aux Jeux olympiques depuis Albertville en 1992, 143 font partie d’un club des Alpes.

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Au sein du massif alpin, le détail des chiffres montre une autre domination. Les pistes de Savoie sont les principaux viviers de champions depuis le début des années 2000. Depuis les Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002, les clubs du département ont pourvu près de la moitié des skieurs français sélectionnés. Dans une semaine, lors des Jeux de Pékin, ils seront sept athlètes à représenter un club savoyard.

Quatre lycées de sport/étude en Savoie

« Le ski est une activité primordiale dans notre département, assure Isabelle Jalkh, membre du comité de ski de Savoie. Les clubs et les stations sont financièrement solides ». Avec un maillage de 77 structures dans le département, la Savoie perpétue depuis six olympiades sa filière d’excellence en ski alpin. Pourtant la Haute-Savoie avec 116 clubs recensés selon la Fédération Française de Ski, a envoyé nettement moins d’athlètes aux Jeux olympiques. 38 skieurs sont issus du département contre 64 pour la Savoie.

Le comité s’appuie notamment sur une détection précoce pour former les champions de la glisse. « Nous disposons de six collèges en sport études, un dans chaque vallée, et de quatre lycées », rappelle Isabelle Jalkh. Avant d’intégrer ces sections, le repérage « se fait tous les jours à l’échelle des clubs ».

En Isère, la réussite n’est pas identique. Malgré une population trois fois plus importante, le département n’obtient pas les mêmes résultats que son voisin de la Savoie. La superficie du domaine skiable isérois est aussi nettement moins importante. Les structures de performance sont aussi moins abondantes. L’Isère ne dispose que d’un lycée proposant une filière sport/étude.

Les départements voisins en retrait

« A Grenoble, il y a le foot, le rugby, le hockey, détaille Babeth Miaillier, présidente pendant 18 ans du club de l’Alpe d’Huez. Le ski n’est pas mis de côté mais il y a moins de moyens ». Le club de la station a envoyé cinq fois des skieurs aux Jeux olympiques, entre 2002 et 2010. Douze ans plus tard, le prochain lauréat se fait encore attendre.

Former des athlètes de niveau olympique a un coût. Seules les grandes structures peuvent permettre à leurs adhérents des entraînements personnalisés ou des stages sur les glaciers. Le club de l’Alpe d’Huez tente tant bien que mal de rivaliser avec les clubs phares de Savoie. « On ne se fait pas croquer, mais notre réservoir est moins important » détaille Babeth Miaillier.

Sébastien Santon est responsable technique du club de Courchevel. Il confirme l’importance des moyens mis à disposition pour former des futurs participants olympiques. « Dans la station et au club, il y a une dynamique qui s’est installée depuis 20 ans », précise-t-il. Cet investissement est payant. Depuis 2006, Courchevel a tout le temps envoyé au moins un de ses athlètes aux Jeux olympiques d’hiver. Cette année, Alexis Pinturault, vainqueur de la coupe du monde en titre, représentera la station de la vallée de la Tarentaise aux Jeux.

Cette domination savoyarde semble installée sur le long-terme. En 2023, les stations de Courchevel et Méribel accueilleront les championnats du monde. Une nouvelle occasion de briller pour les skieurs locaux.

Pierre-Loeiz Thomas et Julien Dubois

Méthodologie :

Nous avons collecté les données des skieurs alpins français sélectionnés aux Jeux olympiques. Depuis 1992 et l’édition d’Albertville jusqu’à Pékin en 2022. À travers ces neuf éditions olympiques, nous avons analysé le club d’origine de chaque skieur sélectionné. Ainsi que le département dans lequel se situe le club pour chaque édition des Jeux olympiques.

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