Devs PHP, rémunération et parité

Mathieu Lemoine
5 min readFeb 21, 2020

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L’édition 2019 du baromètre AFUP/JDN des salaires dans l’écosystème PHP français est disponible en ligne depuis quelques jours sur https://barometre.afup.org/ . L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur l’évolution du milieu concernant la parité homme/femme, aussi bien en termes d’effectifs que de rémunération.

Effectifs bruts

La première chose à regarder est l’évolution globale du nombre de femmes. Si elles représentaient 5,26% des réponses en 2017, ce chiffre atteignait 7,08% en 2018 et 6,69% en 2019. La forte hausse de 2018 s’est donc confirmée en 2019 : il y a nettement plus de femmes dans l’univers PHP ces 2 dernières années.

Si l’on regarde le niveau d’expérience des sondés, on constate effectivement que 40,7% des femmes sondées ont moins de 2 ans d’expérience, contre seulement 11% des hommes sondés. En 2017, ce chiffre était de 6,9% pour les hommes et 12,5% pour les femmes.

En interpolant les chiffres, on peut retracer la courbe approximative de répartition des sondés par années d’expérience, et ainsi déterminer le nombre d’années d’expérience médian pour les hommes et les femmes. En 2017, on obtenait cette courbe :

% des sondés dont l’expérience est inférieure à… (2017)

On obtient ici un nombre d’années d’expérience médian en 2017 de 7 ans pour les hommes et 6 ans pour les femmes. On note aussi la pénurie de profils juniors, trop peu nombreux pour assurer le renouvellement de la population de développeurs PHP. En 2019, le résultat est très différent :

% des sondés dont l’expérience est inférieure à… (2019)

L’afflux récent de nouveaux développeurs juniors, parmi lesquels les femmes sont beaucoup plus nombreuses, a considérablement changé la donne. Si l’expérience médiane des hommes a à peine bougé et est toujours d’environ 7 ans, celle des femmes a chuté à 2,5 ans.

On constate aussi que le gros regain d’intérêt pour PHP ces 2 dernières années permet à nouveau un renouvellement de la population : PHP n’est plus en train de mourir :)

Facteurs différenciants

Maintenant que nous avons une meilleure idée de la répartition et de l’expérience, voyons s’il existe des différences dans le choix des postes entre les hommes et les femmes. Si de telles différences existent, il convient également de s’assurer qu’elles ne soient pas directement liées à l’expérience.

J’ai épluché les différentes informations renseignées dans le sondage afin de voir lesquelles montraient des écarts significatifs entre hommes et femmes. Si la plupart des réponses ne montrent pas de différence, j’en ai relevé 2 qui méritent d’être étudiées.

Commençons par l’intitulé des postes. Si l’on constate qu’une grande partie des femmes ont un poste de développeur, cela s’explique par la juniorité des profils. On peut également regarder de plus près l’évolution de carrière en se penchant sur la corrélation entre expérience et poste à responsabilité. On constate que parmi les profils ayant plus de 5 ans d’expérience, 58% des femmes ont un poste à responsabilité (lead dev, archi, cadre, dirigeante), contre 45% des hommes.

Concernant les types de structure, en éliminant le facteur de l’expérience (avec l’expérience, les développeurs se tournent davantage vers les clients finaux au détriment des SSII et agences), on remarque que les femmes s’orientent quand même nettement plus vers les startups et moins vers les SSII comparé à leurs homologues masculins, à expérience similaire. En effet, 19% des femmes de moins de 5 ans d’expérience travaillent en startup, alors que ce chiffre est de 11% pour les hommes. Elles sont en revanche 28% à travailler en SSII, contre 33% pour les hommes.

Rémunération

Compte tenu de la grosse différence d’expérience entre les hommes et les femmes dans le sondage, il est normal de constater un écart important dans la rémunération moyenne, qui s’élève en CDI à 43129€ pour les hommes et 36410€ pour les femmes. On a pu également remarquer quelques différences dans le type de structures choisies par les hommes et les femmes. Il est donc intéressant de comparer les rémunérations en tenant compte de ces facteurs.

Commençons par les profils junior (moins de 2 ans d’expérience). A ce niveau, les hommes gagnent en moyenne 31299€, les femmes 33425€, soit 6.8% de plus. Comme on a pu le voir, les femmes privilégient les startups, qui les rémunèrent en moyenne 36429€, soit 11,9% de plus que leurs collègues hommes qui gagnent 32562€. Bien que les SSII rémunèrent également les femmes junior 7% de plus que les hommes, les salaires proposés restent 15% plus bas qu’en startup.

Si l’on se penche sur les profils de 2 à 5 ans d’expérience, on constate des chiffres assez différents. Le salaire moyen est ici de 37538€ pour les hommes et de 34162€ pour les femmes (9% de moins). Cependant la dynamique de population suggère fortement qu’une grande partie des femmes dans cette fourchette sont plus proches des 2 ans que des 5 ans d’expérience, ce qui n’est pas le cas chez les hommes où la répartition est plus linéaire. On constate d’ailleurs qu’en 2017, les femmes gagnaient davantage que les hommes à ce niveau d’expérience, ce qui semble appuyer cette hypothèse.

Entre 5 et 10 ans d’expérience, le salaire moyen en CDI s’élève à 44018€ pour les hommes et 43827€ pour les femmes. L’écart est donc bien inférieur à la marge d’erreur liée à la taille de l’échantillon. Enfin au-delà de 10 ans d’expérience, le salaire moyen chez les hommes s’élève à 51059€, contre 47908€ chez les femmes. Un écart de 6% mais qui concerne un échantillon bien trop faible pour pouvoir en tirer des conclusions.

Conclusions

Les efforts importants faits par chacun pour promouvoir la diversité dans la tech portent leur fruits, et l’on constate une augmentation considérable du nombre de femmes qui rentrent sur le marché du PHP. Il y a encore du chemin à parcourir pour arriver à la parité, mais aujourd’hui avec 21% des profils junior qui sont des femmes, on est bien loin des 3% qu’on constatait il y a 10 ans.

Au niveau de l’orientation, on remarque une appétence des femmes pour les startups au détriment des SSII : un phénomène amplifié par les rémunérations particulièrement attractives qu’elles proposent aux femmes en début de carrière.

Enfin on constate que la parité de rémunération est globalement bien respectée, et que les postes à responsabilité sont bien répartis en fonction de l’expérience, même si dans les 2 cas les femmes semblent légèrement favorisées. Dans les faits il faudra bien sûr attendre que le niveau d’expérience s’équilibre pour voir davantage de femmes dans des postes plus senior, mais les chiffres sont prometteurs à ce sujet.

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Mathieu Lemoine

Having been a lot of things from developer to CTO, scrum master and designer, I started writing here to share the knowledge I’ve gained so far.