La presse régionale s’invite sur la planète podcast

delphine noyon
6 min readJan 26, 2019

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je me suis intéressée à la production de podcasts dans la Presse quotidienne régionale et j’y ai trouvé quelques pépites. Je vous raconte.

Passage en revue de la création des podcasts en région… (Photo by Jaz King on Unsplash)

Alors voilà. Quand on travaille en presse quotidienne régionale (comme moi) et qu’on envisage de tenter l’expérience du podcast avec son équipe (comme moi), on se dit avec humilité qu’on va aller voir ce que les autres font déjà dans le domaine.

Une première affirmation rapide : les journaux de presse quotidienne régionale s’intéressent de plus en plus aux podcasts. je veux dire au podcast natif. Entendez par là, créatif et conceptuel.

Ouest-France a lancé le 22 décembre 2018 son mur de podcasts ce qui est assez exceptionnel pour un journal de presse écrite. On y trouve les productions du groupe qui compte également des radios (of course).

Mais tout le monde n’aborde pas l’Everest par la même face ! Alors, allons voir un peu ce qui se passe sur la planète podcast en région

Globalement, on est :

> sur des initiatives personnelles, avec des journalistes amateurs de podcasts qui mettent leur expertise à la disposition des titres (L’Yonne républicaine, Sud Ouest… ).

> On trouve des séries éphémères de quelques épisodes sur un événement précis (Route du rhum pour Le Télégramme, L’Yonne Républicaine et le salon de l’agriculture ou la fermeture d’un service d’urgence). Dans ce cas, on a des séries de cinq-six épisodes. On est bien dans le traitement de l’actu, mais sous un autre format.

> On trouve des flashs d’infos ou d’infos service, adaptables pour un assistant vocal de type Google Home ou Alexa. Sur ce coup, on n’est pas franchement dans le podcast natif qui raconte une histoire. Mais ce genre de format tend à se développer (Le Télégramme, Ouest-France, L’Est Républicain, Le Progrès…) en intégrant parfois des extraits sonores (Télégramme). Plutôt malin, puisqu’on peut ainsi commencer à se positionner sur un marché à potentiel de développement.

Côté format, la variété est au programme : 3 à 5 minutes pour des flashs ou sujets d’actualité, 20–30 minutes pour des émissions ou format “histoire”, et ça peut approcher d’une heure pour des débats (rare). Mais il n’y a pas de règles en la matière, chacun fait ce qu’il veut.

Capture d’écran du mur des sons de Ouest-France.

Ouest-France a lancé sa plateforme Le mur des sons le 22 décembre 2018. On y trouve pas mal de choses avec des flashs-infos, des concepts et des émissions longues. Du genre impressionnant :

  • Sur le Pouce : tous les soirs, trois infos et l’histoire du jour par l’édition du soir de Ouest France. (3 minutes)
  • Newsroom avec les invités de la rédaction (Kendji Girac pour démarrer puis Thomas Coville, Laurence Fisher… ) (7–8 min)
  • Pleine lucarne : une émission de décryptage sur les matches du Stade rennais (avec TVR). (47 min)
  • Les Editions Ouest-France : promotion de livres avec interviews de l’auteur. (2 min)
  • La minute people et la minute dimoitou (kids) avec la radio Hit Ouest (Groupe OF) (1min) + 1 jour, 1 disque avec Océane FM (5min)…
Capture d’écran de L’Yonne Républicaine qui a consacré un podcast à l’accès aux soins en milieu rural.

L’Yonne républicaine (groupe Centre-France) a plusieurs podcasts de Grégoire Molle, bien personnalisés et conçus comme des magazines. Je les trouve particulièrement bien en phase avec l’esprit PQR :

La Montagne (Groupe Centre-France) propose un podcast sportif et identitaire sur le rugby avec Ici Montferrand . Chaque lundi, « Ici Montferrand » débat de l’actualité de l’ASM-Clermont Auvergne.

Nice Matin (Nice Matin) a crée Déclics, un podcast tourné vers les solutions, en rapport avec le journalisme de solution cher à la rédaction de ce titre. Ici la journaliste raconte son défi sans supermarché pendant 1 mois. On est clairement sur un temps long (35 min) avec les coulisses du reportage, le ressenti de la journaliste et les bons plans glanés auprès des lecteurs. Le format est impliquant. Intéressant.

Capture d’écran du site du Télégramme avec son flash audio quotidien.

Le Télégramme propose le podcast d’actu , marque de fabrique du titre, qui résume l’info en deux minutes, parfaitement adapté aux assistants personnels. En ajoutant parfois des sons (appel à témoignages par ex, ou extrait sonore pour un concert…) ce qui personnalise un peu le flash. Intéressant.

J’ai aussi repéré un podcast natif intitulé, Ecoutez mon Rhum. Il est éphémère et incarné par Karine Fougeray. Et se résume en huit semaines de podcast de 3 minutes. L’aventure dans les oreilles…

Sud Ouest propose un podcast d’actu anglé : les bons plans de la foire aux vins. Un journaliste de la rédaction donne ses bons plans. Complété d’une liste écrite de bons plans dans le même domaine. Méga pratique et super efficace. Mais plutôt une expérience en one shot. A suivre.

La République du centre (Groupe Centre France) propose un podcast tout frais tout neuf(janvier 2019), La musique adouçit les murs, qui nous emmène aux côtés de plusieurs adolescents du centre éducatif fermé de La Chapelle-Saint-Mesmin et de la Maison départementale de l’enfance qui ont, pendant six mois, l’opportunité d’apprendre à jouer d’un instrument. Musical et engageant.

Capture d’écran de La République du Centre avec son podcast musical

De L’Est Républicain (Ebra), on retiendra le podcast d’actu anglé comme l’avis d’un envoyé spécial du journal sur l’arrivée d’une étape du tour de France. (4 min)

A écouter aussi, les podcasts dans un registre différent, du Républicain Lorrain (Ebra). Stéphane Richard, le PDG d’Orange qui assure lui-même le service après-vente du très haut débit chez un agriculteur en Moselle est à écouter en visionnant un diaporama de sa visite (Dailymotion). Sur le même principe sonore et illustré, on trouve l’interview de Djamel Debbouze en portrait chinois ou les quatre vérités de Jean-Claude Camus sur l’après Johnny.

Le Progrès tente le podcast serviciel : on fait quoi ce week-end ? (2 min). Il semble adapté pour un assistant vocal. On apprécie le côté pratique de la formule. Pour l’insolite, on écoutera Ca bavasse en gaga Tout en patois ! (2 min). Avis aux amateurs.

Plus costaud : 40 ans de faits divers extraordinaires avec des meurtres et mystères dans la loire. Textes, adaptation et récit… On a ici un gros travail de préparation. Comptez 20 minutes par épisode.

Capture d’écran de L’Avenir, avec ses podcasts historiques.

Avec L’avenir.net (Belgique), on sort de l’hexagone pour aller à la pêche aux bonnes idées avec la série de podcasts “Histoire” L’avenir raconte, diffusée dans le cadre du centenaire du journal, sur des événements marquants. (7 épisodes de 5 min).

Voilà mon tour d’horizon du moment. N’hésitez pas à me donner votre avis sur les podcasts cités ci-dessus et à m’en faire découvrir d’autres !

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delphine noyon

directrice adjointe de l'édition de la Vienne de la Nouvelle République et de Centre-Presse. Journalisme, innovation, stratégie.