Ziac Morières : le football autrement

Pascal Levrard
5 min readDec 1, 2014

Créée en 1983, la ZIAC Morières est “l’autre club” de la ville vauclusienne du même nom. Plongée au coeur de trente ans d’histoire(s) de football entreprises…

“Nous évoluions tous, ou presque, en équipe réserve à l’époque, raconte Louis Bertino, président de la ZIAC Morières de 1992 à 1996. Un jour, nous discutions de nos divers états d’âmes et de ce qui n’allait pas dans le club. C’est la que nous avons décidé d’évoluer dans le championnat de foot corpo (aujourd’hui dénommé “football entreprise”). Le club d’où est née la scission, c’est l’ ACSMF (Association Culturelle et Sportive Morières-lès-Avignon Football). Un club dont l’équipe évolue aujourd’hui en PHB, l’équivalent de la neuvième division.

“Nous avons refusé la montée pour un problème de budget”

club de la Ziac Morières voit donc le jour lors de la saison 1983–1984, avec à la présidence Joseph Belchi, à qui succédera Michel Boléa la saison suivante, et ce jusqu'en 1988. Le club démarre en PHA entreprises ‘plus haut niveau départemental), le championnat de PHB étant occupé par les équipes réserve, principalement. Très vite l’équipe montre de belle dispositions. Elle remporte le championnat dès sa première participation ce qui lui offre la possibilité de monter en Division Honneur (championnat régional). “Nous avons refusé l’accession pour un problème de budget, regrette Louis Bertino. On pouvait effectuer des déplacements à Nice où Cannes. Un week-end sur deux. Cela coûte très cher pour un petit club.” Le budget, comme aujourd’hui, c’était le nerf de la guerre. Malgré une subvention de la mairie, le club devait chaque année trouver des fonds pour financer un jeu de maillots ou les dépenses en matériel. “Nous étions quelques-uns à posséder notre propre entreprise. L’un était maçon, moi j’avais mon entreprise de plomberie. Donc on essayait toujours de donner quelque chose”, explique “Loule”
Ce que retient celui-qui est toujours dirigeant à la Ziac Morières lors de la première saison du club, c’est, plus que la victoire en championnat, la très belle aventure en coupe de France. “On est allé jusqu'en 32èmes de finale et un déplacement à Ajaccio, un club de DH, se remémore-t-il. C’est un de mes plus beaux souvenir. Le club avait payé une partie du voyage, la mairie également. On a pris une valise (0–6, Ndlr), mais on était content.”

Jusqu'à ce que Louis Bertino prenne les rênes du club, pour la saison 1992–1993, les deux équipes jouent quelquefois les premiers rôles, mais rien de plus. Les deux équipes sont maintenues, et le championnat connait toujours le même succès, avec une PHA et une PHB à 12 ou 13 clubs chacune. Viennent ensuite de belles années donc, avec une victoire en coupe Paul Chabas (coupe concernant les équipes A vauclusiennes) et une en coupe Bodving (coupe des équipes réserve). “On a bien marché pendant 3 ans c’est vrai. Mais après il y a eu une “cassure” et on est reparti en 1995–1996 avec une seule équipe.” avoue Louis Bertino.

“La séance de tirs au but a été un calvaire pour moi”

L’année suivante, Eric Devalquenaire reprend le club. Une bonne poignée de joueurs arrivent avec lui, et une nouvelle équipe réserve est créée. Le club truste à nouveau les premières places, mais échoue plusieurs fois en finale des coupes Chabas et Bodving. En 2002–2003, les deux équipes arrivent même à ce hisser en finale de leur coupe respective. Mais c’est à nouveau une journée noire. L’équipe réserve, en lever de rideau de la finale s’incline lourdement (0–4) face à Poggia Habitat. L’équipe A cédait 4 à 2 après les prolongations contre Châteaurenard.

Le stade Badaffier, à Sorgues, théâtre de la journée noire du 24 mai 2004.

Mais la saison suivante, l’équipe B de la Ziac Morières allait balayer d’un revers de main la désillusion de l’année précédente, après une séance de tirs au buts interminable au terme de laquelle les Morièrois s’imposaient 9 à 8 contre Calberson. Serge Levrard, alors gardien de but, se souvient : “On est rapidement mené 2–0 en première mi-temps. Mais on réussit à égaliser à 5 minutes de la fin. Finalement Calberson en marque un troisième et on égalise encore dans la foulée. La séance de tirs au but a été un calvaire pour moi. Je n’avais plus d’énergie, il faisait chaud. Fred, le gardien de l’équipe A, était derrière mes buts et il me disait de bouger sur ma ligne. Moi je n’y arrivait pas. Et puis là, il y un joueur avec un léger strabisme qui s’approche pour tirer son pénalty. Je ne sais pas comment, mais il frappe sur le poteau. Derrière, Alain Ciccullo (aujourd’hui entraîneur de la Ziac, Ndlr) marque le sien, et on gagne.”

Une saison plus tard, Serge Levrard allait troquer sa casquette de joueur pour celle de président de club. C’est d’ailleurs à partir de cette saison que les chose allait se gâter pour le football entreprise en Vaucluse. Dès la saison 2005–2006, le District Rhône-Durance, en charge du championnat, décide de supprimer la PHB, faute d’un nombre d’équipes suffisant. Ecartés les soucis de trésorerie laissés par l’équipe dirigeante précédente, la Ziac repart en championnat avec une seule équipe. Forcément. Deux challenges Joseph Pajak (opposant les deux équipes les plus “Fair-Play” du championnat) dans la musette, la mandature de l’ancien gardien de but de la maison était marquée par de plus en plus de difficultés à trouver un entraîneur. “On s’est heurtés à des problèmes de budget, explique Serge Levrard. Chaque personne que l’on contacter voulait être rémunérée. Avec les membres du Bureau, nous avons toujours refusé ce principe.”

L’équipe vainqueur du challenge Pajak, le 22 mai 2006

“Le District n’en avait pas grand-chose à faire de nous”

Finalement, Yves Graille, arrivé après une fusion avec son club de l’ASPTT Avignon, prend la direction du groupe. Cela durera deux ans. Deux années, à la fin desquelles Serge Levrard quitte son fauteuil de président. Pourquoi ? Tout simplement parce que le championnat entreprise prenait fin dans le Vaucluse, à l’issue d’une saison avec une poule unique de 10 clubs. “Je pense que le District n’avait pas grand chose à faire de notre championnat, explique Louis Bertino, un peu amer. Il a profité de la crise, et du fait que certaines équipes avaient arrêté parce que les entreprises ne les subventionnaient plus pour mettre un terme à cette histoire.”

Aujourd’hui, alors que François Biencourt a “pris la suite” de Serge Levrard, la ZIAC Morières joue dans le championnat entreprises de la Ville d’Avignon (non affilié à la Fédération Française de Football). L’histoire retiendra, qu’Alain Ciccullo, après une intermède chez Berto Provence, est entraîneur de l’équipe. Son fils, Jérémy, y est joueur, tout comme celui de Louis Bertino, Jean-Jacques. Une histoire de famille(s), qui dure depuis bientôt 31 ans…

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Pascal Levrard

Etudiant en journalisme à l'Ejcam, en stage chez @LaProvenceArles