Beyrouth,
30 ans après.
Je recherche les traces de la guerre (civile) dans Beyrouth. C’est encore possible. Mon quartier de résidence s’appelle Achrafieh (الاشرفية) et pour faire simple ça ressemble à un 16ème au bord de la Méditerranée.
Hamra, plus à l’ouest est devenu un quartier à la mode… Ici tout lieu nocturne est rangé dans la catégorie “Pub” sans qu’on y retrouve l’ambiance anglo-irlandaise propre à ses homologues parisiens.
Les transports en commun sont invisibles tant le taxi-service est la norme pour se déplacer lorsque l’on a pas de voiture.
La voiture est par ailleurs tellement présente que la figure du piéton est assez rare à Beyrouth, à tel point qu’en dehors du centre-ville les trottoirs sont au mieux mal entretenus, au pire inexistants.
S’il est parfois difficile de passer d’un quartier à l’autre et on vous dissuadera souvent de le faire, car marcher plus de 5minutes est tabou au Liban.
La place des Martyrs est elle-même un martyr… urbanistique, ressemblant désormais plus à un parking géant qu’à une place de centre-ville. C’est un non lieu. De centre névralgique et culturel dans la ville, elle est devenue un lieu en attente de fonction. Les projets architecturaux ne paraissent même pas lui redonner son panache d’antan. On a l’impression qu’elle est définitivement sacrifiée.
Si Paris n’est pas la France, Beyrouth n’est pas le LIban. La ville est, au moins dans sondowntown, très américanisée, bardée de franchises. Peu d’espaces verts sinon le campus de l’université américaine. Une Corniche légendaire, où l’on se promènera sans jamais se lasser et toujours en se mélangeant, face à la Méditerranée.
Monot ou Gemmayzé rempliront nos nuits, nous brûleronnt la chandelle par les deux bouts en prenant exemple sur nos hôtes. Et, à l’aube, nous découvrirons son charme intemporel et/ou désuet, constitué d’enseignes francophones et de jolies demeures.
Au déclin du jour c’est à Chiyah que nos emplettes se feront, dans des boutiques à souvenir du Hezbollah ou chez Al Rifai pour se ravitailler en pistaches. Un trottoir sera interdit aux femmes et nous pourrons entrer dans la salle des fêtes du parti chiite, portraits gigantesques de martyrs et de Nasrallah sur les murs.