Ce que les designers peuvent apprendre des product managers

lou bonnamy
6 min readApr 10, 2015

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Réponse : Comment se tirer d’affaire. Partie 1 : la puissance de la palette des bleu-gris...

Je plaisante.

Cela semble évident, mais il y a de grandes similitudes entre les grands créatifs (ceux qui crèent de grands produits), quel que soit l’intitulé de leur poste. Ces grands créatifs ont une vision. Ils pensent à tous les besoins du public pour lequel ils conçoivent. Ils peignent une vision convaincante et qui inspire. Et ce sont des gens que l’on a envie de suivre (article en anglais).

Dans le même temps, les entretiens de recrutement pour les designers et les product managers sont totalement différents. Une qualité qui sera considérée comme à la marge pour un candidat designer sera décisive dans le recrutement d’un product manager et vice-versa. Alors que ces disciplines ont beaucoup à apprendre l’une de l’autre. Depuis que je travaille avec certains des meilleurs product managers, j’ai envie de partager certains des enseignements que j’ai glanés au fil des ans dans leur “manuel du parfait product manager”:

Découper intelligemment le problème est essentiel.

Il est tentant pour les designers de se lancer directement dans les solutions et de montrer très rapidement ce qu’ils ont conçu. Mais si vous ne commencez pas par le “pourquoi” ce n’est pas la peine de vous mettre au travail, vous risquez de faire fausse route. Quel problème essayez-vous de résoudre ? Comment saurez-vous si vous avez réussi ? (Parfois, j’entends les termes “cohérence” et “simplicité” utilisés comme arguments génériques. Cela me semble être une mauvaise justification dans la mesure où je n’ai jamais entendu personne dire “Je ne peux pas utiliser cette application, elle est tellement incohérente” ni même “Cette application n’est pas assez simple pour moi” . Pour commencer, ces termes sont centrés sur une solution plutôt que sur la résolution des problèmes que les gens ont réellement.)

Il semble intéressant de réfléchir à la façon typique qu’un product manager aura d’aborder un problème : “pourquoi devrions-nous faire X?” (Si ce n’est pas le cas, alors il je mettrais un drapeau rouge sur la performance de ce product manager.) L’articulation entre objectifs et moyens de mesure du succès est assez bonne. En général un product manager fait des recherches, collecte des données et utilise diverses méthodes pour les analyser et donner du poids à ses arguments. Les contre-arguments sont réfléchis à l'avance et directement communiqués. La conséquence, c’est que cela donne le sentiment que la proposition est construite sur une préparation appropriée.

Et bien sûr, c’est parfaitement logique parce que le simple fait d'avoir besoin de mettre sur pied une présentation (ou un brief produit ou une spécification ou un livrable quelconque) signifie que le product manager a dû s’asseoir et produire quelque chose. Il ou elle a dû mettre en mots le cadre et les arguments expliquant pourquoi nous devrions faire quelque chose et ce que nous devrions faire. Il est assez difficile de le faire sans réfléchir en profondeur au problème.

Il s’avère que créer du lien ou transcrire des pensées par l'écriture force à cadrer un projet. Ce sont des outils à adopter lorsque quelque chose doit être réfléchi sérieusement avant de se lancer dans la conception.

Forcez-vous à prendre l'habitude de cadrer tout projet de design en décrivant le problème que vous tentez de résoudre pour les gens, comment mesurer que votre projet est une réussite et pourquoi votre solution est un moyen efficace de résoudre ce problème. Vous constaterez que non seulement votre travail sera meilleur et plus ciblé mais également qu’il est plus facile d’entraîner tout le monde avec vous.

Communiquez directement et succinctement.

La barre pour être un bon communicant est beaucoup plus élevée pour les product managers que pour les designers. Par conséquent, en moyenne, les product manager ont tendance à être de meilleurs orateurs, rédacteurs, présentateurs et managers de réunions. Observez et apprenez de leurs compétences. De toute évidence, la préparation est la clé (voir ci-dessus). Une autre clé est de rentrer rapidement au coeur de ce que vous essayez de communiquer. Une tactique que j’ai glanée est de me poser la question suivante avant toute réunion ou conversation :

  1. Quels sont les résultats que je souhaite obtenir ?
  2. Que puis-je demander qui me permettra d’obtenir les résultats que je souhaite ?

Si vous communiquez ces deux choses directement, il y a de bonnes chances que vous gagniez votre propre temps en donnant aux autres une compréhension claire de ce qui vous intéresse et de comment ils peuvent vous aider au mieux.

Il n’est pas nécessaire de passer beaucoup de temps à expliquer le contexte à moins que vous n’obteniez pas ce que vous souhaitez. De même, vous n’avez pas besoin de jouer aux devinettes. La ressource la plus précieuse dont vous disposez c’est le temps, donc, une discussion claire et concise donnera les meilleurs résultats.

Découper les grosses parties en petites étapes pour avoir un plan gérable.

La caractéristique principale d’un bon product manager est la capacité à faire avancer les choses. C’est comme tenir dans ses mains la carte d’un trésor à 3000km de là, nécessitant de traverser une forêt effrayante, des marais sulfureux et une montagne glissante. Comment y-va-t-on ?

Une technique efficace de product manager est de diviser un problème géant en petites étapes jalonnées. Ces dernières ont tout de suite l’air plus faciles à aborder et ont peu ou pas de dépendances avec le reste. Au lieu de paniquer sur la forêt effrayante, les marais sulfureux et l’impossible tâche que cette quête semble être, que diriez-vous de commencer par faire notre sac ? Cool, les sacs sont empaquetés. Dirigeons-nous à pied vers le prochain village et une fois que nous y serons, célebrons ça autours d’une bière au pub ! Cool, ça sent bon ! Ensuite, prenons une journée pour randonner en lisière de forêt. Une fois que nous y sommes, nous pouvons ramasser du bois pour faire un feu de joie et à tour de rôle nous raconter des histoires. Et puis le lendemain nous enverrons deux éclaireurs pour reconnaitre le chemin à travers les bois et donner au reste du groupe les détails sur la façon dont nous allons traverser.

L’équivalent chez un designer ressemblerait à arriver avec une vision convainquante de type étoile du berger — Une direction design inspirante et qui va au delà du problème — Ensuite, se demander “Comment fait-on cela ?”. Diviser la vision par les différents problèmes qu’elle essaie de résoudre, et essayer de trouver lequel doit être résolu en premier. Gardez les différents problèmes et solutions aussi indépendants les uns des autres que vous le pouvez. J’ai été embarqué dans d’ambitieux projets de refontes design par le passé, et croyez moi, essayer de changer trop de choses en même temps n’est pas la recette du succès parce que cela ne marche pas. Si quelque chose ne fonctionne pas dans ce que vous avez re-designé, vous vous retrouvez dans une zone de frustration où vous ne savez pas quoi remettre en cause. Faire l’inventaire des changements, les catégoriser, et essayer de valider les hypothèses de chacun indépendamment est une tactique bien plus intelligente.

Optimiser pour la vision d’ensemble

Les designers ont tendance à être concentrés. Ils vont loin dans les détails, mettent l’accent sur la qualité, le savoir-faire, faire que l’utilisateur pense que vous avez réellement pris soin de lui et de l’experience qu’il peut avoir — Cela demande une grande concentration.

Et pourtant, concevoir un bon produit demande bien plus qu’une bonne interface utilisateur. Les product managers pensent à cet équilibre tout le temps, et les designers qui recherchent, de la même façon, la vision d’ensemble tendent à être plus efficaces.

Cela veut dire prendre le temps de comprendre le business, et de designer des solutions qui aident l’entreprise à rester viable en ce concentrant sur le long terme.

Cela veut dire prendre soin d’une équipe qui fonctionne sainement — qu’il y ait le bon mix de compétences dans les diverses fonctions, que le moral soit bon, qu’il y ait un sentiment de confiance et de camaraderie. Ce n’est peut être pas votre responsabilité directe de recruter vos pairs, de construire l’esprit d’équipe ou d’aider un de vos collègues qui en a besoin, mais si ce qui vous intéresse c’est que tout soit fait et bien fait, l’équipe est une chose à laquelle vous devez contribuer.

Cela signifie que vous devez être fiable et être le genre de personne avec laquelle vos collègues ont envie de travailler.

L’équilibre est une danse délicate. Représentez les valeurs auxquelles vous croyez, mais ne le laissez pas se faire au détriment de progrès sur la mission long terme que vos collègues et vous êtes là pour accomplir.

Si vous avez aimé cet article, vous pourriez aussi aimer (en anglais) : How to work with PMs and How to Work with Designers.

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