Un peu d’histoire sur le viacoin

Coren
6 min readDec 24, 2017

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Depuis le 1er janvier 2017, le prix du Viacoin est passé de 0,03$ à 3$. Cette augmentation spectaculaire n’est pas du au hasard ou à une vague temporaire de “hype”. Découvrons un peu ce qui se cache derrière ce coin méconnu du grand public et bien connu des initiés. C’est une chaîne originale avec son propre code source, son propre réseau et non un “token” circulant sur un réseau existant.

La genèse

Le VIA a été publié le 18 juillet 2014 avec une pré-vente de 10 millions de VIA pour 610 BitCoins, soit 380 000$ à l’époque. Il a été lancé par BtcDrak, un acteur connu dans le monde crypto et rejoint rapidement par Peter Todd, l’un des développeurs de Bitcoin Core.

Le but principal du Viacoin est de permettre d’utiliser la technologie blockchain comme un service, d’aller au-delà de la “simple” transaction monétaire. Le Viacoin est venu avec un certain état d’esprit :

“A lot of people go through stages when they learn programming. One is sort of….’it’s my idea and I want to be the first. I want to present this software to the world and [have people] see how clever I am’. As time goes on you see that maintainability of code creates a big issue, and there are already things that have been done well.” -Drak

D’abord on identifie comment faire techniquement pour atteindre un objectif et ensuite on en parle publiquement. Cette approche est assez en rupture avec bon nombre de projets de crypto.

Les premières pierres

Le VIA a commencé avec un protocole Clearing House permettant de stocker des informations additionnelles sur la blockchain et un portefeuille en ligne, ClearWallet, qui permets d’utiliser simplement ce protocole. Les premiers services développés sont désormais largement répandus de nos jours : créations de token, échanges de tokens, émissions de dividendes et même des paris.

En termes de sécurité, la clé privée reste côté client et est composée d’une passphrase de 12 mots. Ce système permet d’échanger des coins sans exchange centralisé, en étant le seul à pouvoir accéder à ses coins.

Si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal : c’est totalement identique au fonctionnement de CounterParty (XCP).

Dans l’année qui a suivi, les développements sur le VIA ont permit d’ajouter au protocole le stockage horodaté de documents numériques, BlockChain Notary. Ce notaire virtuel permet d’effectuer de façon sécurisée, fiable et incontestable la publication, le transfert ou la mise sous séquestre d’informations structurées comme des documents.

La traversée du désert

A ses débuts, il n’y avait pas beaucoup de différence entre VIA/XCH et BTC/XCP. Durant la période 2015–2016, les développeurs de CounterParty sont allés plus loin en allant jusqu’à intégrer l’Ethereum Virtual Machine (EVM) tout en profitant des avancées du BitCoin Core sur lequel CounterParty s’exécute.

Côté ViaCoin, Todd donne de moins en moins de signe de vie et Drak montre un intérêt de moins en moins prononcé pour développer (ou payer des développeurs) sur le ViaCoin. Il n’y a plus que des maintenance release, sans vision, feuille de route et moyens pour la mettre en œuvre.

Le 6 juin 2016 le token XCH utilisé à l’époque par VIA, équivalent du XCP sur le BTC, est retiré d’un des principaux exchanges : Poloniex.

Aucune nouvelle, release ou roadmap officielle.

L’histoire du ViaCoin aurait pu s’arrêter là.

Transition

Comme tout projet open source, des contributeurs extérieurs peuvent venir soutenir le projet. Une poignée de personnes ne souhaitait pas que l’histoire s’arrête là et s’en sont ainsi emparés.

C’est le cas de Romano, un jeune développeur de 20 ans, qui a commencé en été 2016 par faciliter le déploiement d’un nœud viacoin sur Azure. Cette nouvelle a été accueilli très favorablement par les marchés avec un doublement du prix du ViaCoin en moins de 24 heures.

Suite à différents menus travaux réalisé par Romano, Drak accepte de donner les droits de développement à Romano. Romano indique qu’il souhaite s’y investir fortement, y intégrer le réseau éclair et ajouter des fonctionnalités d’anonymisation.

Le 9 septembre 2016, Drak confie les clés du projet à Romano et officialise son abandon du projet. Romano a désormais les mains libres pour donner un nouvel essor au VIA.

Renaissance

Romano invite un autre développeur et commence à plancher sur les évolutions du Via, en prenant le temps de consulter au préalable sa communauté.

Ce qui ressort du sondage concerne l’anonymisation des transactions, ce qui les incite à travailler en profondeur ce point. Après une étude poussée, ils choisissent la cryptographie sur les courbes elliptiques comme support. Ils décident d’appeler cette fonctionnalité Styx, tout comme le fleuve qui fait le lien entre la terre et les enfers. Le livre blanc détaille leur projet d’implémentation.

La roadmap est très ambitieuse, au-delà de Styx, on y trouve le réseau éclair, le support des wallets matériel, SegWit, le paiement conditionnel et de nombreuses optimisations sur la mémoire, le chiffrement, le stockage ou l’équilibrage des transactions.

Tout s’enchaîne ensuite assez vite, les développeurs travaillent d’arrache-pied et les résultats sont là. En mars 2017, 5 mois seulement après la publication de leur feuille de route, ils ont implémentés la majeure partie des items.

Toujours en mars 2017, ils retravaillent également le serveur Viaelectrum par ViaelectrumX avec des optimisations permettant de le rendre dix fois plus rapide et avec le supporte de SegWit (le BitCoin ne le fera que 6 mois plus tard).

Un troisième développeur les rejoint en mai 2017 et l’activation sur le réseau de SegWit a lieu le 3 aout :

Un an après la reprise par Romano, le bilan est clairement glorieux. Ils ont tout implémenté, à part Styx qui a été repoussé à 2018. Ils y ont également ajouté l’Atomic Swap, ce qu’encore peu de blockchains ont réussi à faire.

Les spécialistes ne s’y sont pas trompés, la puissance du réseau est ainsi passée de 200 GH/s en septembre 2016 à 35 TH/s le 8 décembre 2017, soit 175 fois plus de puissance allouée à ce coin.

Les exchanges ont désormais bien plus nombreux à le proposer sur leurs plateformes et l’équipe s’est encore agrandie. Le ViaCoin a également grandement bénéficié du support de traders très connu des cryptos comme otoh et masternode.

Et pour la suite ?

Romano et son équipe se concentrent désormais sur des fonctionnalités avancées autour de la technologie block chain :

  • Smart Contracts, turing-complet, natif ou compatible ethereum, grâce à RSK
  • Token/ICO grâce aux colored coins

Renforcer ses points forts et les rendre plus accessible:

  • L’échange décentralisé d’éléments digitaux sous toutes ses formes : coins, documents, images
  • Un portefeuille accessible sur tous les supports, smartphones inclus
  • La possibilité d’en retirer ou d’en acheter dans les DAB de GeneralBytes

Tout en prenant le temps de faire ça correctement, contrairement à un grand nombre de chaînes qui sont très hype actuellement:

  • Protocole d’authentification de Schnor : qui permets d’améliorer l’efficacité, la scalabilité et la confidentialité des transactions
  • M.A.S.T. : Arbre Syntaxique Abstrait de Merkel, qui peut permettre de stocker les smart contract de façon astucieuse en évitant la situation dans laquelle est ethereum, où une simple application Android de crypto-chats est capable de mettre le réseau à genoux.
  • Optimisations sur les échanges P2P, la mémoire ou l’échange de données

Le ViaCoin est-il en route pour devenir, en 2018, “The future of crypto-currency” ?

C’est sans doute trop prétentieux pour cette petite équipe qui fait face aux géants. Quoiqu’il en soit, on ne peut nier qu’en 2017, ils ont clairement assuré. En mettant l’effort sur le développement avant les annonces marketing, ils se sont clairement projetés dans une approche d’entreprise, une approche long-terme.

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