Startuper à San Francisco, je deviens VC à Paris

Marc Rougier
7 min readNov 9, 2015

--

Tu roules en souplesse; swingue léger, frissons polis. Casque ouvert, la route est libre et la vie est simple.

Quand subitement un pixel venu de nulle part se transforme en 4-en-ligne furieux, t’enfume dans une coda hurlante de décibels et de chrome, puis disparaît loin devant.

Une seule réponse :

GAZ !!!!

L’enjeu n’est pas de le rattraper; l’enjeu est de savoir que toi aussi tu veux accélérer, imposer ton rythme, choisir ta trajectoire.

{bon ok ça me dérangerait pas de le reprendre ce manga moulinex, mais non, vraiment l’enjeu est ailleurs; sincèrement}

Il y a très longtemps j’ai fait cette rencontre : celle d’un entrepreneur qui m’a inspiré, aspiré. Etre entrepreneur n’était ni impératif de mode ni mythologie héroïque; et pourtant la route s’est imposée. Nait-on ou devient-on entrepreneur ? Dialectique de salon : c’est une révélation ! Je veux faire ça et je vais faire ça !

Bref, je suis devenu entrepreneur.

J’ai tracé cette route 25 ans, sur tous les continents. Avec de très beaux runs! Tête dans le guidon, adrénalinomètre dans la zone rouge et orgasme du damier. J’ai aussi raté quelques virages… parfois avec brio {« ça passait, c’était beau »}, parfois par médiocrité {« mais ouvre en grand, bordel !»}.

Entre ses bas-côtés glissants, ses envolées généreuses et sa sérendipité fidèle, la route a toujours été vibrante. Et même en ces jours humides où le cap hésite sur l’asphalte tremblant d’un col hasardeux, en ces jours où tu es seul derrière une visière trop embuée, cette route est fucking awesome!

Et surtout cette route m’a offert le plus grand des bénéfices : rencontrer des êtres humains remarquables. Entreprendre, c’est voyager en équipe.

A celles et ceux qui m’ont accompagné dans mes aventures, à celles et ceux qui m’ont invité dans les leurs : vous êtes fous !!! Et je vous remercie du fond des tripes. L’entrepreneur est un schizophrène généreux qui nourrit sa vision à l’énergie humaine qu’il cristallise. Sa tâche la plus difficile est aussi son plus grand privilège : choisir avec qui vivre l’aventure.

Et en ça, j’ai été gâté !

Gâté jusqu’à la chance folle de partager un immense bout de vie, riche de prises de risques et de prises de têtes, de taux de croissance et de trop de croissants, de morning conf et de late calls, de small business et de big data, de pitches, de pivots et de personas, de lean content, de boites noires, d’innovations, de conversions, de retention, de break even, de victoires, d’apéros et d’amour avec la définitive #BestTeamInTheWorld : Scoop.it !!!!

Ally, Andrew, Ben, Charlotte, Coralie, Damien, Doume, Fred, Gina, Guillaume, Hélène, Jibé, Julie, Nico, Philou, Stéph, Titom, Tung : you are the best team I ever had the privilege to live with ! An unlikely collection of vibrant talents, resilient fighters and genuine team players ; et, cerise ultime sur un gâteau déjà garni, doués d’une lumineuse et authentique humanité. Bande de génies joyeux, merci ! Vous donnez tout son sens à cette aventure.

I love you !

#BestTeamInTheWorld

Scoop.it ce sont aussi 2,5 millions d’utilisateurs, 300 millions de visiteurs, prêt de 4.000 entreprises clientes et un avenir ambitieux dans l’espace du marketing de contenu, espace ou l’éducation et l’intelligence remplacent la propagande - avec succès. Et ce n’est qu’un début!

However…

En cette fin de cette année 2015 je ne serai plus entrepreneur. La grande roue tourne, celle du temps qui n’est finalement pas qu’une illusion - l’enfoiré. Une route nouvelle s‘ouvre où je vais aller à fond malgré l’immense émotion de tourner la page de cette aventure et son équipe splendide.

Adrénaline fraiche

Mais c’est donc décidé.

A la fin de l’année je range ma bécane d’entrepreneur

Parcheminée de 25 ans de créations, de rencontres et de liberté ; 25 ans d’un roller coaster passionnel. Ma nouvelle route en est la suite logique: je deviens VC! {Venture Capitalist: investisseur dans des startups}

J’ai toujours considéré les VCs comme les partenaires naturels des entrepreneurs ; et j’en ai rencontrés à défier les taxonomistes les plus avertis. Tous les formats d’entreprise ne requièrent pas de VCs, mais pour le modèle startups que j’aime cette association est clé. Pendant mon passage chez IBM j’ai connu le troisième côté de la table : le M&A côté acquéreur; passionnant. Devenir VC est l’opportunité excitante de compléter le 360.

Mais bon… là, je suis entrepreneur, à San Francisco : 23° en novembre, live jazz sur Yerba Buena, 10.000 co-startupers, 11 milliards de VC dollars investis en un an et toutes ces stars qui ont fait le web… Sérieusement…

Sérieusement…

C’est le moment de revenir en France et d’y devenir VC?!?!

Il n’y a pas de meilleur moment.

Le statut d’entrepreneur a énormément évolué en France en 25 ans. Tout le monde est entrepreneur aujourd’hui: une appli de coin de table, un BP grave lean et hop le Uber de la pelle à tarte est en mission divine vers un monde meilleur. Agrandissez l’étable, j’amène la licorne ! Bon. En fait, non. Etre entrepreneur c’est un poil plus que ça … Mais qu’importe : une génération de briseurs de status quo est en train de prendre notre avenir en main. Avec détermination et talent. Avec l’ambition et la créativité de ceux qui n’ont pas le choix. Avec des valeurs aussi : le collaboratif, la transparence, l’entreprise libérée, le bleu canard.

Ces valkyries secouent la pulpe d’une économie stratifiée et inventent le MVP d’un futur optimiste.

#faith

Le nombre d’entrepreneurs et d’accélérateurs explose. La deuxième génération d’entrepreneurs du web, la première génération de licornes et une solide troupe de fast and furious fighters sont lancées pour tout déchirer. On a perdu le Web 1.0, myope du Minitel. Le Web 2.0, social — valeur française pourtant — nous a échappé. Gagnons le 3.0, celui des choses et des données ; et des maths qui leur donnent du sens. Celui de l’économie collaborative aussi, autre valeur française. Si John Chambers et Satya Nadella y croient, on va pas torpiller notre esprit des lumières d’un scepticisme conservateur, non?! On a le devoir d’enthousiasme!

Cette France est totally awesome and this is exactly the right time !

Ok, mais quel est l’état du marché du capital risque? Trop de VC déjà, ou toujours pas assez ?

D’abord, la réponse quantitative. Pour une économie 6 fois plus petite, la France investit 20 fois moins en early stage et 50 fois moins en amorçage que les USA. Certes les contextes diffèrent : la France des startups est limitée par son manque d’options de sortie : pas de bourses des valeurs technologiques et timidité {incompétence? peur? allez!!!} des grands groupes à acquérir des startups. Pourtant la marge de progrès reste énorme: il faut investir davantage sur la création et le développement d’entreprises innovantes en France.

Ensuite l’élément qualitatif. J’ai beaucoup de respect — et d’amitié — pour ces VCs qui m’ont accompagné et que j’ai vraiment vu s’exposer pour l’entrepreneur ; et je suis vraiment fier d’engager la partie avec eux. Mais ça ne suffit pas : j’ai parlé à des douzaines d’entrepreneurs et le constat est frappant, on doit améliorer la relation VC — entrepreneurs en France. Le VC doit davantage comprendre l’entrepreneur, sa passion, ses besoins, ses contraintes, ses objectifs. Chacun dans le respect de l’autre on peut augmenter la synergie. De trop nombreux porteurs de projets ont peur ou ne comprennent pas les VC, parce que de trop nombreuses relations VC — entrepreneurs sont encore mal alignées. On peut gagner du temps, libérer de la créativité et générer de la performance en bougeant ces lignes. Alors bougeons les!

Dans ce contexte, impossible de ne pas être séduit par le projet que Xavier Lazarus m’a proposé : devenir VC au sein d’Elaia Partners et contribuer à cet écosystème des startups françaises. Rejoindre une équipe ambitieuse qui valorise à la fois la performance et l’humain et pose le respect de l’entrepreneur comme valeur fondatrice; un argument fondamental plein d’audace et de promesse {stay tuned!}. Sans peur de s’attaquer aux plans durs, avec des risques et des barrières technologiques, comme le requiert le web de demain. Avec enfin une expertise à l’épreuve du feu {Criteo, Sigfox, Teads, Mirakl and more}.

J’ai le plaisir de rejoindre Elaia Partners

… à l’occasion de la levée de son prochain fond Elaia Delta, un fond de 120 millions d’euros, early stage, tech, visionnaire, géré avec respect et transparence, focus et ambition. Ce fond va faire mal. Et il va faire du bien !

Compléter mon 360 startups. Rejoindre une équipe qui respecte l’entrepreneur. Participer à la victoire de la France dans l’Internet qui vient : This is totally exciting and totally meaningful. Merci team Elaia {PS : on pourrait pas juste renommer Capital Risque en Capital Aventure ?}

Team Scoop.it je reste à vos côtés parce qu’on on n’a pas fini de shine on the web ensemble. Et surtout: Forever soulmate!

Et maintenant : GAZ!!!

--

--

Marc Rougier

Entrepreneur turned VC at Elaia Partners. Objective optimist. #innovation #travel #bach #go #theworld http://t.co/Bq90k20kUn