Les Arbres

Marie Misset
2 min readDec 15, 2017

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A Meudon, à Paris, dans le jardin du Luxembourg, mais à Meudon surtout, j’ai toujours trouvé la nature triste. Les arbres déprimants. Même en été, on dirait que pour eux c’est l’automne. En tête, j’ai surtout la rangée d’arbre à Meudon, qui délimite les places où se garer sur la route des gardes, là où j’ai grandi.

Il y avait bien l’immense saule pleureur en face de la chambre de mes parents, mais ses propriétaires l’ont coupé, maintenant on voit leur chambres à eux, ce qui est le contraire d’une amélioration. Mais de toute façon, le concept même d’un arbre en pleurs, aussi poétique soit-elle, rejoint complètement mon idée d’une nature triste. Pour revenir aux allées d’arbre qui font office de places de parking, la manie complètement con de tailler leurs feuilles en coupe-rectangle, comme s’il fallait qu’ils rentrent dans la case rectangle des jeux pour bébé, les arbres à équidistance, le côté mobilier urbain de l’ensemble me chafouine vraiment. C’est un combat que je pourrais mener.

Cette colère qui n’a que très peu d’occasion de s’exprimer et qui m’inquiète sur mon futur de vieille personne, m’est revenue à la vue des arbres ici à Guadalajara. De manière général au Mexique, mais ici, dans une ville de 4 millions d’habitants, encore plus particulièrement. Ici personne ne coupe les arbres de manière à ce que les pigeons ne chient pas sur les voitures. L’arbre est là, on fait avec. C’est lui qui a raison. Ses racines explosent les trottoirs ? On lève le pied pour pas tomber. Personnellement je tombe, mais je me dis que ça m’apprend à marcher mieux. Il y a des arbres dont les branches sont carrément devenus des racines. Qui ont fait d’autres arbres.

Voilà, ça c’est de la racine super puissante.

Mon arbre préféré -pour l’instant- est avenue La Paz, il est immense. Immense. Il fait parasol pour toute l’avenue. Il défonce les trottoirs et la route. La dernière fois on s’est arrêtée pour le prendre en photo et un vieux monsieur très bien habillé qui montait dans une voiture de son âge et de son élégance m’a dit : Il est beau hein ? Il a 300 ans. Voilà, on est dans une ville où les gens connaissent l’âge des arbres.

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