L’ocytocine et l’endorphine, le cocktail gagnant

Marine Kervella
5 min readMar 24, 2015

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Vendredi dernier, c’était la journée internationale du bonheur. Je suis un peu en retard mais comme chez nous, c’est la maison du bonheur, il n’y a pas de journée idéale pour parler des hormones du bonheur. Bref, j’avais envie de vous parler de l’ocytocine, cette hormone naturelle fascinante.

On l’appelle l’hormone de l’amour. Elle jouerait un rôle dans les comportements sociaux, la reconnaissance sociale, l’empathie, l’anxiété, l’orgasme, les comportements maternels… L’ocytocine est également une entraineuse d’endorphine, l’hormone du bonheur. Quel cocktail ! Pour notre plus grand plaisir, nous fabriquons de l’ocytocine tout le temps en petite dose. Le toucher, le soin aux autres, être amoureux, être en présence de quelqu’un, même un simple contact purement bienveillant provoque une production d’ocytocine. Le seul moyen d’empêcher la sécrétion est de se détester l’un l’autre et de se détester soi-même.

L’ocytocine et l’instinct maternel

Cette hormone est aussi sécrétée par la mère et par le bébé en très grande quantité pendant l’accouchement et juste après la naissance. Associée à l’endorphine (hormone connue pour ses effets analgésiques et euphorisants), elle provoque les contractions et protège les bébés de la douleur. [1]

Michel Odent, obstétricien et chirurgien français, décrit dans la préface de “Ocytocine, l’hormone de l’amour- Ses effets sur notre santé et nos comportements”, de Kerstin Uvnäs Moberg [2], que c’est une « hormone timide » qui n’aime pas le grand public. C’est à dire qu’il faut que l’accouchement ait lieu dans l’intimité pour qu’une quantité suffisante d’ocytocine soit sécrétée. D’où cet engouement pour l’accouchement naturel à domicile et le développement des maisons de naissance qui proposent des accouchements physiologiques dans un environnement respectueux et chaleureux. Et non, ce n’est pas qu’une mode. Il y a une raison biologique à tout ça !

Grâce à cette sécrétion importante d’ocytocine, le besoin d’attachement du bébé est au top dès la naissance. Le pire pour le bébé serait alors de le priver de tout contact avec ses parents. Selon Wilhelm Reich, psychiatre autrichien, en l’absence de soin ou de contact, le bébé se crée une « cuirasse caractérielle » pour se protéger de ce choc [3]. Des tensions peuvent alors apparaître dans son corps pour exprimer l’empreinte de dépressivité qui peut le marquer (j’en reparlerai plus en détail dans un autre article).

Durant l’allaitement, c’est encore l’ocytocine qui favorise le processus. Et à chaque tétée, elle stimule l’attachement entre la mère et son enfant. Je ressens encore ce flux d’énergie positive qui m’envahissait à chaque tétée. Ah…. Nostalgie ! Mais rassurons nous, même pendant la prise de biberon, nous pouvons sécréter de l’ocytocine. Ce ne serait pas juste sinon ! Le Dr Brazelton, pédiatre américain, insiste bien sur l’importance du regard échangé avec l’enfant [4]. En effet, le plaisir de nourrir associé au plaisir de se regarder boostent la production d’ocytocine et favorise l’attachement également.

Du coup, ça m’amène à survoler un débat de longue date. L’instinct maternel existe-t-il ? Reich évoque le « problème de l’animal humain ». Selon lui, on est programmé pour ça et l’instinct maternel est un processus neurobiologique qui se produit naturellement lorsque les conditions le permettent (en temps de guerre, c’est plus compliqué de produire les hormones de l’attachement et de l’amour, c’est sûr). D’un autre côté, les thèses de Simone de Beauvoir et d’Elisabeth Badinter [5] exposent l’idée que l’instinct maternel n’existe pas. Tout un programme ! Si vous voulez en savoir plus sur ce passionnant débat, je vous invite à lire l’article de Working Mama, ceux de Kalista ici et des Vendredis Intellos [6,7,8].

L’ocytocine et le professionnel

Dès la formation d’assistante maternelle, on nous avertit qu’il ne faut pas empiéter sur la place des parents. Il faut rester professionnelles. Dans ce sens, on nous reproche parfois cette proximité affective que nous avons avec les enfants. Nous avons pour consigne de ne pas nous attacher à l’enfant. Et bien, maintenant nous savons que grâce de l’ocytocine, messieurs mesdames, c’est impossible. Et heureusement !

Pour des raisons idéologiques, il conviendrait donc que les professionnelles de la petite enfance ne fassent pas de câlins. En Angleterre, certaines crèches ont même mis en place des règles très strictes pour interdire de faire des câlins et des bisous aux enfants [9]. Même quand c’est l’enfant qui en prend l’initiative ! Comment accepter ça alors que les recherches récentes nous montre que ce sont bien le manque d’affection ou le rejet affectif qui sont néfastes au développement de l’enfant.

Pour Boris Cyrulnik, psychiatre français, un attachement multiple est indispensable. “Une constellation de personnes dont l’étoile maternelle serait la plus brillante” offrirait au bébé de nombreuses possibilités de se sécuriser. Or un bébé ne peut s’attacher qu’à des personnes dont les regards, les paroles et les gestes sont remplis d’affection et de bienveillance. Il n’est pas question d’utiliser l’enfant pour combler notre manque d’affection mais plutôt de lui offrir la tendresse qu’il a besoin pour développer un attachement sécure.

Alors faîtes des câlins et vive l’ocytocine !

Pour aller plus loin

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Marine Kervella

Thérapeute, Coach & facilitatrice de breathworks chamaniques spécialisée en libération des blocages inconscients pour les entrepreneures éthiques