Le freelancing en France en 2019 : état des lieux

Marion Bernès
5 min readJun 4, 2019

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Pour la 3ème année consécutive, Malt publie son étude sur le freelancing en France. Un rendez-vous annuel qui nous permet de mesurer la situation des freelances français ainsi que leur nombre.

Dans cette étude, on avons identifié 5 messages clés à porter auprès des entreprises, des médias et de l’ensemble de l’éco-système freelance français. Ils sont à retrouver ci-dessous avec les principaux chiffres à retenir ✌

Télécharger l’étude complète 💡

Le boom des freelances n’est pas un mythe mais une réalité

On compte aujourd’hui 930 000 freelances en France, soit une progression de 145% en 10 ans. 50 000 personnes franchiraient le cap du freelancing chaque année !

Même si la tendance n’est pas nouvelle, elle s’accélère depuis plusieurs années. Les métiers tech (développeurs, data-scientists, devOps…) étaient historiquement déjà bien inscrits dans ce mouvement, les métiers de la communication et du webmarketing ont quant à eux accéléré leur transformation, du salariat (souvent en agence) au freelancing.

Comment avons-nous effectué ce comptage ? 👩‍🔬

Pour effectuer ce comptage nous avons utilisé les données mises à disposition sur le site d’Eurostat, l’autorité statistique désignée par la Commission européenne pour développer, produire et diffuser des statistiques officielles. Nous avons utilisé les critères suivants :

  • Travailleurs indépendants sans salarié
  • Âgés entre 15 et 64 ans,
  • Habitant dans un pays de l’Union européenne
  • Exerçant un métier considérée comme numérique, soit l’un des métiers définis comme “iPros” par l’EFIP (European Forum of Independant Professionals”)

Ce traitement nous a permis de nous concentrer uniquement sur les indépendants travaillant dans le secteur numérique. C’est aussi la définition utilisée par S. Rapelli dans son enquête de 2012 : « European I-Pros: a study ».

Le freelancing n’est pas subi, c’est un choix

90% des freelances déclarent l’être par choix, c’est le cas pour 96% des freelances exerçant un métier tech. 92% des freelances voient le freelancing comme une situation à long terme.

L’image du freelance précaire attendant forcément un salariat a de quoi prendre du plomb. Il n’est ni une fatalité, ni une solution “en attendant mieux”. Les raisons pour passer le cap sont multiples mais elles correspondent toujours à un choix aspirationnel : être plus autonome et mieux travailler.

Ce qu’ils valorisent le plus c’est de pouvoir décider de leurs missions et de leurs conditions de travail. Ce que les sociologues appellent l’agentivité, c’est-à-dire la capacité à agir sur sa vie, par opposition à ce qu’impose la structure, est le principal avantage recherché par les freelances.

Cette recherche d’autonomie dépasse d’ailleurs en termes de motivations l’envie de gagner plus d’argent (même si l’étude montre que 79% des freelances tech déclarent gagner plus qu’en étant salariés).

Le freelancing n’est pas non plus une activité “en plus”, qui s’ajoute à un emploi sur le mode du salariat : 80% des personnes interrogées pour cette étude exercent leur activité de freelance à temps plein.

Non, un CDI ne fait pas rêver les freelances

89% des freelances ont déjà été employés. 88% ne souhaitent pas le redevenir (contre 73% l’an dernier).

Ces chiffres sont à mettre en relation avec l’âge moyen des freelances qui est de 34 ans. Ils montrent que les freelances connaissent le monde de l’entreprise, ses règles et sa hiérarchie. Ils ont simplement décidé de s’en affranchir pour mettre leur expertise au service de leurs clients, de la startup au grand groupe, pour être autonomes.

Les freelances ne sont pas tous des “digital nomads” mais ils sont mobiles

Les freelances sont-ils forcément des individus avec les pieds en éventail sur une place de Bali, loin des réalités de leurs clients, ou bien des “geeks” ne sortant jamais d’un sous-sol douteux et ne voyant jamais la lumière du jour ?

Sorry, but no.

L’étude montre que 53% des freelances partagent leur temps de travail entre chez eux et le client. 25% des freelances exerçant un métier tech travaillent 3 jours ou plus par semaine chez leur client.

Pour mener leurs missions, les freelances se doivent d’être près de leurs clients d’un point de vue géographique, même si les outils de communication facilitent grandement les échanges au quotidien. Ils ne peuvent pas s’affranchir de tout ancrage territorial. Il est donc logique aussi de voir que 46% des freelances habitent en région parisienne et que 73% habitent en ville. 15% habitent en zone périurbaine et 12% seulement en zone rurale

Une certaine différence de perceptions

Alors que 78% des freelances se disent “fiers d’être freelances” (contre 65% l’an dernier) et “en accord avec eux-mêmes”, 85% ne se sentent pas bien pris en considération dans le débat politique et économique.

Le regard porté sur les freelances est aux antipodes de la manière dont ils se perçoivent eux-mêmes. Un contraste saisissant qui interroge sur la prise de conscience des institutions, médias, banques et bailleurs sur cette transformation profonde du travail.

Une prise de conscience d’autant plus urgente que les freelances attendent des avancées pour envisager leur carrière sereinement, comme n’importe quel travailleur. L’étude montre justement les sujets prioritaires qu’ils souhaitent voir aborder. La révision de l’assurance chômage pour les indépendants arrive en premier, ex-æquo avec l’accès au logement. Les questions liées à la retraite arrivent ensuite.

Et maintenant, que va-t-on en faire de tout cela ?

Entreprises, ressources humaines, achats, espaces de coworking, événements, meetups mais aussi groupes de réflexions, think tanks, médias… L’équipe Malt s’engage à porter les enseignements de cette étude à tout son réseau, et même au-delà. Car il est grand temps de faire bouger les choses ✌

En effet, loin de la précarité à laquelle on voudrait les résumer, les freelances restent une population sur laquelle les infos manquent et dont les préoccupations restent marginalisées. Pourtant, les freelances faisant plus que jamais nombre, la période n’a jamais été aussi propice à ce qu’ils fassent entendre leur voix.

Si vous avez des retours à nous faire sur cette troisième édition, n’hésitez pas à nous en faire part. Pour cela, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse mbernes@malt.com 📬

Merci à tous les freelances qui ont répondu à nos questions !

Un grand merci également à Laetitia Vitaud pour son analyse et Eléonore Sabaté pour le design de cette étude 🤗

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Marion Bernès

Brand content & communication consultant as a freelancer. Ex Communication Manager France @maltcommunity ✨