Il me manque de dire bonsoir le matin

Mateusz
2 min readNov 20, 2020

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Que j’aime cette chronique d’Edouard Baer (Ecoutez là, elle fait moins de deux minutes).

Que ça me manque d’hésiter entre le bonsoir et le bonjour. Ce temps où je disais que tant qu’on n’avait pas été au lit, on était le jour où on s’était levé. Même si c’était il y a plus de 48 heures. Quand on rentrait dimanche matin du vendredi soir. Quand on allait chercher des croissants et qu’on disait bonsoir.

Bonsoir, bonjour, je ne sais plus, était-ce important ? On avait bu, on avait ri, on avait refait le monde, on s’était fait tant de promesses, tant de promesses qu’on n’a pas tenu alors qu’on y croyait dur comme fer au moment de se les répéter, ces promesses sur le sable qu’on se faisait chaque fois qu’on hésitait entre le bonsoir et le bonjour.

Il est loin ce temps où on se disait, “viens on va boire un verre”, le sourire aux lèvres. Que je l’aime cette expression, aller boire un verre et tout l’imaginaire qu’elle peut générer. Un, deux, trois verres, une bouteille, une deuxième bouteille, puis on ne compte plus, à quoi bon. On allait boire “un” verre puis lorsqu’on se quittait, on se savait plus s’il fallait dire bonsoir ou déjà bonjour. Et on aimait ça.

Avant, quand on oubliait de dire bonjour le matin, souvent, on avait été danser avant. Car après avoir été boire un verre, le corps, lui, voulait aller danser. Parfois ton corps voulait être seul au monde, seul au milieu de la piste - surtout si tu avais bu plus qu’un verre. Parfois il voulait se frotter avec quelqu’un, quelqu’une. Il voulait tantôt être serré fort, tantôt oublié. Mais toujours au son de la musique : de l’électro, du rock, du rap, de la pop, du jazz, peu importe, tant que l’ivresse musicale t’emportait loin de là où tu étais.

Je l’ai presque oublié ce temps où tu pouvais te laisser aller le temps d’une soirée, ce temps où voir tes amis, boire, danser, manger, rire, parler de politique internationale et de téléréalité en même temps, réfléchir sans réfléchir, réfléchir en étant saoul, se disputer pour avoir raison alors qu’on est d’accord, puis oublier le lendemain. Puis oublier de dire bonjour le matin.

Photo prise en janvier 2020. Il y a un siècle.

Alors ce matin, je vous dis bonsoir. En attendant sagement des matins meilleurs qui suivront des nuits de folie.

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Mateusz

Digital jedi. Blogueur. Journaliste. Dad. LOLcats consultant. Mec sympa. Prof