Menacé, le beach soccer français ?

Maxime Turck
4 min readNov 20, 2015

--

Un premier titre européen en 2004, immédiatement suivi d’un sacre en Coupe du Monde l’année d’après et puis plus rien. Depuis ces succès, l’Equipe de France de beach soccer est en pleine régression. La Fédération a même menacé de la faire disparaitre.

Sur la plage de Rio de Janeiro, le match est tendu. Français et Portugais s’affrontent dans un match tendus. Les buts des Bleus répondent aux buts de la Selecao. Au coup de sifflet final, le score et de trois buts partout. Le sort de la finale se décide aux tirs au but. C’est Thierry Ottavi qui est choisis par l’Equipe de France pour le tir décisif. Elle est dedans, la France est sacrée championne du monde de beach soccer, pour la première fois de son histoire. En 2005, cette victoire concrétise les espoirs qu’a mis la Fédération Française de Football dans le développement du football de plage. Quatre ans plus tôt, la FFF avait lancé le Beach Soccer Tour, qui permettait à des amateurs de s’essayer à une pratique alors désignée “axe prioritaire”. Depuis, la consécration de 2005, rien. Ou si peu. Le beach soccer français plonge et des rumeurs prêtent même à la Fédération l’envie d’arrêter l’Equipe de France.

L’equipe de France de beach soccer en 2015

Le 27 avril, lors d’une réunion, le président de la Ligue Méditerranéenne, aussi chef de délégation de l’Equipe de France de beach soccer, Alain Porcu, exprime son « inquiétude sur l’avenir de la pratique. » La Fédération, par la voix de Noël Le Graët, aurait pour intention de supprimer l’Équipe de France de beach soccer. Trop cher, pas assez médiatique, et donc, ne rapportant pas assez d’argent… Qu’il est loin le temps du titre de champion du monde, arraché en 2005 au nez et à la barbe des portugais. A l’époque, la toute jeune Équipe de France est entraînée par Eric Cantona, qui donne ses lettres de noblesses à un sport encore récent — la première compétition internationale a lieu en 1994. Les Bleus surfent ensuite sur cette vague, mais n’arrivent pas à répéter cette performance d’année en année. Troisième place, quatrième, quarts de final… Les désillusions s’enchaînent, tandis que la médiatisation du sport va decrescendo. Eric Cantona laisse sa place à Stéphane François, mais les résultats peinent à s’inverser : la France est absente de la Coupe du Monde depuis 2008.

Des résultats décevants, mais qui n’arrivent pas par hasard, analyse Yannick Fischer, ancien footballeur professionnel et désormais international français : « A Clairefontaine, il y a des terrains pour toutes les pratiques, sauf le beach soccer… » A la différence de la Russie, qui a gagné les Coupes du Monde 2011 et 2013, ou du Portugal, récent vainqueur de l’édition 2015 face à Tahiti, la France n’a pas réussi le virage de la professionnalisation entamé depuis plusieursannées dans ces pays : « En Russie ou même en Suisse, les mecs s’entraînent tous les jours ensemble, explique Yannick Fischer. Ils sont payés pour jouer au beach soccer dans leurs clubs, alors que nous, on est plus dans le jeu entre potes… » Les parcours en dent de scie des Bleus entraînent rapidement une médiatisation moindre. Et donc, moins d’argents dans les caisse de la FFF. Et à l’heure de faire les comptes, c’est l’Équipe de France qui se retrouve la plus menacée.

Depuis cette menace, l’Équipe de France peut profiter d’un équilibre, précaire certes, mais retrouvé. Lors de la dernière campagne européenne, les Bleus n’ont pas été ridicules. Une septième place acquise pour la France — pourtant été installé dans le « groupe de la mort », composé du Portugal, le futur vainqueur, de la Russie, champion en titre, et de la Suisse — et une place dans le ventre mou européen consolidée. Mais rien n’est gagné : « C’est extrêmement difficile de se qualifier pour la Coupe du Monde. Si on y arrivait, ça nous aiderait certainement beaucoup… Mais je ne vois pas rattraper notre retard avant vingt ou vingt-cinq ans», explique Yannick Fischer. Pas sûr que les dirigeants laissent autant de temps à l’Équipe de France…

Maxime Turck

--

--