Pourquoi vous ne voterez pas pour moi

Maxime Verner
3 min readFeb 2, 2017

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L’Incompris, film de Luigi Comencini, 1966.

J’ai décidé de retirer ma candidature à l’élection présidentielle, pour être plus utile à la victoire des forces citoyennes face aux partis.

Nous ne votons plus pour des idées, incarnées par des collectifs de citoyens, porteurs d’une énergie politique au sens premier du terme, mais pour les chefaillons de partis.

Ils ne survivent que pour et par le monopole des mandats, des financements publics et de la représentation des groupements d’intérêts. Nous avons pourtant chaque jour la preuve de leur impuissance et de l’immoralité de certains. Ce n’est plus supportable.

Je me suis présenté à l’élection présidentielle en 2012 pour défendre un contrat social et générationnel à la hauteur de la promesse républicaine.

J’ai décidé de retourner au combat pour 2017 car la situation empire et nous étions trop nombreux à refuser de se faire voler cette élection, une de plus.

En empêchant une force des alternatifs d’obtenir les parrainages d’élus requis, en concentrant l’attention générale sur la course de chevaux qu’est devenue l’élection présidentielle, ce système perdure la tradition anti-démocratique de l’élection présidentielle et annihile toute rencontre possible entre citoyens souverains, acteurs de la démocratie et de leur République.

Les partis ont trouvé une parade pour duper encore le peuple, dont ils ont si peur et qu’ils méprisent : organiser des primaires “ouvertes” pour choisir la seule offre politique proposée aux citoyens et enrayer l’émergence de forces citoyennes indépendantes, réellement innovantes et alternatives.

Ce subterfuge semble fonctionner, mais seulement en apparence. Seuls les citoyens immatures et égoïstes, qui veulent avoir le pouvoir sur la nomination des «acteurs» de l’élection, sont allés aux urnes. Ils sont moins d’un électeur sur cinq, fiers de leur effet sur la forme de l’élection. C’est pourtant bien le fond qui intéresse les citoyens vaillants que nous sommes.

À force de forfaitures, notre classe politique nous jette dans l’abstention. Elle en profite même pour l’instrumentaliser et se dédouaner de sa responsabilité entière dans la percée des populismes, qui ne font au final que servir ces petits bras pour nous offrir l’illusion de leur capacité à rassembler le pays.

Nous voyons enfin que ce système est mort-vivant, car ceux qui le nourrissent ne le supporte plus. Il n’arrive à perdurer que pour prolonger les privilèges de certains, et non pour défendre les principes de la République par l’entremise de ses institutions.

J’ai décidé de quitter ce manège pour me concentrer sur le travail premier d’un engagement pour la Cité : la connaissance et la transmission, par l’éducation, la culture et la solidarité.

Nous n’avons plus d’énergie à perdre dans cette élection dont les règles sont définies par les partis, ces moulins à vent qui se veulent géants. Les élus de terrain ne veulent même plus participer à cette mascarade et refusent de perdre du temps à parrainer des “petits” candidats pour une élection pipée. Cette élection n’est plus légitime, elle ne devrait même pas avoir lieue. C’est une Constituante populaire dont nous avons besoin.

Ma responsabilité est de tirer les enseignements de mes dix dernières années d’engagement politique indépendant pour sortir de ce piège et consacrer toute mon énergie à l’émancipation citoyenne dans le sous-terrain social.

Réfléchissons ensemble, avec les acteurs de la société, à l’acte fondateur d’une reprise des pouvoirs que seul le peuple doit détenir et qui mènera à la refonte de toutes les institutions de notre République pour qu'elle devienne enfin et vraiment démocratique et sociale.

Je me suis présenté à ces élections car je ne voulais pas être réduit à l’abstention. Face à l’offre que les partis nous proposent, je ne donnerai mon vote à aucun de ces imposteurs pour ne pas leur offrir un crédit qu’il ne mérite pas.

Je préfère boycotter cette élection qui nous conçoit comme des cibles marketing, des parts de marché, des spectateurs. Ceux qui disent que l’abstention sert le FN ont tort. C’est par ce biais que le statu quo et l’immunité sont garantis à nos bourreaux. Si nous sommes une majorité à nous abstenir, c’est la table politique qui sera renversée, et pour toujours.

Je m’engage dès aujourd’hui, avec d’autres citoyens qui sont arrivés à cette conclusion et qui partagent ces ambitions, dans la constitution d’un mouvement qui sera lancé dans les prochaines semaines. Vous y êtes toutes et tous les bienvenus !

Préparons ensemble le combat qui nous mènera jusqu’à la victoire, celle de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Maxime

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