Entrepreneur dans la Silicon Valley, je rentre en France si Jean-Luc Mélenchon est élu.

Mehdi Medjaoui
24 min readApr 17, 2017

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On peut dire ce que l’on veut, mais être un entrepreneur c’est être quelque part un contestataire de l’ordre établi. Un insatisfait de l’existant, un insoumis, qui souhaite apporter au monde une nouvelle offre. Elle peut être commerciale, technologique, ergonomique, industrielle, mais elle se fera toujours à travers un collectif humain, dans la quasi totalité des cas sous la forme de l’entreprise.
On entreprend pour plusieurs raisons selon les individus. Pour changer les choses, pour son indépendance, pour l’argent, pour la gloire. Mais vraiment très peu entreprennent dans le seul but d’être milliardaire. Ceux qui le font d’ailleurs uniquement dans ce but en général n’y arrivent pas.

Car être entrepreneur c’est d’abord avoir une vision du monde et la mettre en application, élu et choisi non pas avec des votes démocratiques mais des votes marchands : les clients votent eux aussi entre plusieurs offres candidates, non pas avec des bulletins de vote en papier, mais avec des billets de banque.

En ce sens l’entrepreneur a souvent une vision politique du monde. Il prend juste un autre chemin que la démocratie pour l’appliquer. Ce chemin qu’il contrôle potentiellement plus s’appelle l’entreprise et lui permet ainsi d’appliquer sa vision de la société.

Dans un monde où le temps politique est réduit à une succession d’élections, où l’individu est soumis à l’instantanéité des événements et des réseaux, dans un monde où le vrai pouvoir est le pouvoir du capital, les entrepreneurs sont devenus les seuls vrais maîtres du temps long. Car qui a la capacité de penser le long terme aujourd’hui? Quel homme/femme politique crédible peut garantir l’application de projets sur 20 ans, ou 50 ans sans être défaits à l’élection suivante? Quelle transcendance permet de garantir le pouvoir et son exécution au delà du temps d’une élection pour le bien commun?

La Monarchie était un système qui le permettait dans l’ancien régime, quand par exemple Colbert avait planté des chênes dans les forêts Françaises pour garantir l’approvisionnement en bois de la Marine Française pour les 300 prochaines années qui suivraient. On pensait encore le futur à l’époque, car on avait confiance dans la continuité du pouvoir monarchique absolu de droit divin au delà du temps des hommes…d’où l’expression, “le roi est mort, vive le roi” qui montre que la continuité du pouvoir est immédiate.

Aujourd’hui, les entrepreneurs par leur contrôle du capital dans leurs sociétés, sont les derniers souverains capables d’assurer à la fois cette continuité d’action et de pouvoir dans le temps long.

Dans la Silicon Valley, en moins de 20 ans, des entrepreneurs ont été capables de révolutionner des industries entières, mêlant vision, planification et mise en application. C’est par exemple Google qui développe un cerveau artificiel pour l’horizon 2050, et qui souhaite repousser les limites de la mort. Quel enjeu de société ! C’est Facebook, par Mark Zuckerberg, qui avec près de 1,6 milliards d’utilisateurs, souhaite en connecter tous les habitants de la planète à internet. C’est SpaceX, via Elon Musk, qui veut relancer la conquête spatiale pour mourir sur Mars, mais “pas à l’impact” comme il dit si bien avec humour. C’est à croire comme dit plus haut que les entrepreneurs sont les seuls vrais hommes politiques de notre temps. Alors vient ma question : en contrepartie, où sont les hommes et les femmes politiques de la chose publique dans la création de ce futur ? Qui porte la voix des enjeux des biens communs et de l’intérêt général?

Je m’appelle Mehdi Medjaoui, j’ai 31 ans, je suis entrepreneur, j’aime mon pays la France et je ne fais partie d’aucun parti politique ni d’aucune équipe de campagne. Je suis basé à San Francisco, l’écosystème le plus fertile pour la création de startups, avec ses investisseurs, ses ingénieurs venus du monde entier, sa philosophie de conquête sans limites et de changement de paradigme via l’innovation technologique. J’ai co-fondé avec 2 associés une société en 2012, Webshell SAS, qui fait un outil d’intégration de protocoles de sécurité (oauth.io) dans les applications web et mobile. En 2014, nous avons eu des investisseurs privés et l’appui de la Banque Publique d’Investissement pour un total d’environ 500,000$ pour aller conquérir la Silicon Valley. Ma société se développe, avec des hauts, des bas, des débats, et jusqu’ici tout va bien. Aussi, j’organise des conférences sur la transformation digitale des entreprises dans 8 pays chaque année depuis 2012, dont la principale est à Paris, par choix il faut l’avouer, pour contribuer à faire de la France le pays du numérique. Je suis aussi consultant sur les stratégies d’automatisation et d’organisation algorithmique du travail grâce aux APIs…Pour pouvoir entreprendre tout cela j’ai conscience que je m’appuie sur les femmes et les hommes qui font tourner la société, dont les métiers sont plus durs et répétitifs et sans qui le système ne fonctionnerait pas. À mon modeste niveau, nous avons gardé le siège social de la société en France, dans l’Essonne et je continue à payer des impôts sur le revenu en France.

En une phrase : La France, je l’aime et je l’acquitte !

Je reviens très souvent au pays des 365 fromages, par besoin, ou par manque, je ne sais jamais vraiment, pour la famille, les amis… En même temps il faut dire que le pain n’est pas génial aux USA. Ils ont envoyé des hommes sur la Lune il y a bientôt 50 ans mais ils ne savent toujours pas faire une baguette qui croustille. Déprimant.

Ce qui aurait pu être déprimant aussi c’est la période électorale française … et pourtant !

Et pourtant je suis enthousiaste à l’idée de voter Jean-Luc Mélenchon et de soutenir le mouvement de la France Insoumise qu’il représente. Je pensais être minoritaire dans mon milieu, mais étonnamment, plus j’en parle, plus j’apprends que mes connaissances entrepreneurs votent aussi Mélenchon. Il est vrai que beaucoup sont encore étonnés, sur comment peut-on être entrepreneur et voter pour le représentant de la France Insoumise. Alors que les médias le dépeignent en Bolchevik anti-patrons et anti-entrepreneurs et encensent d’autres candidats qui nous seraient plus favorables… je veux démontrer par cet article point par point pourquoi c’est faux et que c’est tout le contraire. Et comme dirait Blaise Pascal, je vous ai écrit un long texte pour expliquer cela car je n’ai pas eu le temps de vous en écrire un court.

Partons sur de bonnes bases pour comprendre. Le rôle principal d’un Etat entrepreneurial est d’assurer la liberté d’entreprendre, réduire le coût d’opportunité et le coût d’accès au marché à son minimum pour les entrepreneurs, aider au financement de l’innovation, soutenir la recherche fondamentale, tout en protégeant ses industries stratégiques. A ce titre, il s’agit concrètement de créer une infrastructure favorable à la création de valeur, avec un maximum d’externalités positives pour permettre l’émergence d’un écosystème fertile à ce que certains économistes libéraux appellent la prise de risque. (je reviendrai après sur ce terme)

Dans un deuxième temps, son rôle est de garantir la neutralité, l’équité, la transparence et la stabilité sur le marché pour créer un climat de confiance et se rapprocher, tant que faire se peut de ce que ces mêmes économistes appellent un marché parfait.

Cette infrastructure pour mieux entreprendre, c’est ce que propose le programme de l’avenir en commun quand on le regarde dans le détail et qu’on dépasse les effets de manches du tribun. Une infrastructure de l’intelligence collective, numérique, technologique, financière, juridique, fiscale et écologique.

Dans une économie de la connaissance — le vrai capital est d’abord humain

En tant qu’entrepreneur on comprend très vite que le vrai capital est d’abord humain. Les investisseurs du monde entier le reconnaissent. On investit d’abord sur une équipe avant d’investir sur un projet. Comme ils disent si bien Bet on the jockey not on the horse! (Misez sur le jockey, non pas sur le cheval!) Le programme de JLM et la philosophie qui est derrière sont ancrés dans cette économie de la connaissance. Car la nouvelle économie, c’est celle où le capital des entreprises est d’abord le capital humain immobilisé dans les compétences et l’expérience des hommes et des femmes qui la composent.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Des sociétés comme Google, Apple, Facebook sont valorisées plusieurs millions voire dizaines de millions de dollars par salarié (24 millions par salarié pour Facebook pour être exact et cela peut monter à 48 pour des sociétés comme Snapchat ou Whatsapp à l’époque de leur rachat). Si l’on regarde le chiffre d’affaires généré, on remarque qu’un salarié de la société Apple rapporte en moyenne plus de 2 millions de dollars par an à son entreprise, plus d’un million de dollars pour un salarié de Google ou Facebook .

Dans la nouvelle économie, ce n’est plus le travail qui paye, mais le bon travail. Et il paye jusqu’à 10 000 fois plus pour le même effort.

Se préparer à cette économie, c’est miser sur l’éducation, la formation académique, l’expérience professionnelle de son peuple qui sont les piliers de l’intelligence collective. Une économie qui prépare son avenir dans une jeunesse toujours plus qualifiée pour préparer le monde de demain où la connaissance, la propriété intellectuelle via les brevets et la donnée seront les seuls vrais avantages concurrentiels.

Le programme de l’Avenir en commun est le plus orienté sur l’éducation. Avec l’embauche de plus de professeurs et d’éducateurs pour la jeunesse, avec l’école obligatoire jusqu’à 18 ans, avec l’allocation étudiant qui permet de se concentrer sur ses études au lieu de travailler en dehors, avec de nouveaux crédits pour l’université et la recherche, c’est un programme d’avenir pour l’entreprenariat sur le long terme, et une base solide pour assurer le renouvellement des compétences dans cette nouvelle économie où le savoir est une arme. Aucun autre candidat en possibilité de gagner l’élection n’a mis l’éducation autant en priorité dans son programme.

Combler les trous du financement de l’innovation

A San Francisco, si vous avez une bonne équipe, un bon projet et des premiers résultats encourageants, vous pouvez avoir des investisseurs qui vous signent un chèque de 500,000$ -ou plus- après une discussion autour d’un café -c’est arrivé à un bon ami, il se reconnaîtra!. Ou bien si vous êtes plus patients et avez plus d’ambition, des fonds d’investissement peuvent mettre plusieurs millions de dollars sur votre projet après quelques semaines d’entretien et de suivi. C’est le résultat d’un écosystème qui a mis plusieurs décennies à se structurer. C’est aussi du fait que toute les externalités sont là, notamment les talents et les clients pour favoriser cette prise de risque financier.
En France, c’est plus compliqué. Le tissu des investisseurs n’est pas aussi structuré et les banques françaises ne savent pas financer l’innovation des startups. Avec un faible capital social de départ (mais haut capital humain), peu d’actifs autres que quelques ordinateurs, pas de stock de marchandises car tout est digital, peu ou pas de chiffre d’affaires pendant une longue période en attendant de peaufiner leur modèle d’affaire, aucune banque classique ne financera un projet de startup. Elles ne sont d’ailleurs pas faites pour cela, créées dans un autre paradigme économique qui appartient au passé. C’est là où la réforme de la Banque Publique d’Investissement, cet organisme financier public dédié au financement de l’innovation, entre en jeu.

En donnant à la BPI une licence bancaire, donc la capacité de création d’argent-dette et d’effet de levier comme les autres banques classiques, elle sera alors capable de prêter et d’investir sur les entreprises innovantes selon leur besoin et sans véritables limites que leur besoin, alors qu’aujourd’hui elle est directement limitée par ses fonds propres, ce qui restreint son champ d’action et ses initiatives.

C’est un pas de géant pour des entreprises innovantes, les startups du numérique en particulier. La BPI pourra prendre le relais, en appui de business angels et pourra ainsi palier au manque de capital-risque orienté seed funding en France pour que les entrepreneurs puissent démarrer leurs projets à compétition égale avec les écosystèmes ou le financement est plus mature.

De plus, le Crédit Impôt Recherche, cet outil de remboursement d’une partie des dépenses en recherche et développement qui, aujourd’hui, bénéficie le plus aux grandes entreprises, sera réservé demain aux PME innovantes et startups. On peut imaginer un renforcement du dispositif pour permettre aux entrepreneurs d’innover avec de l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace.

L’égalité et la stabilité juridique: la garantie d’une compétition équitable

Au niveau juridique, JLM prône une compétition plus équitable avec un code du travail pour tous en abrogeant la loi El Khomri. En effet, l’application de cette loi travail (quelle hypocrisie de l’avoir appelée comme cela) est la garantie d’une concurrence déloyale entre entreprises sur le long terme. Nous comprenons bien que si chaque entreprise est capable, avec l’accord/contrainte des salariés, de modifier leurs conditions de travail en dessous du niveau de la loi, ce qu’on appelle changer la hiérarchie des normes, alors il se crée immédiatement un nivellement par le bas par rapport aux autres du même secteur dans tout le pays, qui à leur tour vont devoir s’aligner à la baisse avec l’accord/contrainte des salariés pour rester compétitifs, et tous les salariés y perdent sans gagner de parts de marchés au final. Un même code du travail garantit pour sa part des conditions égales de concurrence dans le cadre de la loi sur le même territoire. L’abrogation de la loi El Khomri est la garantie que nous serons aussi égaux devant la loi dans l’entreprise et que les entreprises sont sur un marché sans biais juridiques internes. L’entreprise n’est pas un espace exempt d’égalité de droits.
Au niveau national, la compétition équitable sera alors garantie mais qu’en sera t-il au niveau international et au niveau de la compétitivité? C’est là que la bifurcation du CICE — Crédit Impôt Compétitivité Emploi — intervient.

Des incitations fiscales intelligentes pour stimuler efficacement l’emploi

Aujourd’hui, le CICE finance à hauteur de 40 milliards d’euros les réductions de charge des entreprises avec de l’argent public, même celles qui ne souffrent pas de la compétitivité internationale. On estime que le coût d’un emploi sauvé par le CICE à été entre 300 000 et 600 000€. C’est donc en fait les marges des entreprises qui ont été financées avec de l’argent public. Quel gâchis. Il faut être plus stratège et concentrer les efforts sur ceux qui en ont besoin.
La compétitivité est importante quand on est entrepreneur. Encore plus quand on est en concurrence avec le monde entier. Nous avons vu plus haut que le même code du travail garantit une concurrence équitable au niveau national. Le problème se pose quand le travail en France finance dans la quasi-intégralité le système social Français de la santé, du chômage et des retraites alors que dans d’autres pays ce n’est pas le cas.
Alors comment améliorer la compétitivité au niveau international pour les entreprises françaises tout en favorisant l’emploi? Tout d’abord il faut rappeler quelque chose de très simple :

Un entrepreneur n’embauche que si et seulement s’il n’arrive plus à répondre aux besoins de ses clients avec son effectif actuel et s’il a de la visibilité sur son carnet de commandes. Il n’embauche pas parce qu’il gagne plus d’argent ou parce qu’il a beaucoup d’argent en banque.

Donc donner de l’argent à un entrepreneur via un crédit d’impôt sans contrepartie, comme François Hollande l’a fait avec le CICE pour plus de 40 milliards d’euros ne créera pas d’emploi si la demande en face n’est pas présente. Dit plus simplement, faire un chèque aussi gros soit-il à un patron de restaurant ou à un patron de salon de coiffure ne les fait pas embaucher si leur carnet de commande ne se remplit pas et si personne ne vient dans leur restaurant ou leur salon. Cela ne fait qu’accroître ses marges et au final son profit, et avec de l’argent public s’il vous plaît. Et puis ces entreprises ne sont pas dans la compétition internationale, car vous n’irez pas en Espagne au restaurant le samedi soir, ni vous couper les cheveux en Chine…. Il faut donc concentrer les aides à la compétitivité uniquement sur les entreprises qui exportent ou qui sont en concurrence sur le marché international.
Au sujet des produits provenant de pays qui ne respectent aucune norme sociale ou écologique, ce que l’on peut considérer comme une concurrence déloyale, JLM propose un protectionnisme solidaire aux portes de l’Europe pour rétablir des conditions équitables de concurrence. Comme inscrit dans les valeurs de la République, il faut un traitement égal avec les égaux, inégal avec les inégaux. Toutes les grandes puissance le font, les USA, la Chine…Pourquoi l’Europe serait la seule à ne pas se protéger ses industries de ceux qui ne respectent pas ses standards? On y reviendra.

Pour l’impôt sur les sociétés, la proposition d’un impôt abaissé pour les PME à 25% est non négligeable par rapport aux 33% actuels. Les petites entreprises sont celles qui embauchent le plus, alors il semble plus intelligent de les laisser réinvestir leurs profits pour croître. On sait tous que l’argent est plus efficace quand il circule dans l’économie.

Pour financer cela, il faudra, contraindre les groupes multinationaux à payer des impôts sur leur chiffre d’affaires réalisé en France afin de lutter contre ce que l’on appelle l’optimisation fiscale, qui n’est rien d’autre pour une grande entreprise que l’organisation de son insolvabilité via des mécanismes de re-facturation intragroupe. C’est un peu technique et barbare comme formulation, mais pour l’expliquer brièvement, disons qu’il y a des abus dans le fait que des filiales françaises de grands groupes internationaux paient des frais de gestion de marque ou de propriété intellectuelle à leur maison mère qui est dans un autre pays, souvent un paradis fiscal. Ils créent artificiellement grâce à ce mécanisme des pertes en France, sur des sociétés normalement bénéficiaires, pour ne pas payer d’impôt.
C’est la raison pour laquelle en moyenne les sociétés du CAC40 ne payent que 8% d’impôt sur le revenu, ou bien qu’une société comme McDonalds ne paye pas d’impôts sur les sociétés en France alors que c’est le deuxième pays en terme de chiffres d’affaires pour le groupe.

L’optimisation fiscale est légale mais injuste, car elle crée deux types d’entreprises. Celles qui peuvent se payer des montages fiscaux et éviter l’impôt, jouant avec les failles juridiques du système international, et les autres. Être égal sur un marché, c’est aussi être égal devant l’impôt. Sinon comment une PME peut avoir une compétition équitable avec un concurrent, déjà plus gros que lui, et qui en plus ne paye moins d’impôts en proportion de ses gains?

Une relance par l’investissement et par la demande car ce n’est pas le patron qui paye les salaires, c’est le client.

Dans le programme l’avenir en commun, il est prévu de relancer l’économie en augmentant le SMIC. Car les petits salaires dépensent en consommation la quasi-totalité de leurs revenus et n’épargnent presque pas. En consommant,ce sont eux qui vont remplir les tables de restaurants ou les salons de coiffure de nos entrepreneurs cités plus haut.

Parce que Pierre Gattaz, président du MEDEF, a oublié ce principe fondamental de l’entreprise et de la micro-économie : “Ce n’est pas le patron qui paye les salaires, c’est le client.”

Dans une économie de marché, augmenter le salaire de son prochain est la meilleure garantie de conserver le sien. C’est un peu comme Henry Ford, fondateur du groupe automobile du même nom, qui disait qu’il fallait qu’il augmente les salaires de ses employés pour qu’ils puissent s’acheter les voitures qu’il produisent. Le projet de JLM, c’est l’établissement d’un cercle vertueux qui commence par la demande pour relancer l’emploi, au lieu de faire baisser les prix de tout et n’importe quoi par une politique de l’offre, sans savoir si ce qui est produit correspond à un réel besoin.

Si j’essaie de vous vendre quelque chose d’extrêmement inutile pour pas cher, vous ne l’achèterez pas. Par contre vous serez prêts à réfléchir si je vous vends quelque chose de très utile pour plus cher. C’est donc le besoin qui crée l’offre, et non pas l’offre qui crée le besoin. L’offre réponds au besoin.

Mais certains pessimistes vont dire que Mélenchon fait peur, et que les investisseurs risquent de partir à son arrivée? Ce n’est pas grave car on va les remplacer en attendant qu’ils reviennent. Car ils reviendront. Ils prêtent aujourd’hui à taux négatif à la France car ils ne savent pas où mieux placer leur argent. Ils reviendront, il ne faut pas s’en inquiéter.

Avec 100 milliards d’investissement dans le programme de JLM, ce sont de formidables opportunités de création d’entreprises qui vont émerger.
L’investissement dans les infrastructures, qui crée des externalités positives, c’est de la bonne dette comme disent les économistes, comme Elie Cohen par exemple. De plus, ces dépenses sont appuyées par une vision d’Etat à long terme qui garantit le développement dans l’intérêt général basé sur un tissu unique d’ingénieurs et d’entrepreneurs de haut niveau de formation. Cela va faire de la France le leader mondial de la transition écologique et ce qui ouvrira des marchés dans le monde entier pour l’économie Française, en Chine notamment (même si à titre personnel je suis pour garder le nucléaire dans le bouquet énergétique, voir les travaux très sérieux de Jean-Marc Jancovici ). Cela va faire aussi de la France un pionnier dans l’économie de la mer, où appuyés sur notre domaine maritime qui est le 2ème au monde, nous allons découvrir tant de choses pour ce qui est des ressources naturelles, pour l’énergie, la science, l’aquaculture, pour la biodiversité et pour l’écologie en général.

La mer représente 70% de la surface terrestre et 90% des fonds marins sont inexplorés et inconnus. Ca fait presque 2/3 du de la croûte terrestre qui nous est encore inconnu. Et comme pour beaucoup de domaines, c’est mieux d’arriver les premiers.

Et si les marchés ont peur et font monter les taux d’intérêts? Cet emprunt pourra être fait en empruntant directement aux Français. Cela fera un cercle dans une sorte d’appel aux don où Les Français prêtent aux Français. Ca coûtera peut-être un peu plus cher en intérêt mais ça restera dans l’économie française. Au Japon ils font ca depuis longtemps et leur dette n’est pas une menace, bien que représentant près de 250% du PIB.
Une fois ces investissements réalisés, la France sera redevenue une terre fertile pour l’investissement en capital, grâce à des infrastructures performantes et utiles, un écosystème aux externalités positives qui garantissent souvent un meilleur retour sur investissement. Cela fera revenir les investisseurs qui dans leur logique financière cherchent logiquement le meilleur placement pour le moindre risque financier. On peut donc faire passer les intérêts du Peuple sans diminuer (et même augmenter) l’intérêt des investisseurs. On se rapprocherait d’un optimum de Pareto dit comme cela, non?

Une autre distribution des richesses pour une économie plus efficace

Limiter les écarts de salaires de 1 à 20 dans l’entreprise est d’un bon sens tellement commun que même Gérard Mulliez, fondateur d’Auchan le préconise ou même JP Morgan au début du 20ème siècle qui le prônait également au sein de la banque qu’il a fondée. Personne ne peut les accuser de communisme. Plus anciennement, il y a 2 000 ans, Platon préconisait un écart de revenus de 1 à 5 dans la Cité. Cela fait longtemps qu’on réfléchit à la question et qu’on connaît la réponse. Si les banquiers les plus prospères de leur génération, les entreprises familiales les plus puissantes et les philosophes grecs sont d’accords, n’avons nous pas là une forme de consensus sur la répartition de la valeur co-créée par le travail collectif ?

Au niveau des impôts sur le revenu, la proposition de JLM est de passer à 14 tranches d’impôts pour lisser l’effort sur les plus riches jusqu’à 100% au dessus de 360,000€. Est-ce vraiment confiscatoire?
Aux Etats-Unis, il y a eu des taux d’impôt sur les plus hautes tranches jusqu’à 94% pendant la guerre, 91% ensuite pendant près de 20 ans. Et la classe moyenne américaine ne s’est jamais mieux portée qu’à cette époque, ses revenus augmentaient de près de 3% chaque année en moyenne et représentaient plus de 90% de la richesse créée. Car une classe moyenne florissante, c’est de la consommation, donc de l’emploi, donc de la consommation, donc de l’emploi…Même des économistes américains préconisent de revenir à un système similaire aujourd’hui. En France Thomas Piketty dit même que c’est souhaitable de taxer plus durement les riches. Et puis le FMI vient de dire également que plus les riches sont riches, plus les économies vont mal. Alors si même le FMI, l’huissier de justice des peuples devant l’éternel le dit, c’est qu’il est vraiment temps de partager les richesses. On croirait voir un consensus qui va des socialistes aux libéraux. En fait, le problème des très riches pour l’économie n’est pas sur la question morale, car ce n’est pas qu’ils soient riches mais sur le fait qu’ils ne dépensent pas assez leur argent pour faire tourner l’économie, alors que les pauvres et les classes moyennes si.

Aussi, je voudrais dire à ceux qui pensent que sa proposition de l’impôt maximum au dessus de 30,000€ par mois est un frein à l’entrepreneuriat, je vous dis : détrompez vous. Avec 30,000€ par mois en France comme revenu maximum, cela fait près 15 millions d’€ sur une vie de travail de 42ans. C’est statistiquement plus que peuvent l’espérer 99% des entrepreneurs.

Par contre si les entrepreneurs veulent continuer de faire de grands projets de conquête avec les réserves financières de la société, il pourront le faire mais avec l’argent conservé dans leur entreprise. Car si c’est l’entreprise qui crée les richesses comme les libéraux disent souvent, alors laissons l’argent dans l’entité sociale qui l’a créé! Il sera plus efficace ici. Taxons le uniquement que quand il sort du système productif pour aller vers l’accumulation personnelle. Et comme l’a dit Mélenchon, si un entrepreneur revend sa société et fait un revenu exceptionnel sur une année, il pourra le lisser sur plusieurs années. Pour les quelques uns qui rêvent encore d’être milliardaires, c’est qu’ils ne connaissent pas leurs probabilités, car ils n’ont que 0,00006% de chance de le devenir. Ils ont plus de chance d’être frappés par la foudre, mais certains vont y croire dur comme fer, confirmés par les propos d’Emmanuel Macron qui souhaite que les jeunes entrepreneurs aient ce doux rêve altruiste d’avoir un compte en banque à 10 chiffres avant la virgule. C’est aussi qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent. Les meilleurs investisseurs de startup vous le diront : la recherche de richesse est moins une cause de succès qu’une conséquence du succès de l’entreprise. On peut citer la phrase célèbre de Paul Graham, créateur de YCombinator, l’accélérateur de startup pionnier de la Silicon Valley : “Do what people want” et de son livre Hackers and Painters dont l’idée est que vous deviendrez riches en créant d’abord de la valeur pour vos clients, et en faisant d’abord des produits qui répondent à leur besoins. Et uniquement dans ce sens. La valeur de votre société et donc votre richesse sera un retour de la valeur que vous aurez créée pour vos clients et utilisateurs. Vouloir être milliardaire ne vous rends donc pas milliardaires. Et c’est peut-être même un frein.

L’extrême richesse serait un peu comme le pouvoir, elle augmente lorsqu’on la cherche avec modération.

L’accumulation d’argent s’interprète politiquement. Pour certains, c’est la rémunération du risque comme ils disent. Mais qui peut justifier aujourd’hui que les entrepreneurs et les investisseurs prennent des risques? Le seul risque que j’ai pris en tant qu’entrepreneur, c’est de réussir. Si je rate ça sera même plus facile pour moi de retrouver un emploi et bien mieux payé que la moyenne des mes copains de promo en école d’ingénieurs qui ont toujours été salariés. Pour les fonds d’investissement c’est encore plus risible car souvent ils ne risquent même pas leur argent mais celui des autres dont le management leur est confié… Je connais des gens qui prennent de vrais risques. Mon ami Romain, policier mon meilleur ami Abdel pompier volontaire. Ils ne seront jamais milliardaires, ni même sûrement jamais riches.

Pour d’autres, comme moi, cette accumulation d’argent, c’est de l’accumulation de la valeur sur le capital de la société, captée au détriment du travail du collectif. Parce que soyons sérieux. Qui peut réellement créer un milliard d’euros de richesses à lui tout seul? Ce milliardaire a dû capter une part de richesse sur un grand nombre de gens, ses salariés, ses clients, le marché, les services publics, et sur la durée pour en arriver à imposer ce rapport de force dans la partage de la valeur. Une sorte de surtravail (ou plus-value) accaparé sur toute la chaîne des acteurs de la société dans son ensemble, et qui s’est concentré dans les mains d’un seul propriétaire. Ne parlons même pas de morale. C’est juste inefficace économiquement ! Un marché est plus performant quand le pouvoir d’achat de ses agents est réparti. Un peu comme l’irrigation en agriculture. On produit plus et mieux quand toute le monde a de l’eau que quand quelques uns ont en beaucoup et les autres pas assez…

Passer de la dés-Union Européenne à l’Europe politique pour défendre la marque Europe

Au niveau Européen, JLM a un plan A et un plan B. Le plan A est de renégocier les traités de l‘Union Européenne pour la réorienter, le plan B est de sortir des traités de l’Union Européenne (mais pas de l’Europe) en cas d’échec du plan A.
Il est important de comprendre que l’Union européenne et l’Europe ce n’est pas la même chose. L’Union Européenne est une association politique et économique particulière, de certains pays de l’Europe, 27 exactement depuis la sortie programmée du Royaume -Uni. C’est une entité supranationale fondée en 1993 suite à la ratification du traité de Maastricht.
L’Europe quant à elle est la zone géographique du continent européen qui contient plus de pays que l’Union européenne, dont les limites sont principalement la mer Méditerranée au sud, l’océan atlantique à l’ouest et dont les limites à l’est sont débattues. La Suisse ou l’Ukraine par exemple font partie de l’Europe mais pas de l’Union européenne. Il existe de très nombreuses coopérations entre les pays d’Europe hors de l’Union Européenne. On peut donc parler d’une Union européenne aux traités renégociés, appelé le plan A ou bien d’Europe, d’Europe Politique, d’une autre Union d’Europe par d’autres traités différents de l’Union Européenne, le plan B.

Donc le plan A qui souhaite la renégociation pour remettre la politique des peuples au dessus de l´économie de marché libre et non faussée me redonne espoir. Les précédents traités ont transformé l’Europe en une zone de compétition sans limite entre ses membres. L’Irlande fait du dumping fiscal avec Apple pour l’attirer sur son territoire, l’Allemagne délocalise toute son industrie en Pologne, tout le monde se bat pour aller sur le marché chinois d’une manière désordonnée avec ses industries nationales… Avec la concurrence libre et non faussée comme valeur reine, on a lâché des renards libres dans un poulailler libre.
C’est la dés-Union Européenne ! Par manque de politique, la première zone économique du monde est à l’arrêt, alors qu’elle est le plus grand marché du monde en valeur. Maastricht, Lisbonne…L’Europe est mal-traités.
Il faut revenir à une Europe Politique où les Etats-nations coopèrent pour parler d’une seule voix au niveau diplomatique, industriel, scientifique, agricole, éducatif, de santé publique et qui s’harmonise, vers le haut, au niveau social et fiscal. Une Europe qui arrête de paraître pour un marché parfait pour les investisseurs en ayant interdit aux états de se prêter via leur banque centrale, et qui n’a donné comme mandat à la Banque Centrale Européenne que le contrôle de l’inflation au lieu de soutenir l’investissement donc la croissance sur le moyen et long terme. Une Europe qui remet l’économie au service du politique, donc du citoyen au lieu de mettre le citoyen au service de l’économie.
Cette Europe, elle existe hors des derniers traités de l’Union Européenne qui sacralisent cette concurrence libre et non faussée. C’est l’Europe d’Airbus, ou d’Ariane Espace. C’est cette Europe qu’il faut re-négocier pour arrêter l’austérité qui plombe les économies, donc qui plombe les carnets de commande des entreprises et qui finance la croissance des pays émergents avec de la dette.
Si les états empruntent directement à la banque centrale à taux 0%, alors c’est 60 milliards d’euros de service de la dette que la France n’aura plus à rembourser très bientôt. Et autant de cotisations patronales en moins, de pouvoir d’achat, de service public ou d’investissement en plus dans l’économie pour toujours plus d’externalités positives. Ca risque de créer de l’inflation? Alors ça créera de l’inflation. Cela reste un mal plus supportable que la saignée des peuples par les dévaluations internes, le sacrifice de plusieurs générations ou même la guerre. On ne rembourse la dette que par ces méthodes là comme on peut l’apprendre dans le livre de Thomas Piketty Le Capital au 21ème siècle ou bien Tous ruinés dans 10 ans? de Jacques Attali. L’inflation est une sortie en douceur, la seule sortie en douceur du système de la dette perpétuelle des états.
Et pour ceux qui ne croient pas au rapport de force de la menace du plan B de sortie des traités pour promouvoir le plan A de renégociation, je leur dirai ce dicton américain classique en affaires “ Dans la vie on obtient pas ce qu’on mérite, on obtient seulement ce qu’on arrive à négocier”. Pour les plus curieux c’est ce que l’on appelle en théorie de la négociation la méthode BATNA (Best Alternative to a Negotiated Agreement) qui dit que l’on est aussi fort en négociation que l’alternative que l’on a à disposition en cas d’échec de la négociation principale. Pour faire simple, plus JLM sera crédible sur le plan B de sortie des traités et montrer qu’on s’en sortira avec d’autres alliances, plus il y aura de chance que la discussion soit co-opérative sur le plan A de renégociation des traités. À la manière d’un Jean Pierre Raffarin pour dans sa campagne pour le oui au traité de constitution de 2005, je l’expliquerai autrement en disant “The plan A needs the plan B to win against the plan B”
Parce que je le précise, le projet de JLM est, inspiré par Victor Hugo, profondément pour une union des peuples d’Europe, mais sur une base politique et fraternelle, non pas prioritairement sur une base économique.

Humaine, sociale, juridique, technologique, écologique, fiscale, numérique…L’infrastructure que la France Insoumise est en train de bâtir est une infrastructure de choix pour l’entreprenariat et l’économie. Le programme de l’Avenir en commun prépare le passage à une l’Europe politique, pour assurer une zone de prospérité dans le long terme face aux Etats-Unis, à la Chine et aux BRICS.

Après cet exposé, et bien que ce soient des réformes importantes et que je pense vitales pour l’économie française, je ne rentrerai pas en France pour ça. En tant que dirigeant de startup dans l’informatique, la Silicon Valley reste le meilleur écosystème pour faire prospérer mes entreprises… Et la France aussi belle et rebelle soit-elle ne peut pas faire mieux, pour l’instant, en termes d’investisseurs que la région de San Francisco dans le cas particulier de mes activités. L’enjeu de rentrer en France est ailleurs. Il s’agit de ne plus penser qu’à moi mais à mon pays. Il s’agit de participer aux débats publics de la constituante pour la 6ème République, de reconstruire la souveraineté politique de la France, de participer à la transition écologique, de voir se mettre en place petit à petit le partage des richesses, de penser le bien commun avant la propriété privée, de voir les services publics se refonder, la sécurité sociale s’universaliser et de commencer les jours heureux. Car si seul on va plus vite comme j’ai pu le faire par le passé, mais ensemble on va plus loin. Cela passe nécessairement au dessus d’un destin personnel, pour partager un destin commun avec mes compatriotes. N’est-ce pas d’ailleurs la définition de la Nation ? Un peuple partageant un même destin commun ? Je pense que l’on ne se sentira jamais autant Français qu’avec Jean-Luc Mélenchon et ses équipes au pouvoir. Cet amoureux de la France et de sa Grande Révolution a ancré en lui les valeurs républicaines Liberté, Egalité, Fraternité et saura les appliquer face aux tournants de l’Histoire et sa grande hache.

Mes procurations sont faites, je voterai Mélenchon au 1er et au 2ème tour.

Mes billets d’avion aussi. Je rentre en juillet.

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Mehdi Medjaoui

Founder of Webshell, the company behind OAuth.io and APIdays Conferences series in US and EMEA. Writing a book on “Man Versus Software : The Great Substitution”