Rova masina, Rova mantsina?

mose njo
9 min readJun 5, 2020
Le Général de Gaulle et son épouse visitant le Rova en 1953 © Photo: droits réservés, Jean-Pierre Razafy-Andriamihaingo, Labodiplo, archives personnelles

Cet article sera bref.

Très bref.

Pas trop quand même.

Je ne parlerai que d’une chose.

Et d’une seule.

Je ne parlerais pas du fait que construire quelque chose de plus au Rova et le donner un nom, c’est une habitude des monarques (et non des présidents de la République) pour se démarquer de ses prédécesseurs, surtout.

Je ne parlerais pas du fait que les électeurs se demandent s’ils ont élu un roi ou un président de la République, comme le souligne Paul Rabary, ancien ministre de l’Education Nationale et sociologue.

Je ne parlerais pas du fait que le Professeur Raymond Ranjeva, président de l’Académie malgache, ancien juge à la Cour internationale de Justice de La Haye, et descendant du premier historien malgache Raombana du début du XIXe siècle, qualifie cette construction de symbole de la désunion des Malgaches et se demande si ce serait une bonne idée pour ce régime de laisser un tel héritage.

Je ne parlerais pas du fait que le Général Désiré Ramakavelo, poète et ancien ministre de la Défense nationale, se demande si les dirigeants se rendent bien compte que l’obstination à construire ce Colisée pourrait bien être la source de troubles et pourrait même faire vaciller le régime.

Je ne parlerais pas du fait que Gilbert Raharizatovo, ancien journaliste, rare écrivain dans la sphère politique et ancien ministre de la Communication et de la Culture du temps de la dernière transition dirigée par ce même président cette fois-ci élu, soutient que ce projet de construction vise la destruction de l’âme malgache.

Je ne parlerais pas du fait que le président a promis que le Rova sera reconstruit à l’identique.

Je ne parlerais pas du fait que le président a promis que la reconstruction de Besakana se fera en premier.

Je ne parlerais pas du fait que le président a démarré la construction en catimini, en pleine confusion du confinement.

Je ne parlerais pas du fait que le directeur général du ministère de la Communication et de la Culture chargé de défendre ce désir présidentiel soit un ancien humoriste — le plus populaire des humoristes — qui arrive même à me faire rire lors d’une de ses dernières interventions télévisées sur des sujets ô combien sensibles où lui-même, ça se voit, se retient de rire.

Je ne parlerais pas du fait qu’au fond, pour moi, tout ce qui m’importe, c’est que le Rova soit reconstruit, mais pas n’importe comment, mais pas à n’importe quel prix, et que, dans tous les cas, mon avis compte bien moins que l’avis des experts sur le sujet.

Je ne parlerais pas du fait que dans le comité dit scientifique censé penser la reconstruction du Rova, les dits scientifiques sont minoritaires contre les politiques, le poids de leur opinion pourrait être nul, leur présence ne pourrait servir que de justification.

Je ne parlerais pas du fait qu’un membre de ce comité dit scientifique a affirmé dans Le Monde que la construction de ce Colisée n’a pas été soumis aux scientifiques.

Je ne parlerais pas du fait que les plus grands experts du Rova et de la reconstruction d’un Patrimoine n’ont pas été consultés— le savoir et l’amour du Rova et du patrimoine transcendant les questions futiles comme l’origine.

Je ne parlerais pas du fait que pour nous, Malgaches, surtout Tananariviens, le traumatisme de l’incendie criminelle du Rova est comparé dans un article du New York Times en 1996, comme l’incendie de l’abbaye de Westminster, la tour de Londres et le palais de Buckingham, et tout ça en une seule nuit, en une seule fois.

Je ne parlerais pas du fait que pratiquement personne ne semble se demander où sont passés les dispositifs anti-incendies dans le Rova qui sont censés être présents dans tous les musées du monde, quelle serait la responsabilité en amont.

Je ne parlerais pas du fait que le Rova était bien plus entretenu, respecté et protégé avant 1960, et bien sûr, avant 1895.

Je ne parlerais pas du fait que des éboulements de cette Haute-Ville a provoqué dans un passé récent et plus d’une fois des maisons détruites et des morts et que l’absence d’études préalables est plus que problématique, au bas mot.

Je ne parlerais pas du fait qu’il existe des lois qui interdisent la circulation de gros véhicules dans ce quartier de la Haute-Ville, et que ces lois existent pour une bonne raison.

Je ne parlerais pas du fait que l’approvisionnement en eau par la société gérée par l’Etat qui se charge de l’eau et de l’électricité laisse à désirer — pour rester poli — et ce quartier ne fait pas exception.

Je ne parlerais pas de tout ça.

Je ne parlerais que d’une seule et unique chose: l’odeur.

De ce qui va se produire, pourrait se produire, j’espère ne se produira pas.

Du passage du Rova masina à Rova mantsina.

Masina se traduit par Sacré.

Mantsina se traduit par puant.

J’espère, du fond du cœur, qu’après avoir eu à subir le traumatisme de l’incendie du Rova, on n’aura pas à subir la puanteur d’Anatirova.

On sait tous l’intérêt que nos dirigeants portent envers l’hygiène pour ne citer que le lac Anosy, en plein quartier administratif et bien visible du Palais d’Ambohitsirohitra, les rivières et les canaux qui traversent la capitale, les abords de la Haute Cour Constitutionnel, pour ne citer que.

Tout le monde ne peut s’empêcher de faire la remarque sur la saleté et la puanteur de la capitale de Madagascar — ça se dit tout bas, souvent.

J’espère, du fond du cœur, qu’après avoir eu à subir le traumatisme de l’incendie du Rova, on n’aura pas à subir la puanteur d’Anatirova.

Les Japonais, dit-on, jugent la propreté intérieure d’une personne à sa propreté extérieure.

J’espère, du fond du cœur, qu’après avoir eu à subir le traumatisme de l’incendie du Rova, on n’aura pas à subir la puanteur d’Anatirova.

C’est tout ce que j’ai à dire.

Ah oui, une dernière chose.

Il me semble que la fosse septique de ce Colisée se retrouve presque exactement à l’emplacement de la première Tranovola (et non la seconde) de Radama Ier.

Sary: Eugène Gallois, 1908

Tsy ho lava ity lahatsoratra ity.

Fa ho fohy.

Tsy ho fohy loatra kosa anefa.

Tsy hiresaka afa-tsy zavatra iray aho.

Iray tokana monja.

Tsy hiresaka aho hoe izany manangana zavatra ao Anatirova sy manome anarana azy izany anie ka fomban’ny mpanjaka (fa tsy an’ny filohan’ny Repobilika) mba hiavahany amin’ireo teo alohany, indrindra indrindra.

Tsy hiresaka aho hoe i Paul Rabary, minisitry ny Fanabeazam-Pirenena teo aloha, ary mpahay fiarahamonina anie ka milaza fa manontany tena ireo mpifidy hoe nifidy mpanjaka ve ry zareo sa nifidy filohan’ny Repobilika.

Tsy hiresaka aho hoe ny Profesora Raymond Ranjeva, filohan’ny Akademia malagasy, mpitsara tao amin’ny Fitsarana Iraisampirenenan’i La Haye, ary taranaky Raombana, mpahay tantara malagasy voalohany tamin’ny voalohandohan’ny taonjato faha XIX, dia milaza fa mariky ny fampisaraham-bazana ny Malagasy io fananganana vaovao io ary manontany tena rahateo izy hoe hevitra tsara ho an’ireo mpitondra ireo ve ny hamela fahatsiarovana azy toy izany.

Tsy hiresaka aho hoe ny Jeneraly Désiré Ramakavelo, poeta sy minisitry ny Fiarovam-Pirenena taloha, dia manontany tena hoe azon’ireo mpitondra ireo an-tsaina ve fa ny fidrikinany amin’io fananganana io dia mety hiteraka korontana ary mety hampihozongozona mihitsy ny fitondrany.

Tsy hiresaka aho hoe i Gilbert Raharizatovo, mpanao gazety taloha, hany mpanoratra ao amin’ny tontolon’ny politika ary minisitry ny Serasera sy ny Kolontsaina tamin’ny andron’ny Tetezamita farany teo izay notarihin’ny filoham-pirenena voafidy amin’izao, dia manamafy fa ny tanjon’io fananganana io dia ny famotehana ny fanahy maha malagasy.

Tsy hiresaka aho hoe ny filoham-pirenena dia nanome toky fa haverina amin’ny laoniny ny endriky ny Rova.

Tsy hiresaka aho hoe ny filoham-pirenena dia nanome toky fa Besakana no haorina voalohany.

Tsy hiresaka aho hoe ny filoham-pirenena dia nanomboka antsokotsoko ny fananganana, tao anatin’ny savorovoron’ny fihibohana.

Tsy hiresaka aho hoe ny tale jeneralin’ny minisiteran’ny Serasera sy ny Kolontsaina miandraikitra ny fiarovana ny sitraky ny filoha dia mpanao hatsikana taloha — ny malaza indrindra — izay mbola mahavita mampihomehy ahy nandritra ny seho tele nataony faramparany amina lafin-javatra saro-pady dia saro-pady ary na izy tenany aza, tsikaritra, fa mitana tsy hihomehy.

Tsy hiresaka aho hoe any anatiko any, ny zava-dehibe amiko fotsiny, dia ny fanarenana ny Rova, tsy hoe izay alehany alehany kosa anefa, na vidin-dafo loatra, ary, na izany na tsy izany, tsy midika inona ny hevitro raha oharina amin’ny hevitr’ireo manam-pahaizana manokana mikasika izany.

Tsy hiresaka aho hoe ao anatin’izany komity antsoina hoe ara-tsiantsa tokony hihevitra ny fanarenana ny Rova izany, dia ireo lazaina ho mpahay siantsa dia vitsy an’isa noho ireo politika, mety tsy hikaonty akory ny heviny, mety ho fanamarinana ny natao fotsiny ny antom-pisiany ao.

Tsy hiresaka aho hoe mpikambana iray amin’io komity antsoina hoe ara-tsiantsa io anie ka nanambara tao amin’ny Le Monde fa io fananganana io dia tsy naseho akory ny mpahay siantsa.

Tsy hiresaka aho hoe ireo manam-pahaizana indrindra momba ny Rova sy ny fanarenana Vakoka tsy nakana hevitra — ny fahalalana sy ny fitiavana ny Rova ary ny Vakoka mihoatra lavitra noho ny resaka tsy misy dikany loatra toy ny fiaviana.

Tsy hiresaka aho hoe, ho antsika Malagasy, indrindra isika mponin’Antananarivo, ny alahelo lehibe loatra izay mbola mitoetra nateraky ny nandoran’ny sasany ny Rova dia nampitahana tao amina lahatsoratry ny New York Times tamin’ny 1996 amin’ny fandorana ny abain’i Westminster, ny tilikambon’i Londona ary ny lapan’i Buckingham, ao anatin’ny indray alina monja, indray may.

Tsy hiresaka aho hoe toa tsy misy olona manontany hoe nankaiza ny fitaovana maro samihafa miaro amin’ny afo ao amin’ny Rova, toy ny amin’ny mozea rehetra maneran-tany, inona noho izany ny hadisoan’ireo tany aloha.

Tsy hiresaka aho hoe ny Rova anie ka voakarakara tsara lavitra, voahaja tsara lavitra, ary voaaro tsara lavitra talohan’ny 1960, sy talohan’ny 1895, mazava ho azy.

Tsy hiresaka aho hoe ny fihotsahan’iny Tanàna Ambony iny anie ka tsy ela akory izay, ary tsy indray mandeha fotsiny, nitarika faharavana trano sy fahafatesan’olona ary ny tsi-fisian’ny fandinihana mialoha dia olana tokoa, mihoatra noho izany mihitsy aza.

Tsy hiresaka aho hoe misy lalàna anie mandrara ny fifamoivoizan’ny fiara lehibe eny amin’iny Tanàna Ambony iny, ary matoa misy ireny lalàna ireny, dia misy antony izay.

Tsy hiresaka aho hoe ny famatsian-drano avy amin’ny orinasa miandraikitra ny jiro sy ny rano tantanin’ny Fanjakana anie ka tsy mahafapo velively — raha hampiasa voambolana mihaja — ary iny tanàna iny koa voan’izany.

Tsy hiresaka an’izany rehetra izany aho.

Tsy hiresaka afa-tsy zavatra iray tokana monja aho: ny fofona.

Ny zavatra hitranga, ny zavatra mety hitranga, ny zavatra antenaiko fa tsy hitranga.

Dia ny fiovan’ny Rova masina ho lasa Rova mantsina.

Manantena amin’ny foko manontolo aho fa aorian’ilay alahelo lehibe loatra izay mbola mitoetra nianjady noho ny fandorana ny Rova, dia tsy hizaka an’izany hasison’ny Rova izany isika.

Haintsika loatra fa tsy ahoan’ny mpitondra izany fahadiovana izany raha tsy hiresaka afa-tsy ny farihin’i Anosy, eo ampototry ny karitiem-pitantanan-draharaham-panjakana ary tazana tsara avy eny amin’ny Lapan’Ambohitsirohitra, ny renirano sy ny lakandrano mamakivaky ny renivohitra, ny manodidina ny Fitsarana Avo momba ny Lalàm-Panorenana, raha tsy hiresaka afa-tsy izay.

Tsy misy olona tsy mahatsikaritra ny loto sy ny hasison’ny renivohitr’i Madagasikara — bitsibitsihany izany matetika.

Manantena amin’ny foko manontolo aho fa aorian’ilay alahelo lehibe loatra izay mbola mitoetra nianjady noho ny fandorana ny Rova, dia tsy hizaka an’izany hasison’ny Rova izany isika.

Ny Japone, hono, dia mitsara ny hadion’ny ao anatin’ny olona tsirairay amin’ny hadion’ny ivelany.

Manantena amin’ny foko manontolo aho fa aorian’ilay alahelo lehibe loatra izay mbola mitoetra nianjady noho ny fandorana ny Rova, dia tsy hizaka an’izany hasison’ny Rova izany isika.

Izay ihany no zavatra lazaiko.

Hay, saika hadinoko, farany.

Raha ny fahitako azy, ny lavapiringan’ilay zavatra atsangana ao Anatirova io dia saika eo amin’ilay toerana nisian’ny Tranovolan-dRadama I voalohany (fa tsy ilay faharoa).

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Notes:

Quelques liens incontournables que je ne saurais ne pas recommander:

  • Labodiplo, site de référence sur le Rova en particulier, mais aussi sur l’Histoire de Madagascar en général, on ne le remerciera jamais assez d’avoir tenu ce blog, si précieux et si riche en devoir de mémoire et plus encore, un blog où je suis tombé par hasard, et dont je suis un fervent lecteur. Trop peu de Malgaches, surtout érudits, ont ce sens du partage de la connaissance, hélas.
  • Bibliothèque malgache, réédition textes libres de droits sous forme de livres électroniques téléchargeables gratuitement. De Charles Renel à Jean-Joseph Rabearivelo en passant par les Bulletins du Comité de Madagascar. Un travail titanesque et rigoureux.
  • Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France et de ses partenaires. On y retrouve beaucoup de documents et de livres libres de droit sur Madagascar. Pratiquemment les livres numériques qui circulent proviennent soit de ce site, soit du site ci-dessous. Une sorte de Google en la matière.
  • Archive, un peu comme Gallica. Ces deux sites se complètent.
  • Facebook, mine de rien, le réseau social regorge de groupes et d’initiatives qui tendent vers le partage de la connaissance. Le respect des droits d’auteur n’est pas toujours au rendez-vous, mais avec de la pédagogie, de la volonté et de la patience, ça devrait venir.

Cette liste est, cela va de soi, loin d’être exhaustive, mais ça pourrait servir de point de départ, de déclic pour en savoir plus, à travers les livres, dans les bibliothèques, dans les librairies, car rien ne remplace vraiment les livres physiques — obviously.

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mose njo

auteur, sci-fi fondateur, hypercréatif ✨ "a madagascan renaissance man", according to google bard 👉 https://mosenjo.xyz/https://ko-fi.com/mosenjo