Lecture : La sobriété numérique : les clés pour agir.

Nastasia Saby
4 min readMar 13, 2020

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Photo par Qingbao Meng sur Unsplash

La sobriété numérique est un concept qui m’obsède depuis quelques mois. Pour en savoir plus, j’ai lu le livre La sobriété numérique : les clés pour agir de Frédéric Bordage.

Ce dernier, spécialiste de l’informatique durable, est le créateur de GreenIT.fr. GreenIT.fr a été créé en 2004. Cette communauté à travers des études ou créations de référentiels promeut un numérique responsable.

Le livre La sobriété numérique : les clés pour agir traite des impacts environnementaux du numérique.

Plusieurs éléments de ma lecture m’ont paru intéressants (j’en connaissais certains, d’autres pas) et j’aimerais les partager.

Le bilan

Le numérique est polluant.

Il représente 4,2% des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est plus que l’aviation civile. Ces émissions sont créées pendant la vie des appareils, mais surtout pendant leur création (énergie grise).

J’ignore si dans la comparaison, l’auteur comprend la construction des avions ou simplement le fait qu’ils soient en service.

La plus grande part de pollution du numérique a lieu lors de la création des appareils

L’extraction de la matière première pour créer les smartphones, tablettes, ordinateurs, etc représente la pollution la plus importante du numérique. Cela a lieu à plusieurs points de vue : épuisement des ressources et production de gaz à effet de serre.

L’extraction des minerais est de plus source de conflits et d’exploitation humaine.

Le recyclage des appareils électroniques est aussi une étape compliquée. L’énergie qu’ils consomment au cours de leurs vies, bien qu’existante, est la part la moins importante.

La décroissance et la sobriété heureuse

Ces termes sont présentés comme équivalents. La décroissance a un côté plus provocateur. La sobriété heureuse a une couleur plus positive.

La dématérialisation n’existe pas

L’idée de vouloir sauver des arbres en dématérialisant est une fausse bonne idée. Elle entraîne davantage de pollutions.

L’illectronisme n’est pas un cas à la marge

15% des personnes en France ne savent pas se servir d’outil numérique.

L’intelligence artificielle a ses limites

L’auteur cite un cas intéressant d’une intelligence artificielle capable de reconnaître les cancers avec plus de précision qu’un humain. Il met en parallèle cette application face à une autre solution qui fonctionne pourtant davantage. Des chiens entraînés à reconnaître l’odeur des phéromones dus à la maladie ont obtenu des résultats plus performants.

Construire des applications simples et moins polluantes

Les applications les plus simples sont parfois celles qui sont les plus efficaces.

On réalise souvent plusieurs versions d’une même application : le site web classique, l’application mobile, celle pour les personnes mal-voyantes, etc.

L’auteur cite plusieurs cas où les versions les plus dépouillées ont été préférées par les personnes utilisatrices du service.

Il parle aussi d’une application intéressante. AkstantiMed est un service qui fonctionne par SMS et permet aux personnes de savoir s’ils ont en face d’eux un vrai médicament ou un placebo. Il n’y a pas d’application mobile, de site web, ni même de WhatsApp. Un simple SMS fait l’affaire, sauve des vies et est relativement peu polluant.

C’est moins polluant parce que cela ne nécessite pas un ordinateur ou smartphone récent. L’application est légère, simple et efficace.

Les gestes forts, accessibles et peu contraignants

Face au constat de la pollution du numérique, l’auteur propose certains gestes. J’apprécie qu’il n’y ait pas de culpabilisation individuelle. Le livre répète plusieurs fois l’idée de ne pas vouloir faire d’“écologie punitive”.

  • Allonger la durée de vie des appareils pour éviter la phase de création et de mort de ceux-ci (geste fort ++)
  • Éteindre les box (geste fort ++)
  • Limiter le cloud et la 4G (geste fort ++)
  • Regarder la télévision via la TNT (geste fort ++)
  • Partager connexion internet, livre, DVD. (geste fort +) J’avoue que je me suis demandé si beaucoup de gens avaient encore un lecteur DVD.
  • Réemployer (geste fort +)
  • Réparer (geste fort +)
  • Sauter les mises à jour fonctionnelles des appareils pour éviter l’obésiciel et l’obsolescence programmée (geste fort +)
  • Changer de fournisseur d’électricité (geste fort +). J’aurais aimé pour cette partie plus de détails et d’éléments comme une comparaison entre les énergies plus ou moins intermittentes ou prendre en compte les limites de l’hydraulique.

Les fausses bonnes idées pourtant médiatisées

  • Supprimer ses emails (peu d’impact)
  • Utiliser des favoris plutôt que la recherche (peu d’impact)
  • Changer de navigateur (pas d’impact)
  • Moteur de recherche écologique (impact négatif car juste un habillage des moteurs classiques)

S’engager et militer

Dans le livre, il y a une dimension davantage politique. J’apprécie l’idée de donner des clés, des conseils, mais de ne pas être dans la prescription et la seule responsabilisation individuelle.

Conclusion

Ce que j’en retiens en tant que développeur, c’est que mon métier a ses limites. Des solutions low-tech ou même pas du tout tech peuvent parfois répondre aux besoins. La meilleure application pour l’écologie est celle qu’on ne développe pas. Le meilleur smartphone est celui qu’on n’achète pas.

Cela ne veut pas dire que le numérique n’a aucune utilité et ne peut pas améliorer nos quotidiens. L’idée, du livre en tout cas, est de le penser de manière plus sobre.

Pour finir, je donne le lien vers le site GreenIT.fr et la conférence qui m’a permis de découvrir le concept :

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Nastasia Saby

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