Trouver un emploi aux états unis

Nathalie Kuoch
8 min readJan 30, 2015

--

Retour d’expérience de 2 jeunes développeurs de 28 ans se lançant dans l’aventure de trouver une entreprise à San Francisco prête à sponsoriser un visa.

Mai 2014, ça fait déja plus de 4 ans que je travaille à Viadeo en France. Eugen et moi, tous deux ingénieurs développeurs java, avons le même objectif : trouver un travail à San Francisco.

On décide donc de se lancer : rupture conventionnelle avec Viadeo. Nous voila donc en juillet 2014, tous les deux au chomage, à la conquête du salaire américain !

Projets persos

Avoir un projet perso dans son CV ouvre beaucoup plus de portes : il met en avant le coté passionné et autonome.

Durant les 3 premier mois, je m’amuse à créer un site fun de création de sondages et quizz en mode battle (http://www.mashallow.com), tout en découvrant de nouvelles technos : node.js, angularjs, redis, elasticsearch.

Eugen, lui bosse sur ses projets open source et sur un site autour de la recommandation de films (http://www.owlike.com).

CV

Fiers de nos parcours professionnels, nous pouvons désormais adapter nos cv à la sauce Américaine :

  • pas de photo
  • petit résumé en haut du cv sur nos points forts
  • chiffres sur ce qu’on a apporté dans chacune de nos experiences
  • mise en avant de nos projets perso
  • faire tenir le tout sur une page

Envoi des candidatures

Octobre 2014 arrive, il est temps d’envoyer nos candidatures pour pouvoir coller au timing des demandes de visa. Evitez de vous prévoir de longues vacances entre le moment où vous postulez et le 1er Avril. Vous aurez des imprévus et devrez être disponible pour passer des entretiens via skype ou sur place.

C’est parti : chacun envoie une trentaine de candidatures via LinkedIn, Dice, Indeed, StackOverflow careers, GitHub. J’ai aussi trouvé le blog de jbarbier qui répertorie certaines entreprises sponsorisant le visa h1b.

Sur 30 candidatures, 8 ont répondu non (souvent à cause du visa), 4 ont voulu faire un phone call, et les autres n’ont simplement pas répondu.

Préparation des entretiens

Le process d’interview aux US est stressant : coder devant la personne, tout en expliquant notre raisonnement en direct, enchainer les entretiens pendant 6 heures, …

Depuis Aout, on essaye de s’entrainer de temps en temps aux entretiens. On a acheté le bouquin : cracking the coding interview. Sinon, le site magique pour voir le genre de questions posées dans telle ou telle entreprise : glassdoor.

On s’est bien préparés et quand il s’agit de faire les exos seuls dans notre coin, ça va, mais quand on essaye de se les faire mutuellement, c’est autre chose ! Beaucoup plus dur de se concentrer et d’établir verbalement le bon cheminement vers la solution optimale… Mais on progresse !

Les entretiens en général

Tous nos entretiens s’enchainent très vite. Pendant 3 semaines, presque chaque jour l’un de nous deux a un entretien. Vu qu’on vit dans un studio, quand l’un passe l’entretien, l’autre s’enferme dans la salle de bain pour pas déranger ☺.

La tranche horaire pour les entretiens entre la France et les US est de 18h à minuit (ça revient a 9h et 15h chez eux).

Les entretiens sont de plusieurs formes : skype/hangout, google doc, exercices à faire à la maison, une journée d’entretiens sur place ou par visio.

Vous avez un premier entretien RH, suivi parfois de quelques questions techniques (pas de code). Présentez vous de façon concise et mettez le focus que sur les points en rapport avec le poste.

Puis suit au moins 1 entretien technique de code via skype/hangout. On vous pose un problème, vous devez trouver un algo, le coder, expliquer, optimiser, donner les complexités, etc. Quelques conseils:

  • Ne vous bloquez pas, dites ce qui vous passe par la tete, vous serez plus à l’aise pour communiquer et résoudre le problème.
  • Parfois il est quand même utile de dire : laissez moi quelques minutes pour réfléchir sur papier.
  • Ne cherchez pas à donner directement la solution optimale si vous ne la voyez pas. Dans le cas ou vous donnez la bonne solution tout de suite, attendez vous à ce qu’on vous demande de le faire autrement.
  • Vous pouvez être en désaccord avec votre interviewer, dans ce cas, expliquez votre opinion, mais attention n’insistez pas trop (que vous ayez tort ou raison).

Mes entretiens avec Expensify

Une boite que j’avais trouvé via le blog de jbarbier m’avait fait particulièrement bonne impression. Après 1 call RH, un exo en php/jquery/api à faire à la maison, et un call sur mon background technique, mon entretien final de 6h via hangout avec Expensify arrive :

  • 1h pour coder un jeu en js puis 30mn pour le présenter
  • 1h pour coder une application en php puis 30mn pour le présenter
  • 30mn de talk de design
  • 2 tests de logique à l’oral de 45mn chacun
  • 30mn pour papoter avec tous les gens de la team en posant des questions “clever”

Après 6 longues heures (qui ont du paraître encore plus longues pour Eugen qui était condamné à rester dans la salle de bain ;)), j’apprend que “I succeded !” et dès le lendemain je reçois une offre ! Le feeling est tellement bien passé, et la boite semble être tellement flexible, que je signe, en stoppant le process de recrutement que j’avais entamé avec Yelp.

Dès le lendemain, Eugen et moi prenons l’avion pour San Francisco. Hé oui, ils m’ont invité à leur Christmas Party, l’occasion de faire connaissance avec tout le monde, tout frais payés, simpa ! Attention, il faut faire l’ESTA pour pouvoir voyager aux US, chose que j’ai du faire en speed à l’aeroport sur mon ordinateur après qu’on m’ai refusé au checkin !

Les entretiens d’Eugen

En ce qui me concerne je cherchais un job similaire à ce que je faisais à Viadeo: travailler sur du système distribué avec Apache Spark, la stack Hadoop et du machine learning.

Comment trouver les offres

Perso, c’est sur stackoverflow careers et linkedin que j’ai trouvé les offres les plus sympas. Cherchant quelque chose de précis lié à des technos, j’ai regardé dans quelles boites bossent les contributeurs de ces projets open source et quelles boites ont fait des talks dessus.

L’entretien

Dans mon cas j’ai eu la plupart du temps des exos d’algo qui se transforment en un problème de design distribué/scalable. Quelques exemples:

- Trouver l’intersection entre deux tableaux triés (puis non triés)
- Trouver les top K mots les plus fréquents dans des tweets (puis en mode streaming)
- Chemin dans un graphe et noeuds connectés, etc…

A chaque fois après avoir résolu le problème, ça part sur du distribué. Ca ne tient plus en mémoire comment tu fais? Comment tu fais si un noeud tombe? Si on ajoute un noeud à chaud? Etc… personnellement j’aime bien ce type d’entretien car je trouve ça plus créatif que les problèmes d’algos classiques et c’est l’occasion d’impressionner l’interviewer.

L’offre et la négotiation

Dans la Silicon Valley (je sais pas si c’est pareil dans le reste du pays), les talents sont recherchés. Si vous avez réussi vos entretiens, ils vous veulent et sont prêts à bien vous payer.

Je ne peux pas en faire une généralité mais voici ce qui m’a permis de négocier mon salaire:
- Réussir tous les entretiens
- Avoir plusieurs boites qui veulent m’embaucher et faire jouer les offres
- Avoir assez de temps avant le 1er Avril pour pouvoir refuser les offres si elles ne sont pas assez bien et trouver autre chose (on ose plus)
- Faire de l’open source, des talks à des meetups et des projets persos ou je fais un peu de tout
- Les boîtes pas très connues mais qui font des trucs sympas ont plus de mal à obtenir les talents que les grosses qu’on connait tous, c’est donc plus facile de négocier avec eux.

Les boites proposent toutes une partie en fixe et une autre en parts d’entreprise. Vous pouvez jouer sur l’un ou l’autre.

Les visas

Pour travailler aux états unis, il faut obtenir un visa, sponsorisé par une entreprise. Les plus connus sont :

J1

Ce visa concerne les stagiaires ou les diplomés de plus d’1 an et moins de 5 ans (environ). L’avantage de ce visa est qu’on peut le demander n’importe quand dans l’année. Par contre, il a une durée de vie d’1 an, renouvelable 1 an, et après t’es interdit de revenir bosser aux US pendant 2 ans. L’époux/se à le droit de résider aux US mais doit faire une demande spécifique pour pouvoir travailler (J2).

L1

Ce visa concerne les entreprises américaines ayant une filiale à l’étranger. Il suffit de travailler un an dans cette filliale pour pouvoir obtenir le visa L1 de façon sure, n’importe quand dans l’année, pour une durée maximale de 5 ans. L’époux/se à le droit de venir travailler (L2).

H1B

Celui pour lequel la majorité des gens postule (dont nous). Son obtention permet de bosser 3 ans aux US, renouvelable 3 ans. Il faut un bac + 5. L’entreprise paye entre 2000 et 3000 dollars de frais d’avocat + 1000 dollars de frais de visa + 1000 dollars pour une procédure accélérée (le premium h1b sponsorship). Avec la procédure normale, il faut compter 2 ou 3 mois pour avoir une réponse. Avec la procédure accéléré, il faut compter 2 semaines. L’époux/se peut venir résider aux US, mais n’a pas le droit de travailler (h4).

Problématiques :

  • L’attribution des visas H1B ne se fait qu’une fois par an. Le dossier de demande de visa doit être déposé par l’entreprise le 1er Avril, pour un début d’activité en Octobre. Il est donc conseillé de commencer à postuler en Octobre pour pouvoir espérer travailler 1 an après.
  • Les quotas : la limite de visa h1b attribuable par an est de 85000. Ca fait plusieurs années que le nombre de demandes dépasse largement le quota, un tirage au sort est donc fait. Selon des pronostiques, l’année 2015, sera la plus dure pour obtenir un visa : 50% de chance -prévision de 175000 demandes sur un quota de 85000.

Une fois le visa J1/L1/H1B obtenu, il faudra aller au consulat américain à Paris pour faire tamponner votre passeport.

Conclusion

Pour conclure, mission accomplie ! C’est moins compliqué que ce que l’on s’imagine quand on s’y met à fond.

Pour résumer, quelques tips pour mettre toutes les chances de votre coté:

  • S’y prendre 1 an à l’avance et signer votre contrat au plus tard fin février.
  • Changez votre ville sur linkedin : mettez San Francisco
  • Developpez vos compétences, et ce de façon publique : contributions open source, développement d’une application, d’un site web avec code sur github, blog, presentations à des meetup
  • Utilisez votre réseau si vous pouvez pour avoir un premier contact
  • Envoyez vos candidatures en masse. Ajoutez de bonnes lettres de motivation personnalisées uniquement pour vos boites favorites.

Eugen et moi commençons à travailler pour nos boîtes américaines début Février en tant que freelance en France, le temps d’obtenir le visa.

Suite: installation aux US

Related posts

--

--