Dorénavant, je publie mes articles sur mon blog nilslesieur.fr
Un weekend chez les parents, au mois de Juillet, est, pour moi, souvent synonyme de tables de jardin, de farniente (voir de régression totale), de cris d’enfants… Au milieu de ces moments adorables de détente, naissent parfois des discussions sur mon travail de coach, sur les équipes et les structures que j’accompagne.
Mon papa, à la retraite, aime écouter les anecdotes qui rythment mes journées, l’esprit benext, les grandes lignes qui nous guident… qui me guident. Lors d’une récente discussion, nous avons abordé la notion de groupe, ce qui fait qu’un groupe est un Groupe.
Il lui vient une question : “Comment fais-tu quand un membre quitte le groupe ? Qui reprend son travail ?”. Je réponds quelque chose de simple comme “le Groupe s’organise et se répartit ses tâches”. Sa reformulation m’a sorti du sucre du week-end : “Quelqu’un dit : ‘Toi, tu reprends ça. Toi, tu fais ceci. Et toi le reste.’ ?”.
“Oui, ça peut se passer comme ça ou ils se demandent ensemble qui reprend quoi et s’attribuent chacun des tâches”
“Mais si une personne ne veut pas ?”
“Ah, ça peut arriver. Mais est-ce passager, conjoncturel ? Peut-être. Ça, cette personne doit pouvoir l’expliquer au Groupe.”
“Mais peut-être pas du tout, elle ne veut juste pas faire ces nouvelles tâches car ce n’est pas à elle de le faire, car elle n’est pas payée pour le faire…”
“Oui. Ça aussi ça peut arriver.”
Je sens bien que mon père revit des situations vécues, oubliées qui refont surface. Des situations de gestion des congés d’été par exemple : suite à une note de service, il faut s’adapter. Si tout le monde acceptait de prendre 3 semaines (au lieu de 4), chacun peut partir à la date souhaitée mais que si seulement une personne prend 4 semaines, ça ne fonctionne plus. Il les revit avec ses souvenirs de chef quand les personnes de ses équipes venaient le voir en disant “Je ne ferai pas ton truc”.
“Mais ce n’était pas TON truc” lui dis-je. “C’était le truc du groupe. Juste parce que tu as une idée, qui semblait remporter l’adhésion du groupe, c’était ton truc ? Non. Peut-être aurais-tu pu (dû?) le faire émerger, le co-construire avec eux… mais ça c’est autre chose”. Je laisse un blanc (non comblé ;-) ) et rajoute “Cette personne est allée voir le groupe pour dire qu’elle n’était pas d’accord ?”
Réponse aussi laconique que rapide “Non !”
Sans doute moins facile d’aller expliquer à ses compères, collègues qu’elle ne ferait pas le truc auquel tout le monde semblait adhérer.
La personne avait peut-être de très bonnes raisons (ou pas) de refuser l’évolution proposée. Peu importe. L’expliquer au groupe aurait sans doute été bénéfique, aurait aidé à se construire en tant que Groupe. Les avis auraient sans doute divergé. Et alors ? On apprend aussi (surtout ?) des avis avec lesquels nous ne sommes en accord. Un Groupe l’aurait sans doute fait : parler des choses qui fâchent, difficiles à dire, à entendre…
Il y a, chez un Groupe, quelque chose d’impalpable qui fédère, qui fait qu’il est plus que la somme des individus qui le composent. Une sorte de communion, en aucun cas synonyme de bonheur mauve ou de facilité permanente. Tout le monde le ressent : l’équipe en question, les équipes autour aussi. Vous avez sans doute déjà entendu : “Oui mais eux c’est pas pareil… Ca marche parce que c’est eux.”
Nous continuons à échanger, à perdre le fil, à le reprendre, j’oublie aussi des passages.
Puis, mon père ajoute “ça me déstabilise ces discussions car je me rends compte d’un autre possible, que j’aime bien cette façon de penser. Et en même temps, elle me réconforte car j’ai essayé des choses qui allaient dans ce sens.” et conclue ses pensées par “mais ça doit déstabiliser du monde ?”
Touché.
J’aurai pu lui parlé des managers des équipes qui se responsabilisent lentement mais sûrement, des nouvelles tâches qui les attendent, de la nouvelle posture à acquérir. Mais non, je lui ai parlé des personnes que l’on responsabilise et qui n’en ont pas forcément l’habitude, pour qui la figure du chef Totem était synonyme de décisions unilatérales, descendantes mais aussi de confort, du “J’ai fait ce que l’on m’a demandé”…
Dans mes accompagnements, je pars du principe que je travaille avec des personnes intelligentes, que tout le monde est à même de réfléchir à ce qu’il convient de faire dans les situations, chef, manager ou pas. (Cette phrase est sans doute à moduler en fonction du niveau de responsabilité, de l’expertise, des compétences… mais là n’était pas le débat)
Comme souvent, nos discussions ne peuvent se terminer sans évoquer des anecdotes sur le sport, là nous avons fait dans le classique : les All Blacks. Ils ont quelques règles écrites (pour plus d’explicite). Celle dont nous avons parlé est simple : “No Dickheads”, en gros pas de place pour les connards ! Il ne suffit pas d’être un très bon rugbyman pour intégrer cette équipe mythique au taux de victoire élevé (77% depuis leur création en 1903. source wikipedia) mais il faut être un homme bon. Les tâches collectives sont des tâches de groupe, c’est donc au Groupe de les assumer y compris balayer le vestiaire.
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