Marion Van Renterghem : L’humain avant tout.

Thomas Noa
3 min readNov 25, 2019

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A la manière d’un grand peintre du XVIe siècle, la plume de Marion Van Renterghem a su fasciner aussi bien ses lecteurs que la critique (prix Albert Londres, prix Françoise Giroud du Portrait, prix Varenne ...). Cette Grande reporter depuis plus de 30 ans au Monde ou chez Vanityfair sait mieux que personne partir de l’humain afin de nous faire découvrir le monde.

Marion Van Renterghem — photo Ph.MATSAS/STOCK

Dans beaucoup de vos portraits, on rencontre des gens « transparents », des hommes et des femmes du quotidien. Le portrait est-il un moyen de créer une aquarelle plus vaste du monde ?

Marion. V.R : Exactement, c’est un peu ma démarche journalistique. Au lieu de partir de grandes structures, je préfère partir d’en bas, puis essayer de déduire et de comprendre le monde. L’humain, c’est ce qu’il y a de plus important. Donner des visages, essayer de comprendre ceux qui ne pensent pas comme moi. Ce sont leurs histoires, leurs souffrances, que je trouve passionnantes. Evidemment, une personne ne représente pas l’Histoire, c’est une mosaïque, un aperçus par l’humain. On ne va pas se mettre à faire quelque chose de scientifique.

Vous êtes l’auteure de deux biographies de femmes politiques : Angela Merkel et Valérie Pécresse. Souhaitiez-vous ici faire un focus sur les femmes, les « grandes oubliées de l’Histoire » ?

Marion V.R : Je ne me suis pas intéressée à Angela Merkel parce qu’elle était une femme, mais ça a quand même joué, car je trouve que la fascination qu’elle exerce sur moi a plein d’aspects. Valerie Pécresse, on me l’a proposée. Ses valeurs ne me dérangeaient pas, et puis c’était une femme en politique, une combattante au milieu des misogynies. Une femme qui s’est battue dont le parcours est très loin de l’image versaillaise qu’on lui prête.

Quel a été votre portrait le plus difficile ?

Marion V.R : C’était un portrait de Jean Dujardin. Il venait d’avoir l’Oscar, c’était un personnage sans défaut qui avait une espèce de destin incroyablement sympathique, que tout le monde aimait, qui réussissait tout. Et là, je ne savais pas comment faire. Puis, à un moment, j’ai vu un défaut : il avait une canine de travers (rire). Enfin, il y avait quelque chose ! Et il y a eu comme ça des petits éléments avec lesquels j’ai essayé de tracer le peu que j’avais compris d’un personnage, un peu plus ambigu. Je sais que j’avais vraiment souffert avec ce portrait !

Dans Mon Europe : je t’aime moi non plus (mai : 2019, Stock édition) on lit pour P. Ricard « le souvenir d’une Européenne » . Cette fois, le journaliste se fait-il l’historien ou le témoin du présent ?

Marion V.R : Je me suis rendue compte en avançant dans ce livre que, j’ai commencé le journalisme il y a 30 ans. Ca fait 30 ans que je voyage beaucoup en Europe à la fois par plaisir et intérêt personnel. Et donc, je me suis tout d’un coup rendu compte que cette histoire personnelle correspondait à un cercle historique. C’est vrai que le livre a pris forme avec cette révélation.

Noa Thomas

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Thomas Noa
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Journaliste en formation a l’IJBA.